Sting

Sting au Métropolis | Le concert d’une vie

Sting était de passage au Métropolis lundi soir dans le cadre de sa tournée 57th & 9th, une tournée assez différente de ce qu’on lui connait. Alors qu’il aurait pu remplir le Centre Bell quatre fois, il a plutôt choisi d’offrir à quelques 2000 chanceux du bon rock’n’roll en toute intimité.


Les gens étaient encore en train de s’installer et de commander leur réserve de bières (pour ne surtout pas avoir à manquer une chanson pendant le concert) quand les lumières se sont tamisées et que nul autre que Sting a fait son entrée sur scène. Juste comme ça. Bien relax avec ses skinny jeans et son t-shirt noir.

Alors que tout le monde s’attendait à devoir languir encore le temps d’une première partie, c’est plutôt lui qui a cassé la glace en interprétant Heading South on the Great North Road, chanson tirée de son plus récent album paru en novembre 2016. Il était accompagné de son guitariste et de son fils Joe Sumner à qui il a ensuite laissé la place. Ce dernier étant uniquement muni de sa guitare, on avait tout le loisir d’écouter sa voix. On ne pouvait plus nier la ressemblance entre la voix du père et du fils. C’était tellement frappant, que la comparaison provoqua plusieurs exclamations de surprise un peu partout dans l’audience.

Est ensuite monté sur scène le groupe de San Antonio, The Last Bandoleros avec leurs manteaux à franges, leurs bottillons de cuir et leur toupet devant les yeux. Il faut toutefois dire qu’ils ont aisément su honorer leur style vestimentaire avec l’interprétation particulièrement dynamique de cinq de leurs chansons. S’il fallait absolument les comparer, ce serait quelque chose comme les Beatles rencontrent des frères Mariachis et forment un band dans le Far West. Ça peut sembler improbable, mais c’était vraiment un magnifique agencement d’influences musicales. Un beau mélange tex mex quoi.

Pour la dernière chanson, Joe Summer s’est joint à eux en plus de Sting, de son batteur Josh Freese et des deux guitaristes Dominic et Rufus Miller. L’énergie était à son comble.

 

Le plat de résistance

Après un bref entracte de 10 minutes, Sting et ses musiciens étaient de retour sur scène pour entamer Synchronicity II. La clameur de la foule résonnait dans le thorax. Ils ont poursuivi avec un deuxième succès de The Police, soit Spirits in the Material World, alors que tout le monde scandait ces paroles qui ont conservé tout leur sens et en ont même pris plus avec les années.

Quand les premières notes d’English Man in New York ont résonné, on venait déjà d’atteindre le premier des nombreux points culminants de la soirée. Comment aurait-il pu n’y avoir qu’un seul moment fort après tout? Impossible. Et quand 2000 personnes fredonnent une chanson, ça finit par créer un grondement tellement chargé de ferveur que les murs en tremblent.

À ce moment-là, ceux qui n’avaient pas encore compris qu’ils assistaient peut-être au meilleur concert de leur vie, l’ont compris. Et le pire c’est que Sting lui-même semblait aussi heureux d’être là que le public l’était d’avoir cette légende devant les yeux. Et c’est vrai que c’était impensable pour plusieurs d’avoir Sting à quelques mètres à peine, animé d’une énergie (à 65 ans quand même!) qu’il transmettait sans peine au public.

Sting-Metropolis-2017-8

La nostalgie des baby boomers (qui, à l’œil, constituaient la majeure partie de la foule) était palpable, eux qui ont tous écouter The Police en boucle et qui connaissaient encore toutes les paroles par cœur. Mais c’était une belle nostalgie, une nostalgie qui fait sourire tout le monde, une nostalgie qui donne des frissons. Il y avait aussi pas mal de femmes avec les yeux en cœur qui se déhanchaient allègrement. À côté d’elles, il y avait leurs maris, redevenus adolescents qui chantaient à tue-tête (pas toujours sur la note d’ailleurs mais 10/10 pour l’effort). C’était beau à voir.

Les membres de The Last Bandoleros ont presque pris part à l’intégralité du spectacle pour faire les back vocals en plus de jouer de l’harmonica, de la tambourine et de l’accordéon. Ils n’ont d’ailleurs pas manqué de préciser qu’en prenant part à cette tournée ils étaient indéniablement en train de vivre « the time of their lives ». On en doutait pas trop!

Les succès se sont enchaînés les uns après les autres. Aucun moment de répit pour cette belle réunion de fans finis qui a eu droit à une enivrante interprétation de Fields of Gold, à de parfaits jeux de guitare classique pour Shape of my Heart et au son pesant de  la basse de Sting combiné à une voix chargée d’intensité pour Petrol Head (pour ne nommer que celles-là). À un moment il a laissé la place à son fils pour rendre hommage à David Bowie avec Ashes to Ashes. Les paroles de 50,000 prenaient tout leur sens :

Rock stars don’t ever die / They only fade away

Personne n’a été laissé sur sa soif pour ce qui est des classiques de The Police comme Message in a Bottle, Walking on the Moon, Roxanne à laquelle il a intégré Ain‘t no Sunshine. Et à chaque fois, il faisait chanter le public qui s’époumonait sans retenue.

Après un premier rappel, il est revenu en force avec deux succès dont personne ne se serait passer, soit Next to You et Every Breath You Take. Et comme la soif du public était insatiable, il est revenu sur scène après un deuxième rappel. Cette fois, il a plutôt décidé de calmer nos ardeurs en interprétant The Empty Chair, une chanson écrite à la mémoire du journaliste James Foley, assassiné par l’État islamique en 2012. Il a pris le temps de souligner la tristesse de la situation, mais aussi le courage de ce journaliste qui s’est sacrifié au nom du droit à l’information, mais surtout du droit à la vérité, à une ère où elle n’est pas facile à trouver.

Il s’est pratiquement juste exprimé en français tout au long du concert, pour nous dire entre autre à quel point il était heureux d’être à Montréal et qu’il se rappelait encore de son passage à Montréal en 1979. C’était peut-être la belle époque, mais les gens se rappelleront aussi longtemps de la soirée d’hier.

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