Les danseurs étoiles parasitent ton ciel | Plonger dans les tourments de la vie
Les danseurs étoiles parasitent ton ciel, c’est l’histoire de Prunelle, fraîchement diplômée de l’école de ballet pour qui tout devrait aller pour le mieux. Seulement, elle fait vite face à ces voix qui découragent et qui terrorisent son subconscient. À la fois parlant d’un sujet sérieux avec des scènes décalées, la pièce relate avec succès les angoisses de cette jeune diplômée.
La pièce est en représentation au Théâtre Denise-Pelletier du 14 février au 4 mars 2023. C’est une adaptation théâtrale du roman de Jolène Ruest (XYZ, 2020) que l’autrice a adapté elle-même avec Jonathan Caron ainsi que Martine Pype-Rondeau pour la mise en scène. Les danseurs étoiles parasitent ton ciel prend place dans une configuration de scène inhabituelle avec peu de décors, mais qui captive continuellement notre attention.
Rattraper ou rater le bus ?
Prunelle est douée. Elle s’y connaît mieux que quiconque sur ses classiques. Sacrée meilleure esprit d’équipe, elle peine pourtant à trouver sa place dans ce monde dont elle rêvait tant : la danse classique. Lors d’un appel avec sa mère, elle se lamente. Elle a vu une fille courir après un bus, mais elle n’en est jamais capable, elle n’arrive jamais à se raccrocher à la vie. Elle a bientôt une audition à New York, mais elle ne fait qu’appréhender la chose.
« Les étoiles vont-elles finir par s’aligner ? »
Dans la file en direction de New York, la voix du distributeur de titre de transport se transforme en critique. « Tu ne danseras jamais », les autres sont « plus jeunes », ont « plus d’expériences ». « Tu ne seras jamais Anna Pavlova. » Prunelle finit par abandonner et fuir.
L’atmosphère est pesante. Elle est tout le temps entourée, oppressée par les questions de chacun sur son avenir.
Outre ses angoisses grandissantes, la vie la rattrape assez vite : vouloir c’est bien, mais il faut payer le loyer. Elle se lance alors dans une quête presque impossible pour trouver un travail. Quand sur son C.V. figurent seulement ses expériences de danseuse, les employeurs ne s’empêchent pas de la moquer et la dénigrer pour finalement la refuser.
* Photo par Camille Gladu-Drouin.
Continuellement sans arrêt elle doute, ne se sent pas capable, se désiste et termine comme employée au Dairy Queen à la découverte du quartier d’Hochelaga.
Une pièce insérée dans les mœurs
Dans une pièce de théâtre remplie d’émotions et de questions s’insère aussi le contexte social d’un Hochelaga abîmé. Prunelle vit dans un appartement insalubre, dans un quartier en pleine gentrification où les commerces sont vandalisés.
Elle découvre avoir des punaises de lit dans son studio. Elle rencontre alors Javel, exterminateur, avec qui elle apprend à connaître les lieux. Ces évènements de notre quotidien ne quittent pas Les danseurs étoiles parasitent ton ciel et apportent au spectacle une dimension réaliste supplémentaire.
Ensemble, avec son patron, une collègue, et Javel, elle redécouvre Hochelaga. Elle troque la musique classique pour le punk, et commence à reprendre de la force. Lors de sorties au bar, elle commence à danser en public, mais surtout à se lâcher.
Dans un appartement qu’elle occupe « illégalement » grâce à Javel le temps que l’extermination de son studio ne soit terminée, Prunelle se laisse enfin libérer. Sur de la musique punk, rock, elle se défoule, crie, se délie de tous ses torts qui la font souffrir.
* Photo par Camille Gladu-Drouin.
Elle sort à nouveau cette fois dans un bar de danseurs. Poussée par les siens, elle finit par monter sur la scène et danser avec tout le monde. L’esprit est à la fête, il est plus léger et même si elle n’est pas entièrement débarrassée de ses tourments, son personnage se remet à courir pour attraper son fameux bus.
Les danseurs étoiles parasitent ton ciel, c’est la jeunesse anxieuse de la réussite. Des tourmentes qui se répètent au quotidien, qui déstabilisent, mais qui pourtant rappellent qu’il ne faut pas perdre pied devant la réalité. Entre la peur de réussir et la volonté de bien faire, avancer dans la vie se fait parfois sur un fil.
Les comédiens et comédiennes ont tous avec succès su montrer cet univers bivalent. À nous en rendre tristes, anxieux ou parfois heureux, l’adaptation du roman de Jolène Ruest nous montre avec brillance et rythme l’univers de cette jeune femme en quête de devenir.
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- Ville(s)
- Montréal
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- Théâtre Denise-Pelletier
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