Orelsan

Orelsan au MTELUS | L’assurance des mots justes

Remplissant le MTELUS dans le cadre de sa tournée nord-américaine, le rappeur Orelsan a prouvé hier soir pour la première de ses deux dates montréalaises que même outre-Atlantique, son aura est désormais ancrée dans le paysage du rap francophone. Assez pour délaisser le Club Soda qu’il a connu il y a cinq ans. Derrière son supposé flegme, le Français aura offert une prestation sidérante et assurée après avoir déjà séduit Québec.

 

 


 

S’il s’impose aujourd’hui comme le meilleur représentant du rap français (à lire : l’entrevue de notre collaborateur Pascal Sain), c’est parce que Orelsan a cette faculté de rendre la simplicité du mot en une véritable arme fatale. Générant un enthousiasme sans précédent autour de sa personne, le natif d’Alençon aurait sûrement pu prétendre à plus mais l’espace confiné de la mythique salle montréalaise aura opéré comme un parfait lieu d’expression tout au long de la soirée d’hier.

Après une première partie enjouée assurée par Shirazee, c’est au tour d’Aurélien Cotentin (de son vrai nom) de s’inviter sur scène. Il est alors 21h et le public est déjà en transe. Comptant sur une discographie particulièrement riche de sons et de mots, le trentenaire jouera finalement une heure trente, pour le plus grand bonheur d’un public majoritairement d’origine française.

 

« Vous n’avez pas les bases ! »

Dans le MTELUS, il se murmure des « Aurélien, une chanson » (référence à Défaite de famille) provenant des discussions, parfois basiques, du public montréalais. Puis, tapissé dans l’ombre, Orelsan tel un messie sous un clair faisceau lumineux. Le Normand s’avance sur un promontoire face au public. Son flow est limpide, clair et efficace : la chanson San est entamé. Il sera ensuite rejoint par ses quatre musiciens, dont son réalisateur de toujours Skread qui fêtait son anniversaire.

Habillé d’un training noir et blanc avec casquette vissée sur la tête, Orelsan fait vite monter la température en abordant sans équivoque Basique. Déjà un premier moment de grâce pour le Français qui se réjouit de sa venue à Montréal et ne manque pas de chambrer son public en le comparant à celui de Québec. « Vous n’avez pas les bases » s’écrit-il avant de recommencer son morceau dans une ambiance déjà électrique !

 

Un public connaisseur

Orelsan sent sûrement que son public n’est pas de la dernière pluie. Face à un public connaisseur qui reprend avec aisance les strophes issues des trois albums solo du Français, il n’y a pas d’étonnement à ce que Différent ou Jimmy Punchline soient jouées. Le public retrouve ici toute la hargne qui accompagne les textes crus d’Orelsan lorsqu’il publiait son premier disque Perdu d’avance en 2009. Près de dix années qui auront permis à Orelsan de devenir un artiste accompli avec un prix Victoire de la Musique à la clef pour son dernier disque La fête est finie paru il y a un an. C’est de cet album que la majorité des titres de ce concert seront joués, dont l’excellente La Pluie qui propose des textures musicales incisives grâce notamment à l’apport du batteur Manu Dyiens. Il ne manquait plus que Stromae pour frôler la perfection…

S’en suivront la percutante Zone puis Dans ma ville, On Traîne dont la montée en puissance instrumentale permet au public montréalais de vivre un jouissif concert rap-rock bienvenue! Ça nous change d’un DJ set sans trop de saveur.

Taquin, Orelsan feinte de déjà quitter la scène avant de revenir amusé pour présenter les musiciens qui l’accompagnent sur scène. Il enchaînera avec Bonne meuf / Adieu les filles et la dansante Christophe dans laquelle le rappeur en profitera pour jouer avec son public qui s’accroupira pour mieux se relever dans une ambiance totalement folle !

 

Un nouveau partisan en ville

Parlant d’ambiance, elle ne retombera pas de sitôt puisque la seconde moitié du set offrira des moments épiques. Il y aura d’abord la populaire Défaite de famille qui montre un Aurélien Cotentin se grimer en personnages grossiers sur l’écran géant en arrière. Ensuite, ce sera ce doux moment avec J’essaye J’essaye qui adoucira le public grâce à des paroles profondes que l’on découvre aussi dans la suivante Tout va Bien. Puis plus tard, l’enlevée Quand est-ce que ça s’arrête excitera la foule qui s’enthousiasmera ensuite pour Raelsan ou Le chant des sirènes, deux titres du deuxième album qui viennent à rappeler qu’avant l’apothéose de La Fête est finie résidait déjà chez Orelsan du contenu dingue.

Il terminera son set par Notes pour trop tard, une longue confession qui transforme le MTELUS en une cathédrale silencieuse dont l’écoute religieuse fait communier l’artiste avec son public une dernière fois… ou presque.

Sous une ovation plus que méritée, Orelsan reviendra, chandail du Canadien sur les épaules, interpréter la touchante La terre est ronde devant un public conquis qui chante le refrain à pleins poumons. Un bain de foule plus tard, il reprendra La fête est finie avant de conclure une dernière fois sur son titre phare qu’est Basique. Et cette fois, le public aura acquis les bases !

Orelsan sera de nouveau sur scène au MTELUS ce soir (samedi). Le spectacle affiche complet.

 

Liste des chansons

  1. San
  2. Basique
  3. Différent
  4. Jimmy Punchline
  5. Courez Courez
  6. La Pluie
  7. Zone
  8. Dans ma ville, on traîne
  9. Bonne meuf/Adieu les filles
  10. Christophe
  11. Défaite de famille
  12. J’essaye J’essaye
  13. Tout va bien
  14. Quand est-ce que ça s’arrête
  15. Raelsan
  16. Paradis
  17. Le chant des sirènes
  18. Notes pour trop tard
  19. La terre est ronde
  20. La fête est finie
  21. Basique

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