Muse

Critique spectacle – Muse à Montréal: une décharge électrique sonore et visuelle

Mercredi 10 mars 2010 – Centre Bell (Montréal)

Ceux qui croyaient avoir saisi toute la folie des grandeurs de Matthew Bellamy et de ses comparses sur les plus récents albums de Muse n’avaient encore rien vu.
 
La triade nous préparait un spectacle à la hauteur de ses ambitions, une suite de salves de guitare, de batterie, de basse et de clavier soutenues par un apparat scénique stupéfiant qui amplifiait la magnitude musicale au lieu d’empiéter sur celle-ci.
 
Une approche très rock, tout en guitares musclées, pour un groupe dont le plus récent album contenait davantage de notes pianotées et d’arrangements finement tricotées.

Au final, les quelques 16 000 spectateurs réunis en ont pris plein la gueule et quittaient le Centre Bell avec les oreilles qui bourdonnent mais la tête qui repasse en boucle les souvenirs d’une soirée mouvementée et mémorable. Tous semblaient encore vibrer suite à un show rock de 2 heures format géant, bruyant, énergique et pratiquement sans faille.
 
360 degrés
 
Muse bénéficiait d’une scène circulaire ouverte à 360 degrés et l’occupait sans problème. Les trois membres principaux – un quatrième musicien ajoutait, un peu à l’ombre des autres, des touches de claviers, de guitares et de percussion – étaient toujours bien en vue pour les spectateurs devant, derrière et sur les côtés.
 
Bellamy (voix, guitare, piano, guitare-piano) et ses comparses Dominic Howard (batterie) et Christopher Wolstenholme (basse) étaient d’abord surélevés sur des plateformes juchées au beau milieu de grandes colonnes entrecoupées, sur lesquelles étaient projetées des images coordonnées à la musique presque en permanence. Ces tours s’abaissaient parfois pour permettre à Bellamy et Howard de circuler sur scène, et revenir parfois sur les plateformes ascendantes.
 
Howard, lui, évoluait sur une plaque tournante qui permettait à tout un chacun d’admirer son travail, tour à tour.
 
S’ajoutaient à tout cela une orgie de rayons lasers, de projections hallucinantes, de fumée et même de gros yeux gonflables tombés du plafond, à un certain moment. Le chanteur et guitariste ajoutait lui-même quelques effets à l’aide d’un miroir kaléidoscopique pour multiplier l’effet d’un rayon laser, ou à l’aide de son amplificateur de guitare chromé pour contrôler le rebond d’un projecteur.
 
La technique en mettait plein la vue dès le départ et laissait progressivement place à l’énergie de Bellamy (qui dégage un charisme de « rock star » comme peu de musiciens de sa génération) et de ses acolytes qui eux, prenaient en charge le rythme de la soirée.
 

Tout en guitares
 
Tel le groupe culte qu’il semble être devenu (enfin en Amérique du Nord longtemps après l’Europe), Muse n’a pas hésité à piger dans son répertoire plus ancien, laissant à «Black Holes & Revelations» (2006), «Absolution» (2003) et «Origin of Symmetry» (2001) chacun sa part égale de la grille de chansons.
 
Évidemment, le plus récent album «The Resistance» occupait une place prépondérante, mais une sélection des pièces plus rock était privilégiée.
 
Une brève incursion au piano (tout juste 3 chansons) a démontré l’aspect un peu plus tempéré du trio, mais en somme, Bellamy faisait surtout résonner la guitare mordante, au son modifié par une ensemble de pédales à effets.
 
Pas la moindre fausse note n’a semblé trouver son chemin dans la puissante voix haute perchée du chanteur, alors que les trois musiciens coordonnaient à merveille leurs attaques rythmées.
 
Les musiciens de Muse avaient mis la barre haute dès le départ avec leur habituelle surabondance  et n’ont jamais déçu, prouvant du coup qu’ils forment l’un des groupes phares du nouveau millénaire autant sur disque que sur scène.


(vidéo amateur de l'utilisateur Sleeman 77, tirée de YouTube)

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