Critiques Concerts et spectacles à Montréal et Québec
Prouesses et épouvantables digestions du redouté Pantagruel au Théâtre Denise-Pelletier | Gargantuesque!
Dans la littérature universelle, il n’existe qu’un seul François Rabelais. Et c’est tant mieux, diront certains. Même que pour ceux s’apparentant à cette œuvre si particulière, on a créé le vocable rabelaisien, et même pantagruélique. L’auteur français du 16e siècle, dont les thèmes favoris de ses créatures romanesques sont de s’empiffrer de bouffe sans jamais se rassasier, et du transit digestif détaillé qui en découle, fait la joie du public étudiant du Théâtre Denise-Pelletier qui en découvre les couleurs.
Les fées ont soif (de Denise Boucher) au Rideau Vert | À la bonne vôtre!
La première de la pièce à scandale s’est déroulée jeudi soir sans anicroche, et qu’aux 26 représentations prévues au calendrier du Rideau Vert, toutes déjà à guichets fermés, se voit ajouter une série de 14 supplémentaires. Comme quoi les fées ont encore soif.
Le désert mauve à L’Espace Go | Témoins d’une exploration romantique et intellectuelle
Présentée dans le cadre du FIL (Festival International de la Littérature), cette pièce produite par Rhizome, est saisissante et troublante. À mi-chemin entre le théâtre, le cinéma, la littérature et la conférence, «Le désert mauve» a su bien rejoindre le public (très compact d’ailleurs), curieux de voir cette adaptation du livre à la scène.
Candide ou l’optimisme (de Voltaire) revu par Pierre Yves Lemieux au TNM | Emmanuel Schwartz emporte tout sur son passage
Il y a bien longtemps que François-Marie Arouet, dit Voltaire, n’est apparu sur une scène montréalaise. L’écrivain et philosophe français qui a écrit Candide ou l’Optimisme, son conte philosophique romanesque le plus connu depuis sa parution houleuse en 1759, brille sur les planches du TNM actuellement, de par le jeu enflammé de cet acteur prodigieux qu’est définitivement Emmanuel Schwartz, ici sous la direction avisée d’Alice Ronfard.
Le reste vous le connaissez par le cinéma (de Martin Crimp) à l’Espace GO | Christian Lapointe joualise un peu fort…
L’auteur britannique contemporain Martin Crimp n’est pas un inconnu ici. C’est la deuxième fois, après « Dans la République du bonheur » en 2015, que le metteur en scène Christian Lapointe se mesure à son univers dramatique complexe avec la traduction de « The rest will be familiar to you from cinema », un mauvais titre inspiré de la tragédie classique « Les Phéniciennes » écrite par Euripide il y a plus de 400 ans avant notre ère et restée toujours aussi fascinante.
Sacre du Printemps de Roger Bernat à l’Agora de la danse | Soirée immersive à ne pas rater
Au départ gênés, conscients de notre propre corps, nous hésitons. Allons-nous vraiment prendre la main d’un inconnu ou le prendre dans nos bras? Courir à travers la pièce? La réponse est oui pour certains, non pour d’autres… Dans tous les cas, ces 45 minutes passeront très vite.
Les Barbelés d’Annick Lefebvre au Quat’Sous | Bombe néo-féministe
Après l’assourdissant coup de canon récent qu’aura été sa pièce « J’accuse », Annick Lefebvre nous revient avec le même esprit revendicateur, critique, dénonciateur et identitaire qui caractérise son œuvre singulière encore naissante. Celle qui préfère le mot autrice à celui d’auteure pour se définir, propose actuellement au Théâtre de Quat’Sous un solo défendu à grands coups de griffes par la comédienne Marie-Ève Milot, complètement habitée par ce personnage sans nom dont le propos voyage sans assurance-vie entre l’intime et l’universel, ne ménageant aucune sortie de secours pour le spectateur.
Chroniques d’un cœur vintage (Les mots des autres) | Un seul en scène intime, entre humour et douce mélancolie
Dans ses textes domine un thème majeur, la cruauté des relations sentimentales, dont le schéma semble se répéter à l’infini : renaissance de l’espoir, ranimation du corps et de l’esprit, avant une fin abrupte et douloureuse. Face à ces désillusions, les « mots des autres », et particulièrement ceux des auteurs qu’elle chérit font office de remède.