Jean Leloup

Jean Leloup en solo à la Place des Arts | Seul mais libre

Après plusieurs Métropolis plein accompagné de son « orchestre », Jean Leloup présentait samedi soir le second volet de son nouveau spectacle. Cette fois-ci, il se trouvait seul sur la grande scène de la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts pour un marathon de deux heures de chansons tirées de toutes ses époques. Retour sur Le Fantôme de Paradis City.

 


On le dit souvent ces temps-ci : il est beau à voir, notre Jean Leloup national, ces temps-ci. Il paraît en forme, souriant, de bonne humeur. C’était le cas au Métropolis il y a quelques semaines, puis à Tout le monde en parle il y a quelques jours. Et c’est encore le cas à la Place des Arts samedi soir.

Vêtu comme un Dalton en deuil, il se présente sur scène avec sa vieille guitare sèche chérie. Lui et sa grosse tête. Enfin, pas la sienne ; son seul élément de décor est un immense crâne humain aux motifs troués, une oeuvre magnifique et intrigante signée Yves Archambault et Jérôme Poirier pour l’Atelier de décor Kamikaze.

Pendant deux heures, donc, il n’y aura que Leloup et ce crâne, ainsi que des projections de paysages fantasmés sur un immense écran à l’arrière, sous la direction de la firme montréalaise 4U2C.

Le concept est tout simple au fond : après avoir visité Paradis City au Métropolis, on rencontre maintenant le Fantôme de Paradis City, qui prend la forme de « l’artiste prisonnier du rappel éternel ». Le chanteur fera souvent allusion à ce rapport bipolaire entre l’artiste sauvage qui dompte tant bien que mal son « addiction à l’ovation de la foule », qui elle en redemande.

Je peux me rouler à terre si vous voulez… Je vais me rouler à terre… Non mais laissez-moi me rouler à terre…

 

Le loup insoumis

Quand il est de bonne humeur, Leloup se lâche lousse. Ça donne du vrai, et de l’imparfait. On reconnait les airs, mais il s’aventure hors du tempo plus souvent qu’autrement, modifie les enchaînement d’accords constamment, improvise pratiquement sur quelle octave il va chanter la prochaine ligne. Ça donnerait un disque live un peu déconcertant. Mais à le voir aller, et pour autant qu’on puisse rentrer dans sa bulle, c’est fort rafraîchissant.

Après 3 chansons de son plus récent disque, soit les bien-aimées Petit PapillonWillie et Voyageur, il revient dans son passé, très loin dans son passé, alors que la majorité de la foule reconnaît son tout premier hit, de 1989, Printemps été.

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Puis c’est Dr. Jekyll and Mr. Hyde et Nathalie, de L’Amour est sans pitié, paru un an plus tard, et les arrangements à la guitare sèche semblent encore une fois à demi-improvisés. Leloup s’amuse ferme et donne un bon show. Le public mord à pleine dent, même si les tentatives de chanter en choeur et de taper dans les mains avortent plus souvent qu’autrement. Pas facile d’être synchro avec un Leloup sans laisse.

À ses côtés, deux tabourets : un qui ne servira jamais, et l’autre sur lequel repose un téléphone, qui sonnera à deux reprises durant le show, mais l’artiste ne le décrochera pas, parce que « le fantôme, il est dur de la feuille ». Ok.

Il enchaîne les chansons que tout le monde veut entendre : Je joue de la guitareBarceloneSang d’encre et Les fourmis… Ça coule bien et on comprend assez vite qu’il n’y aura pas d’entracte : c’est un marathon, et pas question de s’arrêter, sauf peut-être pour un petit 30 secondes, le temps qu’un mystérieux druide vienne lui porter une clope allumée.

Ça se poursuit avec du Le Dôme accoté : Voyager, Le Castel Impossible, La Chambre et Le Dôme, parmi lesquelles s’invitera une seule chanson qui ne soit pas de ce merveilleux disque, soit la jolie Petite fleur. Cette dernière fut d’ailleurs la plus fidèle à sa version endisquée.

Puis il entonne des accords encore plus familiers, comme un air qu’on entend automatiquement lorsqu’un ami s’adonne à avoir une guitare à la main sur le bord d’un feu. « Est-ce qu’on se la fait? », demande Leloup à son public on ne peut plus réactif. C’est I Lost My Baby, et Johnny trouve ça bin drôle que le public inclut le « Ah. Oups. » du deuxième couplet.

Et ça se repart avec Johnny Go, version semblable à celle proposée lors du projet TRENTE de l’étiquette Audiogram, puis Décadence et Recommencer, et quelques chansons du dernier disque pour compléter le marathon de 28 chansons en tout juste une centaine de minutes.

Acclamé par son public dont il est le (heureux) prisonnier, il revient faire Balade à Toronto, quasi-méconnaissable, et Paradis City. « Bonne soirée! ».  Personne ne quitte. Il reviendra avec Le Pigeon, touche finale à cette soirée pour fans finis. Mais comme le Québec entier est peuplé de fans finis de Jean Leloup, il n’est pas étonnant que la Salle Wilfrid-Pelletier fut comble, et le serait encore 20 fois s’il donnait 20 supplémentaires. Tant de gens qui sortent heureux de ce rendez-vous doux et fou avec Leloup.

Jean Leloup présentera ce même spectacle les 10 et 11 décembre au Grand Théâtre de Québec, puis les 10 et 13 février 2016 à la Place des Arts à nouveau, et le 12 février au Centre National des Arts (CNA) d’Ottawa. Entre ça, il y aura aussi plusieurs supplémentaires de son show « full orchestre » au Métropolis et au Capitole de Québec.

Après ça, on nous dit que Leloup « retournera dans sa tannière se ressourcer pour revenir en force quelque part en 2016… ou en 2017? ».  Ça sent les Francofolies, mes amis…

Grille de chansons

  1. Petit Papillon
  2. Willie
  3. Voyageur
  4. Printemps Été
  5. Dr. Jekyll & Mr. Hyde
  6. Nathalie
  7. Je joue de la guitare
  8. Barcelone
  9. Think About You
  10. Fashion Victim
  11. Sang d’encre
  12. Les Fourmis
  13. Personne
  14. Bertha
  15. Voyager
  16. Le Castel Impossible
  17. La Chambre
  18. Petite Fleur
  19. Le Dôme
  20. I Lost My Baby
  21. Go Johnny Go
  22. Décadence
  23. Recommencer
  24. No One Cares About Me
  25. Les Bateaux
  26. Les Flamants roses
  27. Retour à la maison
  28. Feuille au vent

Rappel 1

Balade à Toronto
Paradis city

Rappel 2

Le pigeon

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