crédit photo: Pierre Langlois
Peso Pluma

Peso Pluma à la Place Bell | Le phénomène de la musique latine actuelle débarque à Laval

Ils semblaient fiers. Tous ces membres du public tirant pour la majorité des racines du centre ou du sud de l’Amérique, venus écouter ce lundi la nouvelle sensation de la musique latine actuelle, au nom de Peso Pluma. Ils semblaient si fiers. Et c’était beau à voir.

Alors que des morceaux de musique latine sont diffusés sur les enceintes de la Place Bell en guise de première partie, Hassan Emilio Kabande Laija, dit « Peso Pluma », foule les planches vers 20h40.

Peso Pluma, c’est donc le nom de scène de celui qui fait déplacer les masses, celui qui apporte à ces milliers de Latino-Américains ce sentiment particulier d’impatience, de pouvoir enfin l’apprécier en direct. Mais Peso Pluma, c’est également le nom de tout ce qui l’entoure.

Quelques dizaines de secondes avant l’entrée d’Hassan, chaque musicien du groupe est présenté à l’écran, sur Psycho Killer en arrière-fond, dévoilant leur instrument et expliquant ce que représente Peso Pluma à leurs yeux : une famille, la fête, un rêve.

Se trouvant d’abord derrière un rideau, Pluma débute sa prestation quand celui-ci tombe pour le révéler, avec La Melena, suivi du titre El Belicon.

Le chanteur se fait avant tout plutôt discret, muni d’un masque noir et de chaînes, à rappeler le style et l’attitude d’un drilleur londonien.

Et pourtant, la musique ne porte globalement rien de sombre : une ambiance festive se traduisant dans la joie émanant du public, et des instrumentations rappelant la chaleur du Mexique.

Ce pays, ses rites et sa riche culture servent de point d’ancrage aux créations de Pluma : à une époque où le reggaeton de J Balvin ou de Bad Bunny domine le marché hispanophone, Peso Pluma décide de s’orienter vers le norteño de son territoire chéri, en particulier vers les corridos, ces balades à tendance folk mexicain.

Mais dans une approche distincte au personnage.

Combiner divers styles musicaux en vogue tout en respectant les traditions du pays, voilà semble se dessiner la mission artistique propre à Peso Pluma.

Histoire d’exposer l’éclat du Mexique.

Histoire de globaliser sa culture.

 

Briser les frontières

Pas forcément la voix la plus mélodieuse, encore peu d’expérience musicale au niveau professionnel : mais qu’est-ce qui peut donc bien rendre Peso Pluma aussi unique et artistiquement attirant?

Simplement sa fougue sur scène, son ambition, sa manière d’embrasser la nouveauté en y ajoutant une touche de son patrimoine.

L’artiste de 24 ans, malgré son jeune âge, peut déjà se targuer de posséder une présence scénique flamboyante, exemplaire, décidant même de rapper par instants, vivant sa musique.

Peso Pluma invite dès le début du concert son ami Jasiel Nuñez pour interpréter une poignée de morceaux à ses côtés : on compte notamment la présence du deuxième chanteur sur Lagunas, En mi mundo, ou encore l’excellent Rosa Pastel.

Polyvalent, l’artiste varie entre les morceaux à caractère distincts, certains dansants, d’autres plus doux, alors que sa demi-douzaine de musiciens talentueux ne s’avérera jamais dans l’ombre de son chant, des interludes instrumentaux pimentant le ton de la soirée, déjà passionnée.

Le clou du spectacle : chaque membre du public tient à son poignet un bracelet PixMob, illuminant la salle entière au gré de la musique, du parterre jusqu’au fond du balcon.

Pour ceux et celles n’ayant jamais vécu l’expérience, autant dire que les bracelets apportent une autre dimension à l’éclairage : ce n’est plus une scène, mais une salle entière en guise de possibilités.

Alors que cette technologie est seulement réservée à l’élite de l’événementiel actuel, en ne nommant que les spectacles de Taylor Swift, de Coldplay, des matchs des Canadiens ou même l’Eurovision, la présence de PixMob prouve une fois de plus que Peso Pluma mérite sa place parmi les grands noms.

 

Parmi les grands

L’expression pourrait paraître exagérée, il est certain qu’une grande partie du lectorat de Sors-tu? n’ait jamais entendu le nom de Peso Pluma auparavant, mais le propos soutenant sa grande notoriété s’avère bel et bien réel.

En quelques chiffres, Peso Pluma, c’est une hausse de 10 792% de moyenne de ses écoutes en continu quotidiennes, d’après un article de Billboard, et, au moment où ces lignes sont écrites, 48 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify.

C’est plus que les formations BTS (35 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify) et Arctic Monkeys (45 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify), ainsi que Kendrick Lamar (un peu moins de 48 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify).

Oui oui, Peso Pluma compte quelques centaines de milliers de mélomanes de plus décidant de l’écouter à tous les mois que le génie du hip-hop ayant clôturé le plus grand festival du Québec en tête d’affiche.

Incroyable, mais vrai.

 

Vert-blanc-rouge

Peso Pluma présente durant presque deux heures une trentaine de ses titres, multipliant les références aux araignées dans les projections derrière lui, semblant caractériser un style propre qu’il tente d’attribuer au personnage.

Quelques minutes après avoir empoigné un drapeau du Mexique, où le mot « Peso » et une plume agrémentent le blanc du milieu, donné par une personne dans la foule, Peso Pluma interprète son énorme tube, Ella baila sola, devant une foule exaltée, récitant les paroles en espagnol sans faute.

Le rappel est enchaîné sans attendre, alors que l’artiste de Jalisco chante pour la dernière fois de la soirée une version de son titre PRC; un autre drapeau du Mexique est aperçu, cette fois-ci projeté sur plus de dix mètres derrière l’artiste et son groupe, des confettis verts, blanc et rouges sont lancés dans la foule pendant que les bracelets clignotent aux mêmes couleurs.

Un salut, puis Peso Pluma quitte la Place Bell.

Tellement enfermé dans sa propre culture, il peut être compliqué de se rendre compte à quel point la musique actuelle s’avère vaste, les artistes les plus écoutés dans nos pays ne l’étant évidemment pas partout.

La Terre est énorme.

Et ses horizons artistiques, également.

 

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