Critique | Method Man & Redman à l’Olympia de Montréal

À l’instar de l’épopée Wu-Tang en novembre dernier, l’attente interminable aura eu raison de la patience d’une certaine partie des spectateurs samedi soir à l’Olympia. Dommage puisque, cette fois-ci, le spectacle était à la hauteur. Récit circonstancié d’une longue soirée.

À l’entrée, on se bute à une équipe de sécurité minutieuse qui fouille les rebords de casquette (mais pas les poches de jeans) et à un détecteur de métal profondément inutile qui flashe tout le temps (mais que personne ne regarde). Les gens qui sortent fumer/chiller doivent également passer en-dessous de l’engin incontournable, engendrant un immense bouchon d’impatience. « C’est mallement faite », résume un linguiste avec une casquette par en arrière.

À 22h45, le parterre commence à être bien paqueté, au sens propre et figuré. À gauche, un homme gracieusement tatoué est assis en plein milieu de la foule, curieusement clairsemée. On se rend compte qu’il est en train de regarder son propre vomi en envoyant des textos.

Le show commence dimanche au lieu de samedi

Tannés d’attendre pour s’intoxiquer davantage, les spectateurs se mettent à fumer comme des cheminées. « J’vous remercie de votre patience. Two more minutes », annonce l’animateur à 23 :11 sous une pluie de non-applaudissements. Trente minutes plus tard, le DJ fait un fade-out agace, entraînant une horde de huées bien senties. « Hold on ! Five more minutes », clame-t-il à 23 :59, près de cinq heures après l’ouverture des portes.

Miracle ! On entend résonner la voix caverneuse de Method Man. La foule est prise d’une soudaine frénésie quasi-incontrôlable. Les deux légendes du rap américain entonnent alors  Errbody Scream, tout en prenant bien soin de se servir aisément dans les joints tendus des mains des spectateurs. Arborant une tenue confortable noire uniforme et un wave cap subtilement recouvert d’une casquette, Method Man y va de plusieurs mouvements de bassins sauvages.

Misant sur une tenue plus colorée, axée – on l’aura deviné – sur le rouge, Redman imite une douche à jets multiples intégrés en lançant sans retenue de l’eau sur le monde. « Montreal is wet tonight », déclare-t-il, si justement.

Weed et énergie

S’ensuit 4, 3, 2, 1 et son vibe funk haletant. L’euphorie de la foule s’estompe un peu, au profit d’un gros nuage de smog verdoyant. « There’s two things you have to bring in a Method Man & Redman concert. First thing is the weed. Second thing is the energy », mentionne avec efficacité l’homme rouge, qui profite de l’attention pour exhiber un chandail de PK Subban.

Plus tard, on retourne aux vieux classiques des années 1990. Time 4 Sum Aksion désankylose avec grandiloquence la foule, un peu trop tranquille. Les deux rappeurs ont une vitalité contagieuse de plus en plus animale. Les notes tant attendues de M-E-T-H-O-D MAN retentissent subséquemment.

À ce moment précis, ceux qui avaient tant regretté le rendez-vous manqué avec Wu-Tang il y a cinq mois ont obtenu leur juste compensation. Certains ont d’ailleurs quitté juste après, exténués d’avoir autant attendu debout à rien faire pendant cinq heures. C’est plate pour eux parce qu’il y avait de la place pour s’asseoir en haut.

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