Pierre Lapointe

Francofolies 2014 – Jour 9 | Pierre Lapointe au Musée Grévin

Deux jours après avoir donné un grand spectacle sur la Place des Festivals, Pierre Lapointe en donnait un petit, vendredi soir, toujours dans le cadre des Francofolies. Petit dans le sens d’intime, de dépouillé. Petit dans le sens d’unique et de rare, aussi. Sous le regard bienveillant de Céline et René, avec qui il partageait la scène…

Un concert au Musée Grévin ; quelle idée. Quel concept typiquement Pierre Lapointe !

Dans la petite salle de réception du cinquième étage du Centre Eaton, quelques centaines de privilégiés étaient entassés comme des sardines dans un lieu mal climatisé, au tournant de la nuit, pour aller voir ce que Pierre Lapointe allait proposer entouré de statues de cire.

Quatre musiciens l’accompagnaient sur la petite scène : Francis Mineau qui frappait la caisse claire, Félix Diotte à la guitareAmélie Mandeville aux voix et Denis Faucher, avec qui Mandeville partageait certaines tâches, à la guitare Suzuki QChord, notamment.

À part eux, tous les grands étaient aussi réunis autour de Pierre : Jimi Hendrix à sa droite, immortalisé dans une pose de solo de guitare, Ray Charles à sa gauche au piano. Plus loin, un Elvis souriant, et un Michael Jackson en costume brillant, dont le bras tendu a donné lieu à quelques gags bien placés.  « Vous savez qu’il y a une coiffeuse qui travaille ici et qui vient les peigner à chaque jour, hein ? », lance-t-il entre deux chansons. « Pour ce soir, il y avait un événement spécial alors elle est venue leur refaire un petit touch-up ».

Derrière les musiciens, nuls autres que René Angelil et Céline Dion, à qui Pierre Lapointe a fait tenir son manteau. L’occasion était trop belle, le chanteur n’a pas pu résister à l’envie de reprendre l’une des chansons de la célèbre diva de Charlemagne. Et pas n’importe laquelle : un vieux hit quasi-oublié tiré de son troisième album, en 1982, D’amour et d’amitié. Une « super belle chanson » qui parle de l’ambigüité d’une relation amicale à tendance amoureuse, qu’Eddy Marnay avait écrite en se doutant bien qu’il se tramait quelque chose entre René et sa petite protégée… qui avait alors 14 ans. N’empêche qu’il a raison, Pierre Lapointe, en soulignant que plusieurs chansons de cette époque souffrent d’arrangements datés, mais qu’elles peuvent être révélées sous un autre jour lorsque décontextualisées.

Il faut dire qu’au rayon des reprises étonnantes, l’excentrique chanteur avait plus d’un tour dans son sac, rajoutant au sentiment rare et étrange de la soirée. Débutant avec La maison où j’ai grandi, de Françoise Hardy, l’artiste a aussi revisité « un classique hippie » dont il soulignait le grand pouvoir, « comme une chanson maudite » : La Complainte du phoque en Alaska.  Rien de moins.

C’est toutefois lors de ses propres chansons, réarrangées pour l’occasion, que le concert a vraiment ému. La plupart étaient récentes, tirées de Punkt ou Les CallasLes enfants du diableNos joies répétitives, L’étrange route des amoureux, La Sexualité (sans les filles de Random Recipe, mais avec un couplet inventé pour les remplacer), et Les Callas en duo avec Amélie Mandeville, chantée en choeur dans un seul micro, imposant le silence dans la salle au climat presque tropical.

Il y est même allé d’une toute nouvelle chanson, La plus belle des maisons, très jolie.

Ses interventions étaient évidemment très loufoques, comme on s’en doutait. Il avait visiblement le coeur à l’humour.

La finale était des plus charmante: Au bar des suicidés, puis au « rappel » – les artistes ne pouvaient pas vraiment quitter la scène – Deux par deux rassemblés avec un jeu vocal fort intéressant.

C’est comme ça qu’on préfère notre Pierre Lapointe ; on aime bien ses envolées excentriques et ses idées de grandeur, mais c’est souvent dans son plus simple apparat – pensez Seul au piano – qu’il brille et émeut davantage.

C’est aussi ça comme ça qu’on préfère nos Francos : lorsqu’on nous propose des formules audacieuses qui nous font revivre le répertoire d’un artiste établi sous un autre angle.

Chapeau dans les deux cas.

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Grille de chansons

1. La maison où j’ai grandi (reprise de Françoise Hardy)
2. Tous les visages
3. Je reviendrai
4. Les sentiments humains
5. Les enfants du diable
6. Tel un seul homme
7. La Complainte du phoque en Alaska (reprise de Beau Dommage)
8. Quelques gouttes de sang
9. Nos joies répétitives
10. L’étrange route des amoureux
11. La sexualité
12. Les enfants du diable
13. Les Callas
14. La plus belle des maisons
15. D’amour et d’amitié (reprise de Céline Dion)
16. Au bar des suicidés

Rappel
Deux par deux rassemblés

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