Critique album | Southern Culture on the Skids – Dig This

Southern Culture on the Skids - Dig This Southern Culture on the Skids Dig This

Cela fait maintenant 30 ans que le trio américain Southern Culture on the Skids roule sa bosse dans le monde du surf rock et de la chanson typique du sud des États-Unis.  Les voici à nouveau avec une relecture de leur album de 1994, Ditch Diggin’.

Il n’est pas nouveau qu’on voit un artiste ou une formation ré-enregistrer au complet un album de son répertoire.  Twisted Sisters l’a fait, par exemple, en 2004 en recréant son classique Stay Hungry.  Par contre, dans les deux cas, on peut se demander à quoi cela peut-il bien servir.

Arborant le nouveau titre Dig This, et avec une séquence de chansons réorganisée (ainsi que deux titres en moins, The Great Atomic Power des Louvin Brothers et Jack the Ripper de Link Wray), ce brassage de vieux matériel n’apporte rien de neuf. Si le chanteur et guitariste Rick Miller a toujours la même énergie, sa voix n’a plus la souplesse de ses jeunes années. Et elle se perd souvent dans le mix – sur My House Has Wheels, elle se perd dans un effet d’écho qui amortit le punch des paroles.

Beaucoup de place est laissée aux instruments, qui se déploient avec plus de dynamisme que sur l’enregistrement original. La basse de Mary Huffs, tantôt ronflante (The Little Things, Ditch Diggin’) tantôt percussive (Chicken Shit Farmer) est bien mis en évidence par la réalisation soignée.  Le jeu diversifié de Dave Hartman à la batterie est également mis en valeur, chaque coup de baguette sur les peaux et les cymbales étant clairement distinguable (Put Your Teeth up on the Windowsill). Et une grande place est accordée à la guitare de Miller.

Par contre, si tout sonne beaucoup mieux et correspond aux standards d’enregistrement modernes, les chansons en ont perdu leur qualité vintage dans le processus. Inspiré de Dick Dale, Link Wray, The Ventures et plusieurs autres, le style de Southern Culture on the Skids est ancré dans un certain passé, et le son quelque peu « mince » des chansons dans leur format d’origine en 1994 leur conférait un style et une âme que l’on retrouve à peine ici.

Ceci dit, la formation est toujours aussi agréable à écouter et semble toujours en pleine forme. Cependant, on aurait préféré qu’elle nous offre du nouveau matériel plutôt qu’une version remâchée du passé qui ne propose rien de neuf. Bon album, mais inutile effort.

S’il y a bien un avantage à cette relecture, c’est de nous pousser à vouloir redécouvrir l’album original de 1994, qui n’a en rien perdu de ses charmes – au contraire, en vingt ans, il a beaucoup gagné en saveur rétro.

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