crédit photo: Morgane Dambacher
Squid

Squid au Club Soda | Un rock captivant plein de tensions

C’est avec plaisir que l’on retrouve le post-rock éclaté de Squid après une prestation remarquée au Ritz PDB en mars 2022. Le concert était initialement prévu à la SAT, mais les travaux qui sont toujours en cours ont obligé l’évènement à se déplacer un peu plus haut sur Saint-Laurent, au Club Soda. Ce qui est une bonne chose finalement, car le Club Soda est très bien rempli et on y dispose d’un meilleur champ de vision et d’un bien meilleur son.

La formation britannique originaire de Brighton est particulière avec deux guitaristes principaux, Louis Borlase et Anton Pearson. Laurie Nankivell est un trompettiste très présent avec un son qui rappelle parfois Erik Truffaz. Les trois musiciens se partagent le rôle de bassiste suivant les titres. Tout à gauche de la scène, il y a Arthur Leadbetter, le claviériste percussionniste. À l’avant centre est placé le set de batterie d’Ollie Judge qui officie également comme chanteur principal.

Portant fièrement un chandail de Suun avec une casquette rivée sur sa tête, le charismatique batteur-chanteur est loin de rester coincé derrière son micro et ses fûts. Il se lève régulièrement pour occuper l’espace disponible et interagir avec le public. Ses comparses ont une présence plus effacée, mais livrent des arrangements très fouillés et originaux avec une belle aisance technique, le tout avec une grande cohésion.

Si Bright Green Field, le premier album du groupe sorti en 2021, était bien énervé, les compositions du deuxième album O Monolith (juin 2023) sont un peu plus posées et matures. On perd d’un côté et gagne d’un autre. Certains titres regardent vers le prog, parfois avec une ambiance à la Einstürzende Neubauten. Sur scène, Ollie Judge pousse moins sa voix qu’avant et possède un jeu plus retenu qu’au concert du Ritz.

Le groupe propose un long titre atmosphérique où l’ambiance s’installe tranquillement et capte toute l’attention du Club Soda, avant de terminer plus tranquillement avec les instruments qui descendent dans les graves. La machine est relancée avec l’excellent titre Paddling et son mantra Don’t push me in qui monte en puissance au long des répétitions.

Le groupe termine plus tranquillement avec The Blades et sa partie finale bien tranquille pour nous souhaiter une belle nuit, après une prestation de qualité qui a tenu le public en haleine et a fait bouger tout le monde de façon plus ou moins expansive.

Ce soir, c’est un concert plus posé et précis qu’il y a deux ans, mais un groupe plus fort dans son ensemble. Le rock singulier de Squid est efficace et plein de tensions. Il sait séduire avec ses arrangements particulièrement recherchés et originaux. On se replonge aussitôt avec plaisir dans leur dernier opus O Monolith pour rester dans l’atmosphère du concert.

 

Water from your eyes = ennui

C’est le groupe Water from your eyes en première partie. Composé du duo Rachel Brown (chant) et Nate Amos (guitare bruyante), ils présentent leur dernier album, Everyone’s Crushed, sorti en mai 2023 aux accents art rock. Sa version remixée Crushed By Everyone est sortie six mois plus tard. Sur scène, s’ajoutent au duo, un batteur et une deuxième guitare ainsi que de nombreuses parties préenregistrées.

Plusieurs bâillements ont ponctué les 45 minutes de concert. Il faut dire que Brown offre une performance vocale très limitée avec un détachement calculé, rapidement pénible, et dispose d’un filet de voix toujours sur le bord de fausser. Quelque part entre Kim Gordon et Billie Eilish en moins convaincant et avec une absence de charisme sur scène. Il y a également beaucoup de parties voix / guitare jouées à l’unisson, ce qui laisse toujours planer un doute sur les habiletés vocales. Sur certains titres, on retrouve l’influence du rock avec machine du Manchester des années 1990.

Le son du groupe n’est pas particulièrement agréable, les guitares sont bruyantes et perçantes, la batterie semble compressée et loin dans le mix, les synthés et la boîte à rythmes préenregistrées sonnent bas de gammes. Les morceaux se terminent le plus souvent abruptement, comme si le besoin d’avoir à proposer une fin travaillée ne s’était pas fait ressentir lors de la composition. Et il y a aussi cette énervante piste à base de coups de grosses caisses très rapides qui occupe tout l’espace entre chaque morceau.

L’attention monte d’un cran lorsque Brown entonne les paroles Ready? Go, one, two, three, four pour une reprise du titre Little Trouble Girl de Sonic Youth tiré de l’album Washing Machine (1995), une version qui semble plaire au public du Club Soda.

 

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