Animal Collective

Animal Collective au Théâtre Corona | Toujours aussi buzzés

Bien qu’il ne soit plus le buzz du moment, Animal Collective n’en demeure pas moins toujours aussi buzzés, comme on a pu le constater samedi soir au Corona.


Lors de leur dernier passage à Montréal, Animal Collective jouait au Métropolis. La mise en scène était assez hallucinante merci : c’est comme si le groupe jouait carrément dans une immense bouche, avec des grosses dents géantes en haut et et bas de la scène.

C’est ce qui est pratique avec Animal Collective ; pas besoin de prendre de drogue. Les concerts du groupe nous procure à peu près les mêmes ressentis, sans les effets secondaires ni le potentiel bad-trip.

Toujours est-il que le quatuor de Baltimore était bien en vue dans le milieu de la pop expérimentale il y a quelques années, et semblait avoir réussi une percée au-delà des cercles d’aficionados du art rock. Animal Collective serait-il sur la pente descendante ?

En tout cas, en terme de créativité, pas du tout. Le huitième et plus récent album du groupe, Painting With, démontre une exploration encore totale des formes possibles de la pop expérimentale. Si le single FloriDada est peut-être l’extrait le plus « accrocheur » que le groupe ait produit dans sa carrière, il y a encore et toujours de l’audace, de l’originalité et des tentatives franchement frondeuses du côté du collectif animal. On a pu le constater samedi soir, puisqu’environ la moitié de la grille de chansons était meublé du contenu de Painting With.

« C’est un peu comme si trois chansons jouaient en même temps », faisait remarquer un spectateur devant nous. C’est assez bien résumé, par moments. Animal Collective affectionne particulièrement les superpositions improbables, tant sur le plan rythmique que mélodique (surtout dans les harmonies de voix à la Beach House, où les deux voix se répondent souvent de manière presque chaotique, mais finalement très contrôlée). Ça fonctionne comme par magie, et les musiciens s’y retrouvent complètement. L’auditeur n’a d’autre choix que de laisser la troupe prendre le gouvernail et nous mener dans leurs contrées étranges, où rythmes tribaux, beats électros et chant Barbershop font bon ménage.

La mise en scène est toujours un petit bijou avec Animal Collective. Cette fois-ci, le décor était peuplé de trois grosses têtes dadaïstes, et un arrière-plan aux formes abstraites, mais découpées avec de gros traits, ce qui permettait aux projections de s’insérer dans les différents espaces et de suivre les formes tracées. Au-devant de la scène, trois toiles du même genre sont disposés devant chacun des musiciens, et des projections viennent aussi s’y poser. Quelques formes (un oeil, des ciseaux, etc.) sont également suspendues du plafond. C’est assez psychédélique merci, mais pour tout voir, il faut pratiquement prendre un peu de recul. Au parterre, difficile de percevoir l’ensemble. Les gens au balcon avaient carrément la meilleure vue.

Bref, Animal Collective n’a peut-être pas exactement le vent dans les voiles comme lors de leurs belles années de Merriweather Post Pavillion, vers 2009, mais les adeptes peuvent faire confiance à Panda Bear, Avey Tare et Geologist, qui sont toujours aussi pertinents et persistent à en mettre plein la vue et les oreilles, tant sur disque qu’en spectacle.

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Première partie : Jackie Lynn en transe

La soirée avait été lancée par une prestation de Circuit des Yeux, alias Jackie Lynn, en solo avec sa guitare acoustique douze-cordes et ses pédales à effets. Si la prestation était un peu somnifère en entrée de jeu, son ton de voix si particulier a tôt fait de captiver l’auditoire, en route vers une finale tonitruante, étrange, voire dérangeante.

Tout en contrôlant l’effet de Larsen de sa guitare sous l’effet d’une amplification, Lynn y allait de grands cris, semant en nous un tiraillement de sentiments, un mélange d’effroi et de grâce.

Une expérience pour le moins fascinante.

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