Francouvertes

Les Francouvertes – Ronde 1 – Soir 4 | Someurland, P.A.P.A et Mathias Mental

Déjà, on est rendus à la semaine 4 de 7 des préliminaires de cette 18e édition des Francouvertes. Déjà, les 9 premières places du palmarès sont occupées. Déjà, cette semaine, trois participants de la cuvée 2014 ont été éliminés et n’auront pas la chance de se produire en demi-finales. Hier, P.A.P.A a su tirer son épingle du jeu, se hissant en 3e place, devant Gap Paquet. On ne peut en dire autant de Someurland et Mathias Mental. Compte-rendu de la soirée.

Someurland : de l’électrorock exploratoire

Photo par Pierre Bourgault

Photo par Pierre Bourgault

Projet solo d’Élaine Martin (Lo Ra, Amour à jeun), Someurland a ouvert cette quatrième soirée avec force, bidouillages et pointes de guitare électrique. Assistée du claviériste et sampleur François-Pierre Lue, l’artiste multidisciplinaire a présenté quelque huit pièces relativement courtes inspirées d’une peine d’amour qu’elle a vécue à l’été 2012.

Les textes, sans réinventer la roue, sont empreints d’une belle émotivité qu’elle peine à transposer sur scène… Elle nous semble coincée, malgré qu’elle ait pris davantage confiance en elle au fil de sa prestation. Le résultat peut sembler inconfortable ; son corps cherchant à se tailler une place dans l’espace, tout comme sa voix, d’ailleurs pas toujours juste. Élaine Martin est dotée d’une tonalité particulière, grave, un peu éraillée, comme brute, et on aimerait l’entendre davantage, cette voix-là. On respecte ses expérimentations vocales, on salue son audace, même – autant que celle du projet, qui présente quand même de quoi de nouveau dans le paysage et ose différents styles —, mais on constate que l’ensemble demeure en phase exploratoire. Très authentique dans la démarche comme dans la présence, Someurland gagnera du galon quand elle perdra sa retenue. Parce qu’il y a de sacrés bons beats là-dedans en plus.

Liste des pièces :
Indigène
Excentriques Égoïstes
Coup de vent
Encore loin de toi
Épilogue
Juste un peu trop
Golden Bridge
Au vol

 

P.A.P.A. (Pas d’Argent, Pas d’Agent) : un rap politisé aux niveaux multiples

Photo par Pierre Bourgault

Photo par Pierre Bourgault

Parlant de beat, P.A.P.A. et ses deux acolytes n’ont d’ailleurs pas donné leur place ; leur rap politisé aux niveaux multiples a su mettre de l’ambiance façon Loco Locass dans le Lion d’Or. De l’ambiance… et du feu ! Dès le deuxième morceau, alors que le rappeur originaire de Québec présentait ceux qui partagent la scène avec lui, l’alarme d’incendie s’écrie, son micro s’éteint, les lumières du Cabaret s’allument. Il ne se démonte pas, il est juste surpris, il ne sait pas quoi faire : « Ben là, c’est quoi qui se passe, on continue-tu? » Il gère la situation avec zéro stress, reprend là où il a été interrompu, comme si de rien n’était, comme si c’était normal.

Ça donnait une bonne idée de l’attitude du mec sur scène, vis-à-vis de ce qu’il fait, de comment il le fait : sans se prendre au sérieux, avec beaucoup de cœur, d’énergie, d’authenticité aussi. Même, après s’être étouffé au cours de sa dernière pièce, il ne s’en est pas formalisé et a indiqué à ses comparses qu’ils allaient la reprendre. Encore une fois, impeccable dans sa nonchalance, soucieux de rendre sa toune telle qu’il la veut. On a aimé le personnage (qui était du collectif Feuilles et Racines aux Francouvertes en 2012), regardé le DJ du coin de l’œil, vraiment dedans depuis le début, et déploré qu’on n’entende pas plus l’autre MC, qui nous a semblé avoir une voix, ma foi, assez extraordinaire. Et on a pas mal hâte à la sortie du premier album de son projet solo Xtreme Centre.

Liste des pièces :
PFK Kid
Ouv’ un liv’
Alouette
PASHAW
Holy Molly
Bacon
Huxley

 

Mathias Mental : de l’« hipster pop » francophone

Photo par Pierre Bourgault

Photo par Pierre Bourgault

On nous annonce un trio de Montréal : sur les planches, ils auront été quatre à nous balancer de l’« hipster pop » aux textes tendres. Habiles ensemble, ils nous paraissent ayant parcouru un bon bout de chemin aux côtés l’un de l’autre ; la machine est bien huilée. Rien de particulièrement original ou nouveau sous le capot : on pense parfois à Peter Peter, d’autres à Jimmy Hunt, à un moment à Philémon, ou à Gustafson… Hipster, vous dites? Qu’on se le dise, c’est surtout très pop, à part pour la pièce Les mensonges, les mensonges, résolument un peu plus rock (sur scène, du moins…). Si les chansons qu’on a entendues étaient toutes dans la langue de Molière, Mathias Mental prévoit un album complet dans les deux langues officielles. On a eu droit à une nouvelle chanson « en première mondiale », inspirée par les frasques du protagoniste principal chez le dentiste, qui « voulait lui driller dans yeule pendant un mois ». Malheureusement, ça n’aura pas été assez pour conquérir le public et le jury de cette quatrième soirée du concours-vitrine.

Liste des pièces :
Les yeux fermés
Les femmes de mon âge
Le mouvement de la vague
Comme un cheval alezan
Les mensonges, les mensonges
Si j’étais un marin

 

Palmarès – Semaine 4

1) Joëlle Saint-Pierre
2) Philippe Brach
3) P.A.P.A (Pas d’Argent Pas d’Agent)
4) Gab Paquet
5) Maison Brume
6) Michel Robichaud
7) Matt Tomlinson
8) Jérôme Charette-Pépin
9) Joanie Michaud

Photos en vrac
par Pierre Bourgault

Someurland

Photo par Pierre Bourgault

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