Sampa The Great

Sampa The Great au Studio TD | Une première montréalaise réussie

Sampa The Great présentait mardi son rap saccadé et puissant pour la première fois non seulement à Montréal mais au Canada. Ses pièces, aux goûts de féminisme Noir, ont emballé la foule qui ne cachait pas son bonheur de voir la rappeuse évoluer sur la scène de l’Astral (nouvellement appelée le Studio TD).

Sampa The Great ne fait pas les choses à moitié : elle monte sur scène sur son très populaire single Energy, sautant directement dans le vif du sujet avec une de ses plus grandes pièces. Elle donne ainsi le ton à toute la soirée. Son rap féroce, enjolivé de choeurs clairs et enivrants est supporté par une guitare électrique ainsi qu’un clavier et un synthétiseur. Ce dernier ajoute des sons d’instruments à vent (comme de saxophone) électroniquement.

La foule lance évidemment des cris d’encouragement à la rappeuse et son équipe. Pourtant, malgré la musicalité hip-hop frôlant le RnB, qui invite à la danse, les spectateurs semblent préférer apprécier la musique calmement, en se balançant doucement au son de la musique: contraste intéressant avec ce qui se passe sur scène, alors que l’artiste donne tout ce qu’elle a.

L’artiste originaire de Zambie a longtemps été basée en Australie, puis est retournée vivre dans son pays natal récemment. C’est en soulignant cette tranche de vie qu’elle introduit l’imposante Never Forget. Elle y souligne, au grand plaisir de la foule, l’importance de la signification qu’un groupe de Zambie perce à l’international.

Les choeurs sont assurés par nulle autre que la soeur et le cousin de la rappeuse, ce que celle-ci ne se gène pas de rappeler, pleine de fierté. Et il y a de quoi être fière: la puissance dans leur voix ajoute une atmosphère lyrique contrastant à merveille avec la voix rauque et abrupte de la frontwoman. Ces choeurs soutiennent le rap avec grâce et ajoutent une dimension plus qu’intéressante.

Le clavier et la batterie teintent la musique d’un jazz fort appréciable. En ce qui nous concerne, on lève notre chapeau au batteur qui, en plus de maintenir le tempo, offre un jeu de cymbale impressionnant.

Plus la soirée avance, plus Sampa The Great arrive à transmettre son énergie à la foule. Alors que celle-ci est au plus intense de la soirée, l’artiste décide d’introduire des chansons plus douces. « C’est important pour moi d’essayer de me rendre vulnérable dans mes chansons », raconte-t-elle à la foule, avant de présenter un de ses projets où elle a réussi à se rendre le plus vulnérable.

Puis, après un moment plus en douceur, elle présente la magnifique Black girl magic, qu’elle dédie à sa soeur ainsi qu’à toutes les « reines Noires dans la salle ». Droite, devant son micro elle chante une chanson d’amour aux femmes Noires. L’atmosphère est intime et pure, l’amour de soi et l’empowerment que dégage l’artiste et ses musiciens et musicienne est émouvant. Le spectacle auquel assiste la foule est plein d’amour, l’ambiance feutrée assurée par l’instrumentalisation est réconfortante. La voix et les paroles portées par Sampa The Great, elles, sont toutes fortes et en puissance: on prendrait des spectacles de cette rappeuse plus souvent.

Sampa The Great profite de son passage sur scène pour présenter un single en exclusivité: celui-ci comprend un featuring de nul autre que Denzel Curry. Sans surprise, celui-ci ne se présente pas sur scène, mais un enregistrement de son couplet est craché par les boîtes de son, au grand plaisir de la foule.

La rappeuse clôt la soirée en interprétant l’excellente Final Form. C’est un succès: la foule s’emporte et danse au rythme de la musique. À la sortie de scène du groupe, la foule demande un rappel avec enthousiasme. La formation revient sur scène au grand enthousiasme de la foule… Mais seulement pour un salut. Les fans de l’artiste, déçus, demandent à nouveau un rappel, mais en vain: la lumière se rallume et la soirée prend fin.

 

KeiyaA en première partie

L’autrice-compositrice-interprète américaine KeiyaA, également productrice, assurait la première partie de Sampa The Great, hier. Elle était seule sur scène devant son micro, s’accompagnant elle-même au synthétiseur. La multi-instrumentiste présentait des pièces tirées de son premier album Forever, Ya Girl, sorti en 2020.

Son rap spoken word rappelle le style employé par Beyoncé dans quelques pièces de son album Lemonade, et le jazz qu’on retrouve dans sa voix rappelle le style de Jorja Smith. Évidemment, c’est un succès: la foule est avec elle. Elle témoigne, il faut le dire, d’un stress quelque peu apparent: sa prestance n’égale malheureusement pas sa voix. Peu importe: sa voix résonne et ses propos aussi.

La soirée somme toute assez calme, au niveau de la foule, était vibrante sur scène et entendre le rap et les propos de Sampa The Great ainsi que de KeiyaA était un véritable plaisir. Dommage toutefois que la foule n’ait pas pu en avoir à sa faim malgré une demande de rappel insistante.

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