Sarah Slean

Critique concert: Sarah Slean à Montréal

Jeudi 8 décembre 2011 – Sala Rossa (Montréal)

Quelle surprise de voir autant de monde jeudi soir, à la Sala Rossa, pour le spectacle de la chanteuse ontarienne Sarah Slean. Le jour même où, dans la presse montréalaise, on parlait justement de son public peu considérable dans la Belle province. Et bien, de toute évidence, des admirateurs la belle chanteuse en a par chez nous, et c’est donc dans une ambiance chaleureuse, intime et des plus positives qu’elle et son groupe ont offert un spectacle quasi parfait.

Dernier arrêt de la tournée canadienne Land & Sea, servant à promouvoir l’album double du même titre, ce qui aurait pu être une soirée fatiguée et bâclée s’est plutôt avérée des plus réussies. Vêtue d’une longue robe rouge (dans un décor tout de rouge également – « I’m drowning in a sea of red!», dira-t-elle plus tard), Sarah Slean est apparue sur scène avec ses musiciens et a interprété d’emblée quatre titres du nouvel album.

Life et Everybody’s On TV, très dynamiques, ont donné avec vigueur le coup d’envoi du spectacle.  Et celui-ci fut impeccable du début à la fin, mis à part les éclairages hésitants (qui ont plongé dans le noir la scène pendant quelques secondes, ce que Sarah Slean a tourné en farce).

Sarah Slean aime l’interaction avec le public et entre chaque chanson, celui-ci a eu droit à une histoire. « Imaginez que tout au long de votre vingtaine, vous amassez des briques dans une valise. Parfois c’est vous qui mettez une brique, parfois ce sont vos parents, et parfois vos soi-disant amis. Et à l’aube de la trentaine, vous vous rendez compte que le tout est très lourd à porter, et qu’au lieu de la traîner, vous pouvez tout simplement déposer cette valise pleine de foutaises (suitcase full of bullshit) ». C’est sur ces mots qu’elle a introduit Set It Free, le premier extrait du nouvel album.

 

Contrôle total de son instrument

Sarah Slean est une chanteuse accomplie, qui chante depuis sa tendre enfance. Le contrôle qu’elle exerce sur son organe vocal est total. Il n’y a aucune faille à son interprétation. Sa voix peut être parfois feutrée (la très soul I Am A Light), parfois criarde (la colérique Pilgrim) ou encore très douce, voire éthérée (The Right Words, s’accompagnant seule au piano, un très grand moment…). La chanteuse excelle également d’ailleurs au piano, qu’elle n’a quitté que très rarement durant le spectacle.

La sono – impeccable – de la petite salle a permis à l’audience de capter chacune des intonations et des subtilités du chant de l’interprète.  Objectivement, il est très difficile de trouver quoique ce soit à redire sur cette performance.

L’enthousiasme au sein de la formation était palpable, et la chimie entre eux était visible. Mis à part peut-être Paul Mathew à la basse, seul dans son coin, totalement impassible (ce qui n’enlève rien à son talent), le reste du groupe démontrait une réelle joie d’être ensemble. Derek Downham à la guitare fut très démonstratif. Affublé d’un chapeau, il a dansé, a fait bouger sa guitare avec fougue lors de ses quelques solos (notamment sur la jouissive Girls Hating Girls, où tout le groupe s’est déchaîné, ou encore sur California), et a joué également des claviers.

Quant au batteur Lyle Molzan, son jeu précis et dosé a supporté impeccablement l’ensemble.

 

Une autre femme

Mais le plus bel ajout à la formation – et il s’agît d’une première dans la carrière de Sarah Slean – demeure la présence d’une autre femme, Karen Kosowski. Guitariste, claviériste et chanteuse, la fort talentueuse musicienne offre sur scène la répartie vocale à Sarah Slean, ce qui n’est pas facile.

Recréant parfaitement les chœurs que l’on retrouve sur les disques, Kosowski rehausse la proposition du groupe en donnant plus d’ampleur à l’ensemble. Lorsqu’elle a accompagné seule Sarah Slean sur My Eyes & Your Eyes (qui fut précédée d’un captivant récit se déroulant à Paris), tous les yeux (et les oreilles) étaient rivés sur les deux femmes. De même, au milieu de la pièce When Another Midnight, les deux chanteuses ont offert un splendide duo vocal à donner des frissons.

Le spectacle a bien été divisé entre les nouvelles pièces de la chanteuse et son répertoire plus ancien. Hormis son grand succès Sweet Ones qui ne fut pas joué, la grille de chanson avait tout pour plaire aux admirateurs de Slean.

Terminant avec la magnifique Amen, aux légers accents disco, la charmante interprète a su mettre le sourire aux lèvres du public, et ce, tout au long de la soirée. Un magnifique spectacle, livré par une artiste au sommet de son art, et qui maîtrise parfaitement le produit qu’elle présente.  Difficile de trouver quoi que ce soit à redire lorsque la présentation est aussi soignée et plaisante.

* À lire dans les prochains jours sur Sorstu.ca, notre entretien récent avec Sarah Slean, où elle traite de son plus récent album, de la tournée qui vient de se terminer et d’autres sujets divers.

 

Grille des chansons:

1. Life
2. Everybody’s On TV
3. Set It Free
4. I Am A Light
5. Duncan
6. Notes from the underground
7. Get home
8. The Right Words
9. Pilgrim
10. My Eyes & Your Eyes
11. Euphoria
12. New Pair of Eyes
13. The Day We Saved The World
14. Girls Hating Girls
15. Society Song
16.California
17. Sound Of Water

Rappel

18. When Another Midnight
19. Amen

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