Mike Ward

Bluesfest d’Ottawa 2015 – Jour 3 | Kanye West fait ce qu’il sait faire de mieux

Tout comme pour Glastonbury, il y avait carrément une pétition contre la venue de Kanye West au Bluesfest d’Ottawa. Ça n’a pas empêché l’Artiste de s’y produire. Ça n’a pas empêché près de 25 000 fans de s’y rendre. Ça n’a pas empêché l’événement d’être grandiose, à sa façon. Ça n’a rien empêché du tout, finalement…


N’en déplaise aux détracteurs, Kanye West était en ville. Sa dulcinée Kim-la-pas-fine aussi, pour ceux que le jet-set intéresse, assise dans la section V.I.P. avec Chance The Rapper et le capitaine des Sénateurs d’Ottawa, Erik Karlsson. Même le divin Messie – le vrai, là – ne voulait pas manquer ça.

Aperçu au show de <a href='/artiste/kanye-west/' >Kanye West</a> : le Christ notre Seigneur.

Aperçu au show de Kanye West : le Christ notre Seigneur.

Et heureusement, Kanye a proposé ce qu’il fait de mieux : peu de bla bla, beaucoup de hits et d’énergie, et un effet boeuf sur la foule en liesse. On l’a même vu sourire à quelques occasions. Une rareté, lui qui conserve sa légendaire baboune beau temps mauvais temps, d’habitude.

Elle est en soi un spectacle, cette foule de Kanye. Cordés comme des sardines, les jeunes gens qui foulaient les Plaines Lebreton étaient prêts à tout pour vivre l’expérience, dans la moiteur et l’exiguïté. C’était carrément suffoquant ; le moindre pouce carré d’espace était négocié au jeu de coudes.

Il est arrivé 20 minutes en retard – pas si mal dans les circonstances – et a semé l’émoi dès les premières notes de Stronger. Vêtu comme un pellerin jedi version bling-bling, il multipliait les pauses dramatiques sous son imposant quadrillé de projecteurs qui le surplombait. À travers la brume de la glace sèche, les effets d’éclairage étaient assez saisissants. Tous les projecteurs sur lui, quelle belle analogie.

 

Moins d’ego, beaucoup de hits

Contrairement à ses habitudes, il n’a pas étiré inutilement ses discours (qui ont parfois atteint jusqu’à 40 minutes par le passé), se contentant de lancer quelques flèches à « ces artistes qui font des compromis pour plaire aux corporations et pour l’argent », envoyant paître ses détracteurs et déclarant pompeusement :

There’s a lot of great music out there, but there’s only one motherfucking KANYE WEST!

Heureusement. Deux egos de cette taille feraient basculer le centre gravitationnel de la Terre et dérègleraient les mouvements de marées.

Mais dans l’ensemble, il s’est tenu tranquille ; c’était de la chanson mur à mur, et de la grosse bombe à part ça : PowerBlack Skinhead, All Day, Cold, Clique, New Slaves, Blood On The Leaves, Runaway, même I Don’t Like de Chief Kief.

C’est vers 22h30 qu’il a compris que le temps pressait, et plutôt que de faire à sa tête et de prendre son temps, il a enchaîné rapidement les hits suivants pour crinquer la foule encore plus : All Falls Down, Gold Digger, Touch the Sky, All of the Lights, Good Life, Can’t Tell Me Nothing, Niggas in Paris… Il faisait signe au DJ d’accélérer.  Pas le temps de faire les chansons au complet, il fallait en empiler le plus possible. No Church In The Wild, du projet Watch The Throne, et Jesus Walks. On enchaîne, on enchaîne.

Même avec cette approche, Kanye a défoncé allègrement le couvre-feu de 23h, une rareté au Bluesfest. Après tout, qui aurait le courage de tirer la plug sur Kanye ? Mais après Run This Town et la douce Only One (qu’il avait lancée en duo avec Paul McCartney en janvier dernier), ça en était terminé. Même s’il était 23h20, on aurait dit que tout le monde s’attendait à un rappel… qui n’est jamais venu.

Pas la conclusion la plus spectaculaire, mais bon, il ne manquait plus grand morceaux marquants du répertoire de toute façon – à part Bound 2.

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Chance The Rapper

Environ une heure et demie avant d’être présenté comme « l’un des plus grands talents de sa génération » par Kanye, le rappeur de Chicago, Chance The Rapper, était sur la même scène, et mettait les fans en appétit.

Première présence à Ottawa pour le jeune Chancelor Bennett, qui se réjouissait que ce soit dans le cadre d’un festival, « et que Kanye ait apporté autant de monde! ».

Il nous a semblé beaucoup plus créatif musicalement qu’au niveau des rimes. Mais c’est tout de même un sapré bon entertainer, charismatique et articulé.

Son petit numéro de danse durant la chanson Everything’s Good était aussi très charmant.  Avec un tel jeu de pieds, on avait presque peur qu’il s’en foule une cheville. On l’imaginait déjà retourner backstage et se faire suggérer par son équipe de consulter rapidement un podiatre

Oh, et il y avait aussi le groupe Marianas Trench, entre Chance et Kanye, mais euh… On a laissé faire. De toute façon, la foule se compactait déjà devant la grande scène, et il semblait évident que ce serait impossible de se faufiler à temps pour le grand événement. Dommage. (Pas dommage).

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