crédit photo: Jérôme Daviau
Julien Fillion

Julien Fillion à la Maison de la Culture de Maisonneuve | Captivant jazz ambiant aux accents techno

C’est une prestation impressionnante que nous offrait jeudi soir le quartet de Julien Fillion avec une formation originale : deux batteurs et deux saxophones / claviers pour une musique pas comme les autres que je qualifierais de jazz ambiant avec des accents technoïdes! Le résultat était surprenant et captivant et toujours de bon goût.

À peine remis de la journée de la veille marquée comme tout le grand Montréal de coupures d’électricité, du verglas et de chûtes d’arbres, c’est donc avec grand plaisir que l’on retourne à la Maison de la Culture de Maisonneuve, petite salle de spectacle aussi chaleureuse que la Casa Del Popolo mais en plus neuf, avec une programmation toujours pertinente.

J’y ai vu d’excellents concerts comme Klaus, Thus:Owls ou Fred Fortin. Et j’ai eu aussi le plaisir d’y assister au lancement fort réussi de l’album de Willows, Maison Vent, il y a quelques semaines.

Mais en ce jeudi soir, c’est le quartet de Julien Fillion qui y brûle les planches. Julien Fillion est un musicien à part, jouant du saxophone, du clavier et de la guitare. On a pu le voir au côté de Fouki, Les Louanges, Clay and Friends, The Brooks, Razalaz ou même avec Diane Tell à la direction musicale. Il a été sacré Révélation Radio-Canada 2021-2022, mais avec la pandémie, nous sommes nombreux à être malheureusement passés à côté de ce fait. Il a sorti un premier album homonyme fin 2021 et c’est ce répertoire qu’il a composé et qu’il nous présente ce soir.

La formation est loin d’être traditionnelle : au milieu de la scène, deux batteurs, soit Alain Bourgeois (Benjamin Deschamp, Garou, Roch Voisine) et Thomas Sauvé-Lafrance (Paul Cargnello, Le Cypher, Samian), ce dernier jouant également du clavier. Ils sont encadrés par Julien Fillion et Philippe Brochu-Pelletier (Sagot, Stephen Menold, Anomalie Big Band), tous deux en charge des claviers et des saxophones. Pas de basse ou de contrebasse, ce sont les claviers qui s’en chargent.

Le concert commence en force avec un titre très énergique où l’on peut apprécier la complémentarité des deux batteurs et l’interaction entre tous les musiciens. La suite est plus tranquille avec des morceaux éthérés qui laissent une grande place à la texture des instruments, avec un gros travail de textures, notamment sur les effets de réverbération et d’écho. D’autres titres ont des influences plus techno avec de grosses basses et des rythmes rapides où des parties sont jouées à l’unisson par les deux saxophones ou les batteries.

Si la cohésion de l’ensemble et la joie de jouer est apparente, les solos des musiciens sont flamboyants et inspirés. Mais ce soir, c’est le batteur Alain Bourgeois qui est en feu et livre toute une performance avec des interventions particulièrement subtiles et impressionnantes. J’avais déjà pu remarqué tout son talent de grand musicien lors d’autres concerts avec d’autres formations, mais c’est un soir où il est notablement inspiré et les compositions de Fillion sont un beau véhicule pour sa créativité! Et le calibre musical est déjà haut ce soir avec ses comparses.

Au crédit de cette petite salle, je note le sonorisation toujours sans failles et des éclairages magnifiques qui surclassent bien d’autres salles plus imposantes.

Avec des compositions et un style très personnel, Julien Fillion nous emmène dans un univers particulier et le public s’est laissé emporté avec grand bonheur. La formation originale de l’ensemble peut déconcerter avec son jazz résolument moderne, mais elle livre la marchandise au-delà des attentes avec des musiciens totalement investis et inspirés par le projet de Fillion. Une très belle découverte que l’on ne manquera pas de suivre dans son évolution.

 

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