crédit photo: Morgane Dambacher
Claudelle

Bayta, Olivia Khoury et Claudelle à la Casa del Popolo | Feutrée, jazzée et douce

Le temps est grisâtre, l’été montre des signes de fatigue, et la salle (quoique forte agréable) est petite et sombre. C’est l’ambiance qui régnait avant que le bouquet de trois auteure-compositrice-interprètes (Bayta, Olivia Khoury et Claudelle) viennent, chacune à leur manière, égayer la soirée de leur délicate sonorité pop, parfois aérienne, parfois jazzée.

La princesse de Laval qui n’a encore jamais foulé une scène lavalloise

C’est la Lavalloise Mariève Harel-Michon qui ouvrit la soirée de sa chaude voix feutrée pour nous présenter son projet Bayta. Accompagnée de Reno McCarthy à la guitare pour les deux premiers titres et seule devant son Casio (on va y revenir) pour les cinq titres suivants, c’est une version épurée de son univers pop ouaté que nous avons pu apprécier.

Forte de dix années de carrière en musique et plus de seize albums enregistrés en collaboration avec une bonne douzaine d’artistes, Bayta a gravé sur son premier album solo Roche humaine (paru en 2022) un témoignage de ses rêves et de ses souvenirs d’enfance.

La salle étant propice aux confidences (disons le, la plupart des personnes présentes connaissaient personnellement un ou l’autre des musiciens et musiciennes de la soirée), Bayta a su habilement, par ses charmantes interventions, agrémenter sa présence sur scène en nous partageant un peu de son intimité. Elle a par exemple raconté que Sur l’horaire est née d’un crush pour un collègue alors qu’elle était employée d’une librairie commerciale bien connue, nous a confié que le Casio qui l’accompagnait avait été dérobé à sa sœur au chalet familial et qu’elle attendait encore l’opportunité de se présenter pour la première fois sur une scène lavalloise, son chez soi.

On apprécie le défi que représente de dérober des compositions pour les réduire à leur plus simple expression et, quoique son chant aurait pu faire preuve de plus d’assurance (surtout dans les notes plus basses), les textes, la présence sur scène et la voix feutrée de Bayta nous ont fait passer un bon moment. Plusieurs live sessions devraient voir le jour dans la prochaine année, c’est donc à surveiller.

 

Rêver de grands espaces avec Olivia Khoury

Même si la salle du boulevard Saint-Laurent nous coupe complètement du monde extérieur par son absence de fenêtres, je me suis surprise au cours de la soirée à m’imaginer être confortablement allongée dans un lumineux et somptueux paysage, bercée par la douce brise. On pourrait penser que c’est la nostalgie de l’été qui me jouait des tours, mais c’est plutôt la voix et l’univers musical de Olivia Khoury qui m’y a transporté lors d’une prestation évoquant la grandeur de la nature et l’introspection. Une performance toute désignée pour un spectacle au Cap-Bon-Ami aux aurores ou au Parc botanique à Fleur d’eau en fin d’après-midi … avis aux programmateurs du Festival Musique du Bout du Monde de Gaspé et à ceux du festival de musique émergente à Rouyn-Noranda.

Dixième arrêts d’une tournée québécoise de douze dates visant à promouvoir son dernier EP Portraits paru plus tôt cette année, c’est en complète maîtrise de ses moyens que s’est présentée l’artiste multidisciplinaire montréalaise. Chantant parfois en français, parfois en anglais, sa voix à la fois tonifiante et soyeuse est capable d’un large registre, ce qui lui permet de justes et belles envolées vocales plus complexes.

L’espace sonore de celle qui est aussi danseuse à ses heures, talent d’ailleurs mis à profit dans ses vidéoclips, évoque des paysages, des textures veloutées et nous touche l’âme. Ses compositions pop-folk indie flirtent, trop timidement parfois, avec le jazz. Car c’est justement cet univers sonore métissé aux multiples influences qui nous a conquis.

Hier, on a particulièrement aimé les titres Waiting, Retrouvée et Seek. On vous recommande fortement d’aller découvrir Oliva Khoury à l’Île-des-Moulins à Terrebonne ce dimanche (27 août).

Du nouveau matériel pour Claudelle

Alors qu’on se faisait justement la remarque que la salle rendait très bien les arrangements musicaux dépouillés des deux premières parties, le test de son tout juste avant l’entrée en scène de l’acte final a semé l’inquiétude sur la qualité de la sonorité à venir. Une inquiétude justifiée puisque dès les premières notes on entendait un grésillement (provenant probablement d’un branchement défectueux) et la balance du son a eu du mal à s’ajuster aux nouveaux musiciens sur scène. Heureusement, le tout s’est lentement corrigé au cours des minutes qui ont suivi, mais on ne peut s’empêcher de penser que la qualité de la soirée aurait été grandement rehaussée si le son avait été impeccable.

Quoi qu’il en soit, c’est accompagnée de Gabrielle Legault (Titelaine) au cœur, clavier, synthétiseur et autres quincailleries électroniques et de Marc-André Labelle (Pandaléon) à la guitare, que Claudelle est montée sur scène présenter quelques titres de son plus récent album (Les dahlias ne meurent pas, 2021) et du nouveau matériel de son EP à paraître au printemps 2024. Un microalbum qui, aux dires de l’auteure-compositrice-interprète originaire de Sainte-Adèle (mais Montréalaise d’adoption depuis plusieurs années) est inspiré de sa récente maternité. Si on en juge par les extraits présentés, on y retrouvera la douceur caractéristique de la voix de Claudelle, ainsi que des textes sur le doute, la peur d’une nouvelle vie qui commence et l’amour inconditionnel pour ses petits êtres qu’on met au monde.

Les nouveaux morceaux étant toujours plus difficiles à apprécier sur scène que ceux qu’on connait déjà, c’est durant les extraits de l’album Les dahlias ne meurent pas (Magie Blanche, Sous les mêmes étoiles) que les réactions des personnes présentes étaient les plus fortes, comme ce fût notablement le cas lors de Ciel diamant, un titre au refrain pop enlevant qui nous fait décoller puis atterrir en tout en douceur. À surveiller du côté de Claudelle, le simple Faire comme si qui devrait sortir le 15 septembre prochain.

 

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