Ora Cogan à la Vitrola | Une soirée discrète

Venue de loin, Ora Cogan aura tenté de laisser son empreinte dans la petite salle de la Vitrola ce lundi soir. Hélas, l’énergie n’y était pas malgré une belle technique musicale de la part de l’artiste et ses musiciens. La faute peut-être à une tournée qui touche à sa fin ou encore un horaire bien tardif pour rester suffisamment éveillé.

C’est une petite heure avant minuit que Ora Cogan et ses deux musiciens s’en viennent sur scène. La foule clairsemée de la Vitrola attend patiemment après que ce soient succédées deux artistes montréalaises: Maggy France et Carodiaro. La première, accompagnée de trois musiciens, aura été timide, voire maladroite sur scène, mais touchante dans sa pop atmosphérique légère. Une voix singulière qui promet donc et qui s’en est suivie d’une captivante Carodiaro qui, seule avec sa guitare, a présenté quelques compositions personnelles avec un talent vocal rappelant Angel Olsen.

Mais c’est surtout pour Ora Cogan que les quelques spectateurs de la Vitrola se sont déplacés en ce lundi soir, curieux de voir cette artiste venue de loin. Apportant dans ses bagages un air des côtes pacifiques, celle qui vient de Vancouver a joué un peu moins de dix chansons, reprenant pour la grande majorité celles de son prochain EP. 

Un futur EP radicalement différent

Auteure et compositrice originaire de Colombie-Britannique, Ora Cogan dévoile une musique folk mystique qui, à mesure que le concert progresse, laisse sa marque par sa variation de ton. On navigue entre de l’Americana et du psychédélique avec comme nappage une voix douce aux tintes orientales qui nous invite à l’évasion. L’artiste a peaufiné avec le temps un son qui lui est bien caractéristique, elle qui compte déjà quatre albums très apaisants à son actif depuis The Quarry en 2010.

Tourner en Amérique du Nord ce printemps lui offre ainsi l’occasion de pratiquer les nouveaux titres à paraître dans Crickets à l’automne, qui sonne par ailleurs de façon bien différente des premiers disques. La composition s’appuie bien plus d’accents toniques à la batterie et une plus grande place donnée au synthétiseur. Et si Ora Cogan chante toujours avec douceur, elle ne ménage pas sa guitare, bien au contraire, en lui assenant polyrythmies soutenues et coups de pickin’ bien dosés, qui résonnent ainsi comme l’écho de la nature dans une sombre forêt de l’Ouest.

Une soirée sans trop d’engouement

Le chemin qu’offre Ora Cogan est quelque peu sinueux dévoilant tantôt des ballades folks mélancoliques à la voix enchanteresse, tantôt de puissantes chansons expérimentales où le jeu du batteur est exquis. Et ce n’est pas vaguement que l’artiste de Vancouver a abordé son concert, loin de là.

Derrière une instrumentation plus présente que jamais, la sincère Ora Cogan se fait toutefois discrète derrière son micro, à l’inverse de sa musique. Quelques gloussements et des tentatives d’interaction avec un amorphe mais respectueux public feront de cette soirée une expérience musicale intéressante mais pauvre scéniquement. La musique aura été le seul liant.

Vos commentaires