Iceland Airwaves 2016 – Chapitre 3 | PJ Harvey, Of Monsters and Men, múm, un musée punk et plus

Outre l’émouvante prestation de Björk et nos découvertes islandaises, Iceland Airwaves regorgeait de moments mémorables une fois de plus cette année. De l’ouverture d’un musée punk dans d’anciennes toilettes publiques au show de clôture avec PJ Harvey, en passant par un spectacle « secret » d’Of Monsters dans une magnifique église de Reykjavik, les occasions étaient nombreuses de s’en mettre plein les oreilles et de vibrer au rythme d’une scène foisonnante.

Photos en vrac


Premier constat du week-end dès notre arrivée le mercredi 2 novembre : l’application iPhone d’Iceland Airwaves est extrêmement utile pour gérer son horaire, mais pas toujours exacte dans ses descriptions des artistes.

Lára Rúnars nous étaient présentée comme une artiste de pop rythmée alors qu’elle était plutôt posée, Teitur Magnússon n’était pas aussi reggae que prévu, Ambátt est plus une formation jazz qu’un groupe post-rock et Kælan Mikla s’avérait plus synth-pop gothique que « punk ».  Rien de bien grave, parce qu’aucun de ses artistes ne nous a déçus pour autant.

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Teitur Magnússon.

Un petit détour par la rue commerciale principale nous permettait de faire une petite visite dans les anciennes toilettes publiques transformées en… musée punk d’Islande! Le petit lieu était inauguré en grand avec la présence du légendaire John Lydon, alias Johnny Rotten des Sex Pistols et de Public Image Ltd., qui répondait aux questions du public et multipliait les anecdotes du passé. Un endossement majeur pour le musée punk. À l’intérieur du minuscule musée, on peut y admirer des reliques du passé entre deux urinoires transformées en objets d’art : photos des Sugarcubes et d’autres artistes punk, extraits sonores à écouter, découpures de journaux et autres objets témoins d’un passé anarchique passablement riche.

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Visite montréalaise pour une 10e année

La première soirée s’est tout de même avérée assez courte, décalage horaire oblige. C’est réellement le jeudi que ça commençait en force, avec deux autres de nos huit découvertes islandaises, soit l’entraînante pop-punk-bubblegum de Dream Wife au Gamlaá Bíó et l’amusant hip-hop irrévérencieux de Krakk & Spaghetti dans un magasin de vêtements hivernaux.

Plus tard, on a eu l’occasion de faire la connaissance du rappeur Aron Can, jeunot de 16 ans qui donne dans un mélange de hip-hop et de R&B assaisonné à l’Autotune, avant de se rendre au Iðnó, où notre cher blues-rockeur montréalais Jesse Mac Cormack se produisait. Son étiquette de disques, Secret City Records, fêtait cette année ses 10 ans de collaboration avec Iceland Airwaves : à chaque année depuis Patrick Watson en 2007, Secret City envoit un de ses artistes se produire devant le public islandais.

C’était au tour de Jesse cette année, et il devait donner un spectacle la veille dans un magasin de disques, sauf que son équipement a malencontreusement été expédié par avion… à Marrakech !  Oups. Qu’à cela ne tienne, son blues-rock bien groovy a séduit le public du Iðnó.

Jesse Mac Cormack

Jesse Mac Cormack

Vendredi sur l’heure du souper, rendez-vous dans un café un peu excentré, le Kaffihús Vesturbæjar, en pensant y voir à l’oeuvre Sóley bien tranquillement en sirotant un café. À notre grande surprise, on n’était pas les seuls à avoir eu cette idée, si bien que le café était plein à craquer, probablement au double de sa capacité légale, alors qu’une vingtaine de spectateurs se sont contenté de voir la prestation de l’extérieur, par la fenêtre, sans l’entendre. Au moins, ils voyaient quelque chose, alors que nous (et 50% des spectateurs à l’intérieur) entendions tout mais ne voyaient rien.

