Black Sabbath

Critique | Black Sabbath débarque à Montréal

C’est fou comme les mentalités peuvent changer en 45 ans. À l’époque de leur tout premier album homonyme, les musiciens de Black Sabbath étaient considérés comme des suppôts de Satan, de dangereux dégénérés honnis par les parents et les groupes religieux. Une menace pour la jeunesse influençable. Et de nos jours, il n’y a pas plus fédérateur comme groupe métal…

Nous étions plus de 13 500, lundi soir, à préférer un bon vieux concert classique des pionniers du heavy métal plutôt que de suivre les élections à la télé. Autant de gens à choisir la sale gueule d’Ozzy au lieu de la tronche triomphante de Couillard.

Bon d’accord : c’était principalement du mâle trentenaire ou quarantenaire. Le ratio cheveux longs dépassait largement la moyenne habituelle, et le cuir avait la cote, ce qui n’est pas courant en 2014.

Mais force est d’admettre que Black Sabbath ratisse large et fascine les foules. Et même s’ils ont les deux pieds fermement dans la soixantaine, Ozzy Osbourne, Tony Iommi et Geezer Butler en mettent encore plein la vue.

Le vieux Ozzy, qui faisait jadis peur au monde, rappelle maintenant ce vieil oncle bizarre qui ferait tout pour rendre tout le monde de bonne humeur. Sur scène, il n’a pas la fluidité sur scène d’un Mick Jagger, admettons, et sa voix déraille souvent de la note juste, mais on s’en tape : c’est Ozzy, il saute, court, interpelle la foule sans arrêt.

Et les musiciens performent comme au bon vieux temps. Geezer Butler – l’inspiration de bien des apprentis bassistes – attaque les cordes avec fougue et brio, alors que Tony Iommi multiplie les solos de guitare impressionnants et les riffs classiques du band.

Côté batterie, on s’ennuie de Bill Ward ?  Soyons honnêtes : pas du tout. Tommy Clufetos remplace haut la main et s’intègre parfaitement au trio. À l’écouter battre la cadence sur Under The SunFairies Wear Boots ou lors d’un (beaucoup trop long) solo, il joue du feu des dieux. Ward peut rester chez lui à bouder, on n’a vraiment pas besoin de lui dans ce groupe.

Un batteur solide, un bassiste en pleine forme, un maître guitariste et Ozzy qui chante War PigsParanoid et autres N.I.B., on n’a pas besoin de mieux pour ravir un public nostalgique, bien servi pour un groupe bien conscient des forces de son répertoire.

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Photo par Pierre Bourgault.

Sabbath rencontre les médias

Il n’y a pas que la nostalgie qui fonctionne chez Black Sabbath : le plus récent album du groupe, 13, a aussi récolté de bonnes critiques et les ventes ont été fructueuses. La preuve : Universal Music profitait du passage du groupe à Montréal pour remettre une plaque aux trois membres originaux soulignant la certification platine au Canada, lors d’une conférence de presse tenue au Centre Bell, quelques heures avant le concert.

Ozzy, Geezer et Iommi ont profité de l’occasion pour répondre à quelques questions d’une poignée de journalistes, et revenir sur la pertinence de ce nouveau disque, premier album de matériel original depuis Forbidden en 1995.  Ce n’est pas que le groupe n’avait pas essayé plus tôt d’écrire du nouveau matériel, mais cette fois, les chansons coulaient d’elles-mêmes et l’inspiration s’est pointée sans que ce soit forcé. « Avant, nous tentions d’écrire des chansons et nous frappions un mur, racontait Ozzy. Mais cette fois, nous avions compris qu’il fallait laisser aller les choses. »

Ozzy souligne également l’apport du réalisateur Rick Rubin, qui « avait une bonne idée de ce que nous souhaitions faire. Souvent, les réalisateurs vous imposent une vision, c’était l’inverse cette fois. »

Les trois membres s’entendent pour dire que le plaisir de composer ensemble était revenu, et c’était là l’élément déclencheur. Évidemment, dans la soixantaine, ce n’est plus « drugs, sex & rock’n’roll », mais plutôt « chocolat chaud, vitamines et se coucher tôt », comme le soulignait Iommi.  Ozzy a déridé le petit groupe de journalistes lorsqu’on lui a posé la question « what do you guys do for fun ? » en répondant promptement :  « Masturbate ! ».

Le groupe n’est pas fermé à l’idée de refaire un autre disque dans un avenir rapproché. Ozzy n’exclut pas non plus l’idée de refaire un album solo, mais « pour l’instant, je suis avec Black Sabbath, et c’est ce qui m’occupe en ce moment ».

Photo par Pierre Bourgault.

Photo par Pierre Bourgault.

 

Photos en vrac (de la conférence de presse)
par Pierre Bourgault

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