Entrevue avec Yelle | Un troisième album et une tournée en Amérique du Nord

Yelle sera en concert mardi soir au Théâtre Corona à Montréal pour présenter son 3^ème  album Complètement Fou sorti fin septembre. Sors-tu.ca a eu la chance de rencontrer la chanteuse du groupe Julie Budet, enthousiasmée par la tournée et la sortie du nouvel album du groupe.

 

Une tournée Nord-Américaine à succès

Le groupe français composé de Julie Budet et de Grand Marnier, (alias Jean-François Perrier), a entamé une tournée nord-américaine au début du mois d’octobre. Très populaire de ce côté de l’Atlantique, Yelle s’arrête à Montréal, une ville où le groupe se sent comme chez lui après l’immersion dans la culture américaine à New York, Boston ou Philadelphie. « C’est marrant parce qu’il y a vraiment ce truc, quand on fait une tournée aux Etats-Unis on est un peu immergés dans une ambiance, une culture. Et ça fait chaud au cœur de se retrouver avec des francophones pendant quelques heures »

Ce succès aux Etats-Unis est justement un sujet de questionnement quant aux différences que Yelle peut ressentir chez ses publics anglophone et francophone. « Dans des moments plus lents du concert où on fait des morceaux dans lesquels les textes prédominent un peu plus, on sent qu’il y a de la concentration, que les gens sont attentifs, vraiment en train de comprendre alors qu’avec un public anglophone c’est juste un moment un peu plus cool. Les gens sont là, ils regardent, mais comme ils ne comprennent pas forcément tout ce que je raconte, ils ne sont pas aussi attentifs. ». Ce décalage entre ces différents publics à amener le groupe à créer sa propre application Yelle Translator, qui permet aux non-francophones de traduire les chansons de ce 3^ème opus Complétement Fou.

L’accueil de ce nouvel album a été très positif en Amérique du Nord, et Julie Budet est vraiment contente du résultat, qui est toujours sujet de stress avant le début de la tournée. « C’était très agréable de voir que les gens connaissaient déjà les nouveaux morceaux, qu’ils réagissaient  quand on commençait à jouer les premières notes. »

Un album aux multiples collaborations

Complétement Fou est le troisième album de Yelle, groupe qui a connu le succès avec Je veux te voir, et bien sûr grâce à la collaboration sur Parle à ma main avec Michaël Youn. Album plus mûr que les précédents, la chanteuse nous dévoile que l’écriture de ce nouvel opus  a pris environ 1 an et demi.

Le groupe a d’ailleurs été produit par un nom bien connu du domaine pop, Dr Luke (qui a produit Katy Perry, Pink entre autres). Le producteur américain qui leur avait proposé de faire quelques sessions dans son studio, a vite plu au groupe « La première fois qu’on est allés aux Etats-Unis ce n’était même pas dans l’optique de faire un album, on s’est juste dit qu’on allait faire un morceau avec Dr Luke, que si ça trouve ça serait bien mais pas forcément. Quand on est rentrés on s’est dit qu’on avait peut-être de quoi se pencher sur un nouvel album ! »

On peut ressentir la patte de Dr Luke sur l’album, qui a permis au groupe de se pencher plus amplement sur les mélodies. « On avait toujours à cœur de mettre les mots en valeur, et pour Dr Luke l’important dans la musique est la mélodie, c’est vraiment le squelette du morceau. Il nous a appris à mettre en valeur la composition ».

Cet album a également été l’occasion pour Yelle d’inviter Tacteel de TTC à collaborer à l’écriture des textes. « Il y a quelques années on a découvert qu’il (Tacteel) avait pris une autre direction, qu’il avait son projet solo, qu’il chantait, composait dans un style où on ne l’attendait pas forcément en faisant de la chanson pop avec beaucoup de légèreté et de double sens. » Le groupe a alors contacté l’artiste pour savoir s’il souhaitait participer à l’écriture de Complétement Fou. Tacteel a accepté et est donc venu passer une semaine en Bretagne. « On s’est rendus compte qu’en mangeant ensemble, en regardant la télé, en allant voir un spectacle, tout était assez évident avec lui. Et pour nous c’est important d’avoir une relation humaine avant de travailler ensemble. »

Donner la pêche

Sur Complètement Fou, l’auditeur se sentira submergé par des émotions très positives. Même si certains textes sont plus sombres, le rendu de ce 3^ème album est néanmoins ce que l’on peut associer au style de Yelle : un côté très léger qui nous met de bonne humeur. Julie Budet trouve ce côté enjoué presque évident pour elle « Je suis quelqu’un de très positif, et j’ai envie de dégager ce sentiment, de faire vivre de bonnes émotions chez les gens. C’est aussi ce que je vais rechercher chez des artistes. Je veux qu’ils me dynamisent, mais pas juste parce qu’ils disent « Let’s party on the dancefoor » Il faut que les textes me touchent aussi ».

On retrouve également sur cet album un thème souvent abordé chez Yelle : la sexualité. N’essayant pas d’être provocant, mais plutôt de relater la vie de tous les jours, le groupe a d’ailleurs intitulé deux chansons sur l’album « Nuit de Baise 1 » et « Nuit de Baise 2 ». Ce côté sans tabou est en effet un aspect primordial selon Julie Budet :  « On est une génération où il est plus simple de parler de sexualité, en parlant d’amour mais aussi juste de sexualité comme un acte de partage et de plaisir. C’est un sujet dont on parle entre copains, en couple, dans les médias. Tant que ce n’est pas parler de sexe pour parler de sexe, alors je trouve cela normal, et ça me touche ».

Petits clins d’œil

Dans l’album de Yelle on peut entendre quelques références à des artistes bien connus en France, comme Richard Gotainer, qui a entre autre chanté La Sampa (une chanson qui a bercé l’enfance des français nés dans les années 80-90). Julie Budet nous raconte d’ailleurs que le chanteur leur a envoyé un email récemment pour lui dire qu’il avait beaucoup aimé l’album et qu’il était très content d’y être cité. « C’était super de recevoir cet email et de se dire qu’il y a une filiation. C’est chouette de pouvoir se dire que ça touche les gens que toi tu admires. »

Le groupe qui se dit inspiré des chansons des années 80-90, que l’on compare également à Lio, fait aussi une petite référence à Etienne Daho dans la chanson Ba$$in, dans laquelle la chanteuse évoque le Weekend à Rome.

Entre la Bretagne et le reste du monde

Le groupe français connaît un franc succès en Amérique de Nord, mais également un peu partout dans le monde, parfois même plus qu’en France. Les voyages dans le cadre des tournées font partie de leur train de vie, et on retrouve d’ailleurs une chanson intitulée Florence en Italie sur ce 3^ème opus. Julie Budet nous a dévoilé  l’histoire de cette chanson « C’est vrai qu’on a eu l’occasion de passer 36h à Florence. Ma mère qui y est allée souvent, a eu à chaque fois une illumination en y allant. A 2h du matin, après le concert, on avait une demi-heure de marche pour aller à l’hôtel. On s’est dit qu’on allait le faire à pied. On est restés une heure-une heure et demie dans les rues car on était submergés par la beauté de la ville, des ruelles, des gens qu’on croisait. C’était magique, on a eu envie d’en parler dans un morceau. »

Malgré tous ces voyages, le groupe reste vivre à Saint-Brieuc, une petite ville bretonne, loin de toutes les grandeurs de certaines métropoles. Cet attachement à leur pays d’origine est très marqué chez le groupe, qui dit d’ailleurs n’avoir jamais pensé à chanter dans une autre langue que le français. « Même si on est attirés par les villes dans lesquelles on va, et qu’on se dit qu’on vivrait bien là, finalement on aime aller dans des endroits pour pouvoir en partir. Rester touriste ça donne une liberté de découvrir des endroits, de ne pas rentrer dans une routine. Mais je ne dis pas que je ne vivrai jamais ailleurs, car c’est aussi de bonnes expériences. Mais c’est sûr que  je ne pourrai pas le faire longtemps, peut-être 3-4 mois ! ».

Yelle est en concert mardi soir  au Théâtre Corona, et continue sa tournée en Amérique du Nord jusqu’au mois de novembre.