crédit photo: Frédérique Ménard-Aubin
Francouvertes

Francouvertes 2025 – Préliminaires – Soir 5 | Au tour de Bayta, Bryan André et Erika Hagen

Pour la cinquième soