crédit photo: Morgane Dambacher
The Lemon Twigs

The Lemon Twigs au Bar le Ritz PDB | Les sixties au rendez-vous

Parfois salle, tantôt boîte de nuit, le Bar le Ritz PDB avait déployé ce mercredi sa formule concert, en accueillant le duo new-yorkais The Lemon Twigs. Les deux prodiges de l’indie ont livré une performance remarquable et réussie, aux apparences d’une sincère lettre d’amour musicale envers le rock des années 60 et 70.

Non, contre toute attente, ce n’était pas des baby-boomers nostalgiques qui composaient le public, mais essentiellement des vingtenaires à tendance hippie, hipster, bref, une jeunesse dans le vent.

Comme un saut dans le passé

Vers 21h, The Lemon Twigs débarque enfin sur scène; il faut avouer que l’entrée ne s’est pas avérée spectaculaire ou inattendue, Michael et Brian D’Addario étant venus accorder leurs instruments et préparer le matériel sous le regard de la foule quelques minutes plus tôt.

Tel un vieux groupe de rock du siècle dernier, The Lemon Twigs compte essentiellement sur sa musique pour épater : absence d’éclairage (si ce n’est que les deux lumières bleues immobiles), une sonorisation forte, très forte – l’acouphène a persisté plusieurs heures après être sorti –, et une présence scénique incomparable pour leur âge.

Entre cette mosaïque de bandes colorées caractéristique du Ritz, les D’Addario entament cette performance d’une manière assurée par The One, tiré de leur troisième album studio Songs for the General Public.

S’ensuit le titre In My Head, de leur plus récent album, Everything Harmony, paru il y a peine une semaine, à la mélodie accrocheuse rappelant les compositions d’un certain Brian Wilson.

Là se retrouve la force de The Lemon Twigs : tel un hommage au passé, les influences sont présentes et indéniables, seulement, le duo parvient malgré tout à produire un univers distinct, propre à eux-mêmes, frais.

Au vu de leur musique, certains pourraient dire que la paire est née à la mauvaise époque, d’autres plus avertis que ces derniers ont été élevés dans un environnement propice à une éclosion artistique; leur père, Ronnie D’Addario, lui-même auteur-compositeur-interprète, a permis à Brian et Michael d’apprendre à jouer et chanter dès l’enfance.

Les deux jeunes frères (26 ans pour Brian, et 24 du côté de Michael) se révèlent être des multi-instrumentistes plus que doués, alternants tous deux entre la guitare, la batterie et la basse au long du concert.

Tandis que Brian D’Addario échange davantage avec le public, Michael s’accorde quant à lui sauts acrobatiques, levées de jambe, solos effrénés. Bêtes de scène, le tandem y met toute son âme, sans exagération.

De leur nouveau projet sont également joués Any Time of Day, Ghost Run Free ou encore le cynique Every Day Is the Worst Day of My Life – une musique entraînante accompagnée de paroles déprimantes, comme Stromae a su les assortir sur Racine carrée, par exemple.

Everything Harmony, premier album pour The Lemon Twigs en presque trois ans, explore les moments d’isolements et de dépression causés par la pandémie, en procurant au même titre des morceaux davantage légers.

Entre des interprétations plus rock de leur répertoire et certains arrangements transformés, le duo ne s’arrête pas dans cette lancée de références à leurs idoles : Michael et Brian partagent durant un morceau un seul micro, à la manière d’un duo McCartney-Harrison des débuts de vous-savez-qui, et interprètent de même vers le milieu du concert la chanson I’ve Got Something on My Mind, du groupe des années 1960, The Left Banke.

En termes de plus grand succès de la soirée figure sans surprise I Wanna Prove to You, cumulant presque 10 millions d’écoutes sur Spotify.

Un rappel intimiste

Arborant un tee-shirt marqué d’un simple « oui » (un indépendantiste refoulé?), Brian D’Addario revient, après des « olé, olé, olé » de plusieurs, seul face au public, une guitare acoustique à la main.

La performance vocale de l’excellent When Winters Come, pourtant complexe, est parfaitement maîtrisée, et s’ensuit Corner of My Eye, chanson qui n’aurait honnêtement pas fait tache sur Rubber Soul ou un projet quelconque de Simon and Garfunkel. Le reste des musiciens regagne la scène pour finalement clore la soirée, avec As Long As We’re Together.

Petite perle du glam rock et de l’indie pop, The Lemon Twigs ne récolte définitivement pas le succès qu’ils méritent : on a le droit de se questionner, peut-être qu’il y a 50 ans, cela aurait été différent?

Josephine et son réseau

En première partie ont performé Josephine, artiste à l’apparence atypique et androgyne, et une demi-douzaine de musiciens sous le nom de Josephine Network.

Loin de révolutionner les codes de la pop ou du rock, la formation a malgré tout proposé une trentaine de minutes sympathique au public. Leurs créations demeurant moins inspirées que celles du duo fraternel, Josephine Network donne l’effet d’un « on l’a déjà entendu par avant, mais on ne va pas s’en plaindre pour autant ».

Mention au chanteur, ayant franchement donné l’impression d’être sous l’effet du speed pour l’entièreté de la première partie, à la droite de Josephine, qui est quasiment parvenu à voler la vedette en jouant du tambourin et du jam block motivé comme nul autre.

Photos en vrac

 

Josephine Network (première partie)

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