Saratoga

Entrevue avec Saratoga | Heureux, tout simplement

Le duo folk Saratoga sort l’artillerie lourde pour son spectacle au Lion d’Or, ce vendredi 11 novembre, avec un trio de bois invité. Ce sera le moment d’entendre leur plus récent album, Fleur, quasi tel quel puisque, si l’on se fie à Michel-Olivier Gasse, les bois sont gardés seulement pour les événements spéciaux, comme Coup de coeur francophone.

Michel-Olivier Gasse et Chantal Archambault forment ensemble le duo Saratoga. Ils ont fait paraître, le 14 octobre dernier, leur premier long jeu, Fleur, après le succès fulgurant de leur EP. À la base, le projet se voulait un essai, mais est rapidement devenu une occupation à temps plein. « On n’a pas tant changé d’idée que constater que ça marchait, bien plus qu’on pensait, soutient Michel-Olivier. On a simplement pris l’élan que le monde nous a donné. On a eu une super réception, et les gens semblaient heureux en sortant de nos spectacles, donc on s’est dit « Ah ben coudonc, ça vaudrait la peine de mettre du vrai temps là-dessus ». »

Depuis, l’album a été lancé et joué à quelques occasions, et récolte les fleurs de son public. « Les réactions sont super belles. On a eu un magnifique lancement où les gens étaient heureux et apaisés de tout ça. On laisse ça aller et on espère que ça fasse son bout de chemin. »

Photo par Carmen Rachiteanu.

À Grosse Lanterne à l’été 2016. Photo par Carmen Rachiteanu.

Habiller le son

Le son Saratoga reste bien ancré autour du duo, mais on se fait surprendre par moment de vents venant accentuer certains passages. C’était une volonté du groupe d’amener leur album un peu plus loin. « Il y a deux façons très larges de voir la production d’un album. Tu peux voir ça comme la captation d’une performance, d’un moment en studio ou tu dis « On bâtit quelque chose, on bâtit une œuvre avec les possibilités que le studio nous offre ». Nous on s’est dit qu’on fait rien que ça, des shows. On ne va pas faire un album qui est la même affaire. On savait qu’on voulait l’habiller, mettre un peu d’enrobage sans perdre le but que ça tourne autour de Chantal et moi qui chante. »

L’idée d’incorporer les bois a d’abord germé en studio. « C’est Guillaume Bourque, notre réalisateur, qui, en écoutant nos démos, s’est mis à entendre la clarinette basse. Ça n’a pas été long que ç’a migré vers un trio de bois. La chaleur de ces sonorités-là s’apparente bien à notre musique. » Le duo s’est dit que pour un EP, la formule classique fonctionne, mais pour un album complet, il y a toujours cette possibilité d’amener l’auditeur plus loin. « C’est simplement pour rajouter une petite touche, pour dynamiser l’écoute de l’album. Parce que veut, veut pas, un album avec une guit’, une basse, deux voix, ça peut être long. À la quantité de shows qu’on fait, je ne trouvais pas pertinent de faire la même affaire. »

Au lancement de Fleur, le trio de bois est venu accompagner le band sur scène. Ce sera une chance de les revoir à leur vitrine au Coup de coeur francophone, ce vendredi. « C’est pas quelque chose qu’on va traîner sur la route, d’abord parce qu’ils ne sont que sur cinq chansons, et ensuite parce que l’idée derrière Saratoga c’est de voyager léger. »

Saratoga partira donc sur la route sans son trio. Le public retrouvera donc une version de spectacle traditionnelle en formule duo, et il n’y a pas à s’en faire, ils sont bien en contrôle de leur répertoire. « En spectacle, quand on fait ses chansons-là, sans le trio, je ne peux pas dire qu’il manque quelque chose. Peut-être que si tu connais les arrangements, tu vas les entendre dans ta tête, mais il n’y a pas de trous. Les chansons ne reposent pas là-dessus. À la base, surtout en musique folk, si ta toune ne se tient pas quand tu la fais tout seul avec une guitare, t’es peut-être mieux de retourner faire tes devoirs. »

Photo par GjM photography

Saratoga au Petit Chicago en mars 2015. Photo par GjM Photography

Thèmes empruntés

À l’écoute de l’album, on peut également remarquer que la majorité des thèmes proposés dans les textes ne semblent pas directement provenir du vécu des chanteurs. On raconte plutôt l’histoire de personnages. On vient alors à se demander si la seconde vie d’auteur de Michel-Olivier Gasse — qui signe deux romans Du coeur à l’établi (2013) et De Rose à Rosa (2014) — ne viendrait pas influencer son écriture de texte. « Il y a une part de ça, mais d’une autre part c’est aussi la volonté de ne pas nous mettre en scène. »

Il y a une partie de nous dans les textes tout le temps, mais un moment donné, ça devient peut-être un peu voyeur ou pervers. Les gens savent qu’on est un couple. Des fois, faut brouiller les pistes un peu. Globalement, l’affaire, c’est que nous autres, ça va bien, on est heureux. Le bonheur en chanson, ça fait son temps quand même assez vite.

Le duo s’est alors mis à observer le monde qui les entourait. « On voyait les problématiques que traversaient les gens qu’on aimait. On a un peu emprunté à ça, pour donner une certaine densité aux tounes, mais surtout pour y mettre un peu de lumière. On aimait mieux prendre du moins beau, jouer avec et de montrer qu’au final, c’est peut-être juste une mauvaise passe. »

Parmi les textes écrits, l’un d’entre eux ressort du lot pour Michel-Olivier. « J’ai une grande affection pour Les derniers jours parce qu’elle a été écrite pour quelqu’un en particulier. C’est la seule chanson qui était déjà écrite, qui n’a pas été écrite pour l’album. C’est une chanson que j’avais mais que je ne savais pas où mettre encore. Ne serait-ce que pour ça, je suis vraiment content qu’elle existe. »

Cette chanson portant sur le deuil vient effleurer des cordes sensibles chez certains. « J’ai déjà eu beaucoup de commentaires comme quoi cette chanson-là touchait beaucoup. Au point de me faire dire : « Des fois j’arrête le disque avant parce que c’est trop impliquant, ça me fait trop penser à ma mère, à ma sœur, ou quoi que ce soit ». »

L’album Fleur est un album personnel mais lumineux qu’on aura la chance d’entendre dans toutes ses subtilités ce vendredi 11 novembre au Lion d’Or dans le cadre du Coup de coeur francophone.

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