Ho99o9

Ho99o9 au Turbo Haus | Sympathique chaos

Les gars de Ho99o9 sont débarqués à Montréal avec une réputation de déclencheurs de tempête, voire d’activateurs d’émeutes. On lisait même à leur sujet qu’ils « tentent d’élever le bordel au rang d’art de vivre. »  Vrai que ça brassait en simonaque au Turbo Haus mercredi soir. Ça tabassait les tympans et ça se bousculait vigoureusement, mais ça fait du bien comme un bon sauna qui fait suer les toxines. Ça sort le méchant, et avouons-le, toute personne saine d’esprit a bin du méchant à sortir ces temps-ci.


Vous connaissez pas Ho99o9 ? Normal. Ils en étaient à leur premier passage à Montréal. Tôt ou tard, ce sera dans une plus grande salle. Mais pour l’instant, c’était au Turbo Haus, petit recoin style grenier pour 80 personnes, plutôt bien aménagé en haut d’un bar hipster du néo-St-Henri nommé Loïc.

Il y a des petites lumières au plafond, genre guirlandes d’ampoules old-fashion, comme sur toutes les terrasses de resto du grand Montréal de nos jours, et les cours arrière de tous ceux qui ont un mur de brique dans leur appart. Le reste de l’éclairage est bizarre, il y a un spot très intense, positionné d’un drôle d’angle, et rien d’autre vraiment.  « J’hais ça shooter ici ; la chose la mieux éclairée de toute la salle, c’est le putain de speaker », nous confiait un collègue photographe. Il a pas tort. Ça sonne en ta’, par contre. Peut-être que le speaker mérite son spotlight finalement.

Toujours est-il que c’est un coup de chance de pouvoir les voir là.  Parce que comme un presto sous pression : plus petit est le récipient, plus la tension monte dans la marmite.

Alors petit crash course avant de décrire le carnage :  ça se prononce « horror » et les R ont été remplacés par des 9 parce que « cherchez pas, on est des artistes, on fait ce qu’on veut et vous devriez faire pareil. » Ok.

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Ils sont deux MC, Eaddy et theOGM, deux dudes du New Jersey à la fois bizarres et badass, ainsi qu’un batteur pour ajouter du muscle aux beats. Ils lançaient un premier album récemment, nommé The United States of Horror, et ça bûche sur un moyen temps. Les comparaisons avec Death Grips affluent, mais c’est plus punk, plus « criard » comme disait un collègue. Et contrairement à Death Grips, quand Ho99o9 est booké quelque part, ils se pointent eux… Mais ça, c’est une autre histoire.

Bref, c’est dur à décrire : ce serait un genre d’afro-punk-rap à tendance hardcore. C’est bourré de sons de guitares tonitruants, saturés, mais y’a pas de guitariste. C’est violent que le crisse, donc c’est du rap pour métalleux à l’aise avec le punk.

En fait, comme ils aiment bien le dire, on perd son temps à essayer de le décrire. Il faut le vivre. Et idéalement enlever ses lunettes ou tout autre objet précieux avant de le vivre. Parce que le moshpit, qui occupait facilement plus de la moitié de la salle mercredi, donne un peu l’impression de se trouver au milieu d’une bataille royale de la UFC.

On comprend que dalle des paroles en live. C’est pas un problème ; c’est la rage et le défoulement collectif qui prévalent. Mais portez-y attention si vous donnez une écoute à leur album ; les propos sont pour le moins variés, politisés et sans dentelle. Ça fesse dans les gencives.

Mais pas autant que la musique. Et surtout pas dans un petit bar comme le Turbo Haus.

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