Sarah Dell'Ava

Sarah Dell’Ava présente Or à TANGENTE | Chercher le geste (et son désir de le poser)

Du 14 au 22 septembre, Tangente accueille l’artiste Sarah Dell’Ava et son projet spécial Or, qui s’inscrit dans le polyptyque chorégraphique Oriri-Orir-Ori-Or-O. Les spectateurs sont invités à plonger autant de temps et de fois qu’ils le souhaitent dans cet espace partagé, ouvert 4h par jour pendant neuf jours et qui peut être vécu de différentes façons. Cette chambre de papier sera recouverte de peintures de l’artiste et légèrement sonorisée par des sons de vie qu’elle enregistre depuis plusieurs années.

« Pour moi quand on dépasse les 3h, il n’y a plus de limitation. L’idée du 4h est d’avoir un temps non figé, poreux, qui a une forme d’indétermination, sans restriction », confie l’artiste qui souhaite offrir aux visiteurs un espace sans contrainte temporelle où chacun pourra contempler, s’interroger, s’abandonner, ressentir ce dont il a besoin.

Composée de peintures nées de la nécessité intérieure, cet espace dans lequel Sarah Dell’Ava évolue invoque le partage d’une pratique qui passe par la peinture ou le mouvement. Il n’est pas question ici de chercher à communiquer quelque chose en particulier mais plutôt d’observer ce qui émerge lorsque l’on écoute sa nécessité intérieure, d’essayer de comprendre d’où vient le désir de poser un geste avec son corps. Le spectateur devient alors témoin de quelqu’un qui cherche le geste, dans une pratique du donner-recevoir. « Je vais pouvoir me laisser influencer par la présence des gens, dans cet espace où je me donne la permission d’être vraiment en présence de ce qui a besoin d’être bougé sur le moment et de voir quelles limites il est possible de franchir ou non. La recherche du mouvement passe par l’écoute de l’essence des visiteurs ».

 

Les sages mots de Haldas

Sarah Dell’Ava puise son inspiration chez l’écrivain suisse Georges Haldas qui a écrit « Il s’agit moins de faire une œuvre que de retrouver la Source ». Fascinée par le mot Oriri, qui signifie à la fois « naître » et « se naître », « élancer hors de » et « s’élancer hors de », tout en suggérant une dynamique de jaillissement, l’artiste a choisi pour son polyptyque d’ôter une lettre pour chaque phase du projet jusqu’à arriver au O, le symbole du rien et du tout, du néant, de la vacuité et de l’unité. « J’aspire à rentrer en relation avec mon intuition de l’art, et par sa pratique, retrouver la source qui nous fonde, ce goût de la vie, du vivant en moi et en nous, dans le fait de partager un espace-temps. Il y a une certaine quête de la source de vivre, quête de transformation, tout en essayant de se mettre dans un état de poésie ».

Parmi ses autres pratiques quotidiennes, Sarah Dell’Ava enregistre des moments de vie qu’elle décrit comme des cartes postales sonores. Avec la collaboration d’Olivier Girouard, ils ont sélectionné les sons les moins inductifs possibles au niveau thématique afin de garder tous les possibles ouverts pour les visiteurs. Cette délicate présence de ces poèmes sonores sera un autre moyen pour les invités de se plonger dans cet espace de contemplation et de méditation.

Par sa pratique du mouvement authentique, une approche où l’on écoute la nécessité du corps, l’artiste s’interroge sur des questions fondamentales à son art. Est-ce que cette écoute du monde intérieur peut communiquer quelque chose à autrui ? Est-ce que l’intériorité en mouvement peut faire art ? Peut-elle être communicante, partageable ? Il lui est primordial de mettre au centre de ses recherches l’écoute de l’autre dans un temps sans contrainte. Attentive aux autres, elle aspire à un partage et une communication à autrui de l’état de réceptivité, dans lequel chacun deviendrait disponible à ce qui va surgir à l’instant. Par l’empathie naturelle qui nous habite, elle souhaite nous amener à nous interroger sur ce qu’il se passe en nous au contact de ces poèmes sonores, visuels, gestuels. Se mettant dans une posture d’accueil, Sarah Dell’Ava propose de redonner une place centrale à l’intuition et de savourer les moments d’être ensemble, alors que la société d’aujourd’hui a plutôt tendance à nous éloigner les uns des autres. Tout est question, finalement, de faire prendre conscience à chacun que l’art n’est la propriété de personne et peut être partagé par tous.


* Cet article a été produit en collaboration avec Tangente.

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