Simon Gouache

Simon Gouache à l’Olympia | Sublimer l’ordinaire

Simon Gouache est actuellement en tournée à travers le Québec pour présenter son troisième spectacle, LIVE. L’humoriste a ravi Sors-tu? lors de son passage à l’Olympia de Montréal le mois dernier à travers un rythme maîtrisé et une authenticité loin du cliché.

Simon Gouache intrigue. En tout cas, son récent spectacle intrigue. Les affiches dans le métro vantent les mérites de ce troisième one-man-show, le qualifiant de « presque parfait ». Peu de surprises au niveau promotionnel, mais les critiques vont dans le même sens. La Presse a attribué la très haute note de 9/10 au spectacle de l’humoriste en février 2023, à la première de LIVE.

Et pourtant, on n’entend pas parler de Gouache comme on entend parler de Martin Matte ou de Louis-Josée Houde, l’humoriste derrière LIVE n’a pas encore pris place parmi le gratin des comiques les plus populaires de la province.

Que vaut son spectacle, alors?

 

Tricoter dans les décalages

Après une première partie correcte et sympathique, un peu molle, assurée par François Boulianne, Simon Gouache gagne la scène et livre d’emblée son meilleur matériel, porté par une fluidité et un débit exemplaires. Entre son deuxième et son troisième spectacle, Gouache est devenu père, il a accueilli deux êtres chers dans sa vie. Maintenant obligé de se lever tôt pour s’occuper de ses enfants, il a découvert dans cette nouvelle réalité un « deuxième matin », celui des boulangers, mais surtout le bonheur de Salut Bonjour (diffusée tellement tôt qu’il estimait par avant que l’émission n’existait pas réellement, qu’elle ne représentait qu’une simple légende urbaine).

L’entrée est matière est drôle et particulièrement efficace, Simon Gouache ne donne aucun répit à son public tant le texte coule bien. L’humoriste avoue également dans les premières minutes qu’il a récemment quitté sa ville natale de Montréal pour s’installer en banlieue, et qu’il semblait avoir pris du « retard sur la game ».

Un citadin désemparé, un premier décalage amusant; son spectacle contiendra pourtant énormément d’écarts brillamment racontés par Gouache. Un décalage entre les époques traduit à travers une conversation avec son grand-père (« C’est inévitable, on va vivre beaucoup de nouveautés dans notre vie », dit-il), un autre avec sa conjointe du Saguenay, qui tient des coutumes de sa région et des goûts différents. L’humoriste s’aventure également dans le décalage entre les hommes et les femmes, prenant comme exemple la propreté des toilettes publiques de chaque genre pour vitaminer son sketch sans tomber dans le cliché absolu.

À 38 ans, Simon Gouache parvient astucieusement à raconter la réalité d’un trentenaire ne sachant pas toujours où se placer, souvent sous le signe de l’autodérision. La trentaine, un âge cruel et souvent oublié, entre la naïveté de la vingtaine et la maturité de la quarantaine. Gouache montre un visage humain, mais sans forcément jouer la carte du « regardez, je suis comme vous! » d’un artiste désabusé. Simon Gouache est vraiment comme nous, et c’est à son avantage.

LIVE est assez personnel pour sortir de la salle en se disant qu’on a réellement appris à mieux le connaître, mais assez pudique à la fois pour ne pas brimer son intimité, sa nouvelle réalité de père de famille.

Simon Gouache apporte un regard intéressant sur l’intemporalité du divertissement, soulignant le fait que l’humain a toujours réussi à se divertir, notamment il y a 2000 ans dans les théâtres grecs, et qu’il se renouvelle sans cesse à travers d’autres formes d’art. « Merci d’avoir pris une chance d’aller me voir sans forcément savoir à quoi s’attendre », dit-il. Le public en a eu pour son argent, certainement.

Après une entrée absolument fracassante, LIVE devient peu à peu moins rythmé, mais plus de plus en plus réfléchi malgré tout. Gouache ne tombe pas dans la vulgarité facile, et avoue lui-même qu’il préfère se tourner vers d’autres avenues. « C’est pas le genre d’humour que je veux faire », dit Simon Gouache après avoir entamé une blague un peu plus vulgaire que le reste du contenu de son spectacle (un sketch qui serait tout de même apparu comme trop gentillet dans un spectacle de Mike Ward ou de Christine Morency, pour mettre en perspective la chose).

Après 1h40 de performance, Simon Gouache se mérite une ovation debout de la part de l’Olympia.

Un humoriste réellement talentueux et qui est parvenu à livrer un spectacle authentique, retranscrivant habilement cette traversée incertaine dans le brouillard de la vie de famille et de l’aube de la quarantaine. Simon Gouache jouera encore une quarantaine de fois son spectacle jusqu’à novembre 2024, la majorité des représentations étant des supplémentaires. Le bouche-à-oreille aura fonctionné pour lui.

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