crédit photo: Tam Lan Truong
Ute Lemper

Ute Lemper avec l’Orchestre FILMharmonique à la Maison Symphonique de Montréal | Un voyage convaincant dans la variété du répertoire de la chanteuse

La chanteuse allemande Ute Lemper s’est arrêtée dimanche soir à la Maison Symphonique en compagnie de l’Orchestre FILMharmonique pour présenter un spectacle intitulé De Berlin à Broadway qui traverse sa carrière, entre les classiques de Kurt Weil et les titres de comédies musicales américaines. Il fallait également ajouter une étape par Paris car la chanteuse a interprété quelques grands classiques de la chansons française, ainsi que Buenos Aires pour quelques airs de tango.

Ute Lemper a commencé sa carrière dans les années 1980 avec les titres de Kurt Weil et de Bertolt Brecht et a participé à de nombreuses comédies musicales à Londres, Paris et New-York où elle vit maintenant. Le concert de ce soir traverse divers titres significatifs de sa carrière de 40 ans, en compagnie de l’Orchestre FILMharmonique. Ce dernier a pour vocation de présenter un répertoire plus accessible pour faire découvrir la musique classique en direct à un public plus large.

Ce soir, la quarantaine de musiciens est dirigée par le tout jeune chef de 27 ans, Francis Choinière.

* Photo par Tam Lan Truong.

L’orchestre commence la soirée avec I’ve Got Rhythm Song de George Gershwin. Il est ensuite rejoint par la blonde chanteuse qui interprète notamment une longue version touchante du titre de Léo Ferré, Avec le temps. Le concert repart ensuite en force avec des titres de Broadway comme Mack the Knife et Just A Gigolo, une version tout en jambe où la chanteuse se fait plus provocante dans sa robe longue rouge à paillettes. Puis la partie Berlin, avec entre autre Cabaret (John Kander et Fred Ebbe), Weimar Suite (Kurt Weill et Bertolt Brechtes) et des titres de Friedrich Hollaender, écrits dans un camp de concentration.

Ute Lemper en profite pour glisser quelques messages politiques, sur le féminisme ou la liberté sexuelle. Également, elle fait remarquer que l’Histoire bégaie, comme la République de Weimar en 1924 avec la montée du nazisme et 2024 et la montée des extrémismes… L’ex-locataire de la Maison Blanche qui en est aussi vraisemblablement le prochain… « L’Histoire est un très bon professeur. Mais il ne s’est pas trouvé d’élèves! »

Ute Lemper mène le bal avec un orchestre attentif que le chef d’orchestre module suivant les fréquentes variations de la chanteuse. Elle exécute également de nombreux pas de danse avec aisance. Sa voix, plutôt grave, est d’une grande précision dans la justesse et l’exécution.

Après un entracte, l’orchestre revient seul avec les classiques Moon River et Summertime. La chanteuse les rejoints sur scène et fait une étape entre Bruxelles et Paris, avec trois titres du grand Jacques Brel. Le peu connu Je ne sais pas et Amsterdam. Puis, c’est l’intemporel Ne me quitte pas, dans une version classique et un peu convenu mais toujours aussi efficace et émouvant.

* Photo par Tam Lan Truong.

Buenos Aires est l’étape suivante avec deux titres d’Astor Piazzolla, pour revenir ensuite à Broadway avec une puissante version du classique All That Jazz. Au cours des deux rappels, il y a Que reste-t-il de nos amours de Charles Trenet qui finit en anglais avec un solo d’imitation de trompette par la chanteuse et une improvisation en scat qui n’est pas sa plus grande force. Blowin’ In The Wind de Bob Dylan termine la soirée, un choix inattendu mais qui conclue ce voyage sur une note d’espoir.

Avec une grande maîtrise de son répertoire, une assurance à tout épreuve et une voix sans faille, Ute Lemper mène la soirée de main de maître et suivi par un orchestre très attentif et réactif, qui sait apporter sa force harmonieuse à la chanteuse. La complicité entre le chef Francis Choinière, la chanteuse et l’orchestre est évidente et réjouissante dans l’interprétation pour un agréable moment de musique tout azimut.

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