Peter Gabriel et le New Blood Orchestra à Montréal: État de grâce

Jeudi 29 avril 2010 – Centre Bell (Montréal)

Même bien avertis, les fans de Peter Gabriel ont eu droit à une soirée pour le moins déroutante ces deux derniers soirs au Centre Bell.

L’ex-leader de Genesis, devenu un artiste solo marquant au cours des 25 dernières années, présentait à Montréal sa tournée « The New Blood Tour».

À des miles des prestations éclatées dotées de mises en scène extravagantes auxquelles le vieux routier nous avait habitué, cette nouvelle tournée propose une facture « symphonique» : ni guitare, ni batterie, mais plutôt un orchestre de 54 musiciens et un ton envoûtant (quoique parfois grandiloquent) qui se rapproche davantage d’un concert de musique classique que d’un spectacle rock.

Le visuel se faisait plus discret qu’à l’accoutumée mais les 3 écrans lumineux au fond de la scène et celui qui sert de mur ascendant entre l’orchestre et le chanteur fournissent tout ce qu’il faut pour bonifier l’expérience (à l’exception d’une étonnante animation loufoque de bonhommes allumettes pour The Book of Love).

Introduction

Sans tambour ni trompette, Peter Gabriel s’est d’abord pointé sur scène pour lire, en français, une introduction à son spectacle avant de présenter  Ane Brun, une chanteuse britannique qui a offert la première partie la plus courte jamais recensée : 2 brèves chansons, un point c’est tout.

Heureusement, la dame allait revenir nous enchanter de ses talents vocaux à titre de choriste tout au long de la prestation de Peter Gabriel.

Scratch my back en intégral

La prestation de Gabriel fut d’abord constituée d’une interprétation de son plus récent album Scratch My Back, un album de reprises de titres d’artistes variés dans un enrobage symphonique.

Dans l’ordre exact du disque, Gabriel et le « New Blood Orchestra » ont livré les 12 chansons avec minutie. Force est d’admettre que les versions endisquées paraitront désormais bien pâles après avoir vécu Après Moi de Regina Spektor, Heroes de Bowie, The Listening Wind des Talking Heads, Mirrorball de Neil Younget la très intense relecture de My Body Is A Cage d’Arcade Fire en chair (de poule) et en os!

Toujours rien à faire toutefois pour la reprise de Street Spirit (Fade Out), que maudiront à jamais les fans de Radiohead.

Son répertoire version orchestrale

Puis, après une entracte, Peter Gabriel est revenu avec des relectures de plusieurs de ses succès.

La foule s’est particulièrement animée pour les rythmées «Digging in the Dirt», «Downside-Up »  et bien sur, le classique «Solsbury Hill».

D’autres moments plus poignants comme la délicate «Mercy Street» et «Don’t Give Up» nécessitaient moins de remaniements au niveau des arrangements, mais furent tout de même enivrants en raison de la livraison vocale sans tache du chanteur sexagénaire.

Sous la baguette de Ben Foster, l’orchestre effectuait un travail colossal et se retrouvait à être la star de la soirée presque autant que Gabriel lui-même.

Plusieurs se rappelleront longtemps de cette enlevante relecture de l’exotique «The Rhythm of the Heat» (avec une chute dramatique en crescendo), ainsi que l’élégante pièce instrumentale qui clôturait cette soirée toute en grâce et en finesse.

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