BØRNS

BØRNS au Club Soda | Son public méritait mieux…

C’est dans un Club Soda plein à craquer que les premières notes de « God Save Our Young Blood » se sont fait entendre un peu après 21h samedi dernier. Environ une demi-seconde plus tard, c’était au tour de la voix des nombreux spectateurs de rugir pour faire vibrer la salle de spectacle. Si la très longue file à l’entrée ne rendait pas le tout assez clair, cet instant démontrait à lui seul le fait que BØRNS avait déjà conquis le cœur des Montréalais avant même de chanter le moindre mot.


Alors que l’artiste du Michigan fait équipe avec Lana Del Rey sur la version de la pièce qui ouvre son dernier album Blue Madonna, il a pu compter sur plusieurs centaines de choristes pour livrer sa performance sur scène.

C’est donc dire que malgré l’accueil tiède des critiques qu’a reçu Blue Madonna, paru il y a un mois presque jour pour jour, celui-ci a déjà été adopté par ses fans. Ceux-ci semblaient en effet connaître par cœur les paroles de plusieurs pièces.

La personne qui aime le plus ce disque devait toutefois se retrouver non par au parterre, mais bien sur scène. Visiblement très fier de son second opus, BØRNS a débuté le spectacle en enchaînant les douze pièces de celui-ci, dans l’ordre, du début à la fin. Les seules interruptions au plan de match auront été pour s’adresser au public, ainsi que lors d’un court détour lorsque la courte pièce Tension (Interlude) s’est métamorphosée en reprise de la pièce Holiday.

Ce clin d’œil à la « vraie » Madonna a permis de réveiller le public, qui semblait s’être quelque peu endormi en milieu de parcours. C’est que les chansons les plus populaires de Blue Madonna se retrouvent surtout au tout début de l’album. Cela aura permis de débuter le spectacle sur les chapeaux de roue au grand plaisir de la foule, mais aura aussi refroidi quelque peu ses ardeurs avec des pièces moins inspirées et inspirantes par la suite.

La machine bien huilée de BØRNS lui aura peut-être également nui : à vouloir faire un spectacle où rien ne dépasse, Garrett Borns a peut-être oublié de donner un peu de spontanéité et de fougue à sa prestation. Il aurait eu intérêt en effet à être un peu plus imprévisible et à amener ses chansons plus loin sur scène, ce qu’il n’a pas fait.

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Un public amoureux, un artiste frileux

Sans donner un spectacle horrible, BØRNS aurait pu être plus généreux dans son exécution. On ne peut toutefois pas en dire autant du public. Le chanteur a en effet reçu plusieurs cadeaux sur scène durant le spectacle, dont un portrait dessiné au crayon de bois. Il est également difficile de passer sous silence les nombreuses déclarations d’amour qu’époumonaient les spectatrices aux quatre coins de la salle. Avec son style qui tire sur l’androgyne, malgré une coiffure moins luxuriante qu’auparavant, celui qui portait alors une veste florale concordant avec le décor aura au moins su dérober bien des cœurs.

Une fois que les douze pièces de Blue Madonna furent choses du passé, le groupe prit une courte pause avant de revenir à la charge avec sept chansons, dont la plupart tirées de Dopamine.

D’abord seul à la guitare, Garrett s’est fait rejoindre par ses musiciens pour quelques-uns des moments les plus marquants du spectacle. Les performances d’American Money et Electric Love ont particulièrement séduit la foule, qui semblait avoir encore plus d’énergie qu’en tout début de représentation. BØRNS s’est même permis de rallonger cette dernière, qui clôturait du même coup le spectacle au plus grand plaisir de ses fans. C’est le genre de détail qui fait en sorte que de se déplacer pour voir son artiste préféré peut en valoir la peine.

Malheureusement, la nouvelle icône alternative aura attendu à la toute dernière chanson du spectacle pour s’avérer aussi généreux.

Avec un public déjà prêt à l’aduler, BØRNS n’avait qu’à faire le strict minimum pour gagner leur amour : dommage que ce soit précisément ce qu’il a offert.

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Mikky Ekko en mission

Parlant de générosité, difficile de trouver un meilleur exemple que le chanteur louisianais Mikky Ekko, qui assurait la première partie. Si ce nom vous dit quelque chose, c’est fort probablement grâce à son apparition sur le succès Stay de Rihanna, pièce qu’il avait lui-même co-écrite.

 

Il en a d’ailleurs profité pour terminer sa courte performance en chantant cette pièce non pas sur scène, mais directement sur le parterre. Après avoir traversé une barrière de sécurité, celui qui devrait faire paraître un second album sous peu s’est candidement baladé dans la foule, prenant sous son aile quelques spectatrices. Un peu plus et on aurait dû ramasser par terre leurs cœurs qui étaient en train de fondre sous ses yeux.

Le reste de sa performance s’est déroulée sur scène, où le chanteur n’y est pas allé de main morte. S’il avait de l’énergie à revendre en interprétant ses chansons, on l’entendait vaguement essoufflé au micro lorsqu’il s’adressait à la foule, preuve qu’il donnait tout ce qu’il avait en chantant.

Vrai que sa musique, souvent à mi-chemin entre Coldplay et Imagine Dragons, manquait un peu de personnalité, mais on ne peut définitivement pas en dire autant du personnage, qui a su charmer rapidement la foule.

Il n’y a pas de doute que celle-ci était bien réchauffée pour l’arrivée de BØRNS quelques instants plus tard…

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