Critique théâtre | L’homme invisible/The Invisible Man au théâtre La Licorne

Le poète Patrice Desbiens présente à La Licorne une pièce audacieuse à l’image de la programmation 2014-2015 du théâtre. L’homme invisible/The Invisible Man, inspiré du recueil de poésie du même titre, publié en 1981 est une œuvre bilingue centrée sur l’identité culturelle. Racontant le chemin d’un franco-ontarien jusqu’au Québec, l’auteur nous offre une formule différente et captivante.

Dans un décor simple composé d’un pilier électrique effondré à l’arrière-scène, les deux comédiens sont accompagnés de Harry Standjofski à la guitare électrique et de Gabriella Hook au piano et à la voix. Élément musical qui apporte beaucoup de puissance à la pièce dans des moments clés.

Deux comédiens, deux langues, un seul personnage.

Guillaume Tremblay et Jimmy Blais incarnent le personnage de l’homme invisible. Issu d’un recueil de poèmes, le texte reste toujours dans la narration plutôt que dans l’interprétation, structure originale et déstabilisante, car l’un des hommes s’exprime en français et l’autre en anglais.

Patrice Desbiens maîtrise parfaitement la poésie dans les deux langues, même si on a parfois l’impression qu’il s’agit de traduction. Par contre, lorsque les deux personnages se donnent la réplique, le rythme de la pièce devient beaucoup plus intéressant.

Pour interpréter le même personnage, il va de soi que les deux comédiens doivent être similaires, pas nécessairement physiquement, mais on devrait ressentir la même énergie. Ce n’est pas le cas dans L’homme invisible/The Invisible Man, on se retrouve avec deux individus très opposés. Alors que Jimmy Blais nous offre une performance énergique, confiante et humoristique en anglais, Guillaume Tremblay semble hésitant dans son texte et est moins convaincant pour la partie francophone.

Une pièce de théâtre poétique

Il faut voir L’homme invisible/The Invisible Man avec l’idée en tête qu’il s’agit d’abord d’un poème adapté en pièce de théâtre. L’histoire aborde surtout la déchéance du personnage, en quête d’une terre et d’une femme, qui le laissent tous deux tomber. La dernière réplique de la pièce illustre bien l’esprit de l’œuvre : « ce qui est beau n’offre pas de réponses. » Effectivement, Patrice Desbiens aurait pu pousser le récit de l’homme invisible beaucoup plus loin et y passer un message quelconque, mais il se concentre plutôt sur l’émotion et les mots, deux éléments puissants de la pièce.

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