crédit photo: Nadim Zakkour
Cirque du Soleil - ECHO

ECHO du Cirque du Soleil | Nature, connexion, émotions : et ainsi naquit la magie

« Rien ne se perd, tout se transforme » pourrait bien être le mantra de la production Echo du Cirque du Soleil. Après avoir dû faire un trait sur Sous un même ciel initialement prévue pour 2020, l’équipe de conception a retravaillé près de la moitié du spectacle avec un nouveau metteur en scène, Mukhtar Omar Sharif Mukhtar. Son objectif ? Renforcer le message d’une collaboration et d’une connexion nécessaires entre les êtres humains, en s’appuyant sur son rapport avec la nature. Le résultat ? Une ode à la fois fantasmagorique et authentique qui met en évidence le lien intrinsèque et viscéral avec notre planète.

On pourrait dire que Mukhtar Omar Sharif Mukhtar s’est inspiré de notre quotidien débordant, stressant, à la limite du nombrilisme pour trouver la trame narrative de son spectacle. De ses propres dires, « nous sommes tellement occupés que nous ne voyons pas la nature qui nous entoure ». Et par extension, nous ne percevons probablement plus ni sa beauté, ni si son habileté, ni sa résistance.

Cette proposition du Cirque prend donc le parti de jouer sur une certaine « simplicité » pour mettre en exergue les artistes, l’harmonie et l’entraide que l’on peut deviner à chaque numéro. Mais aussi la prouesse purement physique, au-delà des poutres, agrès et autres matériels artistiques. Non pas que le spectacle soit plus élémentaire dans sa conception — loin de là — mais on y ressent un petit supplément d’âme qui pouvait peut-être faire défaut dans les productions précédentes. Conséquence de la pandémie ou d’un contexte enviro-politique des plus précaires, une chose est sûre : cet engagement émotionnel et le rapprochement qu’il engendre sont portés par notre perception de la faune, de la flore et par notre capacité à se rappeler que sans elles, l’humain ne pourrait vraiment se définir.

Dans cet ordre d’idée, finies les combinaisons chatoyantes en spandex et place à des costumes plus sobres, dans les tons clairs rehaussés d’une touche de couleur ou de lumière, qui illustrent la volonté de communier avec la nature. Ça fait du bien à l’œil et ça permet de — saisir toutes les subtilités de l’histoire, ce serait peut-être un peu exagéré — mais tout du moins, de mieux embarquer dans l’univers proposé, dans lequel on suit Future. Ce personnage central, au fur et à mesure de ses aventures, va prendre conscience que ses choix, l’influence des jeunes et leur euphonie corporelle sont déterminants pour notre planète.

Les productions du Cirque du Soleil ont depuis longtemps écrit leurs lettres de noblesse en matière d’ambiance poétique et Echo ne fait pas exception à la règle. Même les actes les plus puissants font preuve d’une finesse surprenante.

Des exemples ?

Le numéro d’acrobaties main à main dans lequel les artistes semblent tout bonnement voler, en toute quiétude. Certainement l’un des moments les plus impressionnants.

D’autres passages retiennent l’attention (et notre souffle !), comme le duo de virevoltes sur pieds ou celui très médiatisé de suspension par les cheveux et la mâchoire.

Le visuel n’est pas en reste notamment en début de spectacle lorsque le propos nous est présenté sur un énorme cube aux projections plus qu’éloquentes. On garde aussi en mémoire la première entrée en scène des interprètes, avec leurs masques figurant différents animaux. Le parallèle avec la comédie musicale The Lion King peut facilement être fait, mais ce clin d’œil est plus proche de l’hommage que de la copie. Dans tous les cas, le résultat ne se fait pas attendre : en quelques secondes, l’effervescence est palpable et toute l’audience est conquise.

Le spectacle peut bien entendu compter sur les autres prouesses techniques et de mise en scène qui continuent de faire sa réputation : la marionnette géante, le duo clownesque et sa musique originale, portée par un orchestre et des vocalistes dont le talent est en tout point comparable à celui des protagonistes du récit. On apprécie d’ailleurs pouvoir les apercevoir dans certains numéros, afin de mettre un visage sur une telle aura.

En recentrant son propos sur l’humain, le collectif et la corrélation avec l’environnement, Echo offre une fable clairvoyante, captivante et pleine d’espoir. Il est plaisant de constater qu’un brassage de cartes est toujours possible, même dans une organisation si établie. Souhaitons maintenant que le message – si cher à Mukhtar Omar Sharif Mukhtar – ne soit pas qu’une parenthèse enchantée dans notre quotidien perturbé.

Détails et billets ici.

 

Photos en vrac

Vos commentaires