Se dissoudre

Se dissoudre de Catherine Gaudet à l’Agora de la danse | Comment disparaître dans l’espace-temps

Un état d’abandon, d’hypnose, presque. Voilà ce qui émanera de Marie-Philippe Santerre à l’Espace orange de l’Édifice Wilder, alors qu’elle interprétera une chorégraphie fascinante de Catherine Gaudet. Du 2 au 5 mars, ne manquez pas votre chance d’assister à Se Dissoudre: un spectacle envoûtant.

En entrevue, la chorégraphe utilise une analogie botanique pour représenter la pièce. En rigolant, elle imagine Marie-Philippe comme « une plante qui va suivre les différents courants extérieurs qui vont l’affecter ». Au fur et à mesure de ces influences, « elle va prendre des trajectoires plus ou moins différentes et se développer différemment. »

Le titre, de l’oeuvre, Se dissoudre, est directement lié à cet état d’abandon. Marie-Philippe se « laisse tellement traverser par les influences extérieures qu’elle se dissout dans l’espace-temps qui la berce », raconte Mme Gaudet.

Dur à imaginer, direz-vous. C’est que le propos véhiculé par l’oeuvre, l’idée derrière celle-ci, n’est pas fait pour être dit ou écrit, il est fait pour être dansé. D’ici là, pour mieux comprendre, il faut comprendre le tout début de la démarche des deux artistes.

Visuellement, le style est sobre, immaculé, décrit Catherine Gaudet. Pourtant, au départ, l’intention était de se rentre, au niveau de l’espace, de l’éclairage et de la musique, à un produit fini assez chargé, «presque psychédélique». Au final, il en est tout autrement: « C’est très très dépouillé», illustre la chorégraphe.

En cours de travail, on s’est rendu compte que cet état d’hypnose qu’on recherchait arrivait beaucoup plus facilement dans un lieu de contemplation, si on veut.

La direction artistique, à ce niveau, a été de prendre la direction du « plus petit dénominateur commun nécessaire à ce que la pièce advienne ».

Blanc, vide, libre.

Voilà ce qui résume le mieux l’environnement dans lequel dans lequel évoluera Marie-Philippe Santerre.

« On a vraiment vraiment dépouillé tout l’espace, tout le costume », convient la chorégraphe. Un espace blanc avec une lumière assez danse, même saturée par moment. Au niveau de la musique, le mot d’ordre est le même: « dépouillé ».

On atteint, à un moment, «une espèce de renversement, un effet qu’on voulait cathartique. »

La genèse

L’exercice ayant mené à ce spectacle envoûtant est intéressant. La danseuse se plaçait dans une posture dans laquelle elle répétait constamment le même mouvement. Un peu comme une étude du corps, l’exercice n’était au commencement qu’une tâche physique qui a guidé les deux artistes.

Ce qu’on s’est dit avec Marie-Philippe c’est qu’on voulait que ce mouvement se transforme sans agir par une volonté de sa part.

Le but était d’observer ce qui allait émaner de cette recherche, de ce défi. Au final, on perçoit un état d’abandon « face aux forces qui nous font bouger, qui nous traversent, qui nous influencent: Marie-Philippe se place complètement dans cet état d’abandon là », romance la chorégraphe.

De toute évidence, cela « a mené à un état particulier chez Marie-Philippe qui affecte le spectateur en l’entraînant dans une espèce d’hypnose » comme si celle sous laquelle était Marie-Philippe était contagieuse.

Intrigant, non?

Rendez-vous à l’espace orange, du 2 au 5 mars prochain pour assister à cette oeuvre époustouflante. Détails et billets par ici.


* Cet article a été produit en collaboration avec l’Agora de la danse.

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