Festival Acadie Rock

Acadie Rock 2016 | Un grand tintamarre et un tchinze août mémorable

« Vous savez ce qui rocke ? Célébrer, un lundi soir! Une bonne main d’applaudissement pour le mardi matin le moins productif de l’Histoire ».

Le présentateur des groupes sur scène (et président du C.A.) Marc Gauthier n’avait pas tort. Souligner sa Fête nationale un lundi soir, quand ladite Fête nationale n’est pas un congé férié, c’est un peu chercher le trouble. Du moins, ça le serait à bien des endroits, mais pas à Moncton. Des milliers de personnes (francos comme anglos) se sont pointées au parc riverain sur le bord de la rivière Petitcodiac pour fêter solide, au son des artistes que nous présentait le festival Acadie Rock. Jusqu’à très tard. Et sans réserve.

Sors-tu.ca y était, à l’invitation d’Acadie Rock, et peut témoigner qu’un Quinze août à Moncton, c’est pas de tout repos (dans le bon sens de l’expression).


D’abord, il y avait le grand Tintamarre, une tradition acadienne qui consiste à faire le plus de bruit possible tout en déambulant dans les rues de la ville. À 18h pile, dans diverses villes acadiennes, ça fessait sur des casseroles, soufflait dans des trompettes et criait à tout rompre pour souligner le fait que, hey, l’Acadie existe et s’exprime. C’est ainsi à Dieppe, Caraquet, et bien entendu, Moncton. Petits et grands, et ados, et jeunes adultes se côtoyaient, drapés des couleurs acadiennes et célébraient la joie de vivre dans une manifestation festive qui n’est pas sans rappeler l’épisode québécois des casseroles du printemps 2012 au Québec, mais sans les casseurs et autres fouteux de trouble.

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La parade partait du Centre Culturel Aberdeen, dans le nombril de la ville, et aboutissait sur le bord de l’eau, où Arthur Comeau – ancien membre de Radio Radio et artiste solo depuis quelques années – jouait au DJ sur une grosse scène qui allait plus tard accueillir Les Hôtesses d’Hilaire, A Tribe Called Red, Karim Ouellet, Les Hay Babies et un dénommé Marc à Paul à Jos.

Marc à Paul à Jos

Ce dernier n’est pas originaire du Nouveau-Brunswick, mais bien de la région de Clare en Nouvelle-Écosse. « Vous êtes chanceux d’avoir une province bilingue, je vas vous dire, lance-t-il à la foule qui, somme toute, acquiesce. Parce que par chez nous, c’est bin différent… »

Plusieurs l’ont découvert récemment grâce à cette vidéo qui a connu un certain succès viral, en grande partie grâce à La Clique du Plateau, qui peine visiblement à comprendre un accent issu de l’extérieur du Montreal-Centre.

En vérité, le jeune homme habite maintenant Vancouver et s’exprime très clairement – on raconte même qu’il est ingénieur mécanique dans la vraie vie – mais son personnage sur scène est celui d’un artisan country-folk aux cheveux longs et aux pétalons de cuir, qui s’amuse ferme avec la parlure des francophones de l’Atlantique (fouillant souvent même le folklore profond) sans vraiment s’en moquer.

Ses chansons, jouées à la mandoline avec un band qui ajoute tout juste un peu de coffre au tout, sont plutôt sympathiques, drôles et habiles. Les jeux de mots sont nombreux et sa façon de tourner le chiac de Baie-Sainte-Marie en poésie du quotidien est assez impressionnante.

Il reviendra d’ailleurs plus tard pour jouer un deuxième set, marqué notamment par la présence de Serge Brideau, leader poilu des Hôtesses d’Hilaire.

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Du nouveau Hay Babies

Tout juste après lui, les Hay Babies sont venu présenter des chansons connues de leur répertoire, mais aussi quelques titres tous neufs, qui paraîtront sur un nouvel album à venir en octobre, dont une très bonne chanson intitulée Deux Sandwichs, un rock’n’roll rétro du nom de Johnny Boy et la plus bluesy Baby Back à Genoux. Ce deuxième album sera lancé à la mi-octobre sous l’étiquette Simone Records, et un lancement à Montréal devrait avoir lieu dans ces mêmes temps.

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La fête se poursuivait avec Karim Ouellet, qui ajoutait au sentiment jubilatoire avec ses chansons pop, la présence de sa soeur Sarahmée, la chorale d’enfants à qui il a fait appel et son costume animalier, avant de faire place au deuxième set de Marc à Paul à Jos, puis du trio de DJ A Tribe Called Red.

« C’est tout à fait dans l’esprit du festival d’accueillir A Tribe Called Red », nous confiait plus tôt le directeur artistique du festival, Marc « Chops » Arsenault. Acadie Rock se veut une célébration de la francophonie en Acadie, bien sur, mais aussi un symbole d’union et de bonne entente avec les Anglophones et les Premières Nations.  C’est pourquoi, à chaque année, au moins un artiste anglophone figure à la programmation d’Acadie Rock, mais cette année, le grand coup, c’était d’inviter DJ NDN, Dan General et Bear Witness.

Originaire d’Ottawa, A Tribe Called Red est le parfait groupe à inviter pour lancer ce message. Remixant habilement la musique tribale amérindienne au goût du jour avec des projections assez habiles de pow-wow, de cartoons amérindiens et d’images d’archives étranges (comme The Ultimate Warrior) et des chorégraphies semi-improvisées d’une danseuse amérindienne, A Tribe Called Red fait danser et lever la foule à tout coup. Plusieurs ont tenté de mettre cette approche musicale traditionnelle à la saveur électro, mais peu ont réussi le tour de force comme A Tribe Called Red.

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La soirée se concluait avec Les Hôtesses d’Hilaire, qui ont débuté leur spectacle avec une mise en scène loufoque, genre de satire de l’Histoire des Acadiens et du sacro-saint Évangéline.

Après quelques bouffonneries de bons tons, Les Hôtesses d’Hilaire sont passés aux choses sérieuses avec leurs chansons prog-rock’n’roll, le tout costumé et avec l’habituelle dégaine drôlette du chanteur Serge Brideau.

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On dit que la soirée s’est conclue après cela, vers 1h du matin, mais en réalité, le party ne faisait que commencer. Ça se poursuivait dans un after-party avec des DJ et tout le tralala. Comme quoi Éric Cormier avait bien raison : le mardi matin allait être l’un des moins productifs de l’Histoire pour les fêtards acadiens.

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