La très énergique Melkorka Sigríður Magnúsdóttir, alias Milkywhale, précédait Sóley et s’est une fois de plus démarquée en dansant comme une déchaînée, debout sur les comptoirs. Il faut dire qu’elle fait dans un dance music typiquement 90’s (ceux qui ont consommé les compilations MuchDance au milieu des années 1990 auraient reconnu des sonorités) complètement assumé. Son charisme fou et sa pleine confiance en ses moyens la rendent très engageante envers le public, même si musicalement, ce qu’elle propose est tout à fait anachronique.

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Milkywhale.

Sóley suivait avec une charmante mais trop courte prestation acoustique, toute délicate et mélodique. Tout un contraste !

On passait ensuite aux choses sérieuses avec un magnifique spectacle conjoint de múm et du Kronos Quartet au Harpa Eldborg, avant de s’enfermer dans la salle Silfurberg, difficile à accéder et à quitter tant la circulation était dense.

Pas de soucis puisqu’on y présentait coup sur coup le groupe Warpaint, le duo de DJ Kiasmos (dont fait partie le populaire producteur islandais Ólafur Arnalds) et l’excellente Santigold, légèrement en retard (elle est arrivée sur scène vers 1h30) et visiblement pas aussi en forme qu’à l’habitude.

Santigold.

Santigold.

Gros samedi avec le concert de Björk, un charmant spectacle secret et dépouillé d’Of Monsters and Men dans l’église Frikirkjan, et une fin de soirée au Harpa avec la troupe de party-rock FM Belfast, qui a semé la fête dans la grande salle beaucoup trop bondée.

La soirée de clôture débutait avec une chouette découverte américaine, Kevin Morby, suivi du groupe pop rock local Mammút, qui mettaient tous deux la table pour la pièce de résistance : le concert de PJ Harvey.

Le spectacle se tenait au Vallshölin, un aréna sportif pouvant accueillir jusqu’à 5000 spectateurs. Parfait format pour la venue plutôt rare de PJ Harvey, quelques mois après avoir lancé un nouvel album intitulé The Hope Six Demolition Project.

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle gagne en grâce au fil des ans. Jadis plutôt punk, PJ Harvey a su apprivoiser sa propre maturité sans jamais devenir ennuyante ou médiocre. Un parcours de carrière exemplaire. D’un album à l’autre, elle est passée d’hymnes punk-grunge comme To Bring You My Love et 50ft Queenie (1993) au rock modéré brillamment écrit de l’album Stories from the City, Stories from the Sea en 2000, jusqu’aux excellents albums concepts Let England Shake (2011) et son petit nouveau Hope Six. Vingt-cinq ans de carrière, parfaitement manoeuvrés.

En 2016, PJ Harvey affectionne les arrangements plus riches que jadis, et s’est bien entourée pour le faire. Son band est constitué de 9 hommes, et on insiste sur le genre, puisque jusqu’à 7 d’entre eux l’appuient parfois en même temps aux choeurs, donnant lieu à des harmonies uniques de multiples voix basses masculines avec celle plutôt perchée et cristalline de la chanteuse.

La sono du lieu était plutôt surprenante et rendait justice aux cuivres (PJ elle-même joue du saxophone au côté de ses musiciens) et aux arrangements de voix très étudiés.

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Après cette époustouflante performance très incarnée, il ne restait plus qu’une chose à faire : rentrer à l’hôtel le coeur un peu gros, sous la fine pluie islandaise, en prenant la peine de faire le trajet à pieds pour admirer une dernière fois le quartier semi-résidentiel qui sépare le Vallshölin du nord de la ville et ses magnifiques murales peintes par des artistes sur commande par Iceland Airwaves.

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Nos partenaires dans cette aventure

Notre voyage en Islande est rendu possible grâce à la participation de :

– la compagnie aérienne Icelandair, qui offre depuis mai dernier des vols directs Montréal-Reykjavik.

– l’hôtel CenterHotels Arnarhvoll, hébergeur officiel d’Iceland Airwaves.

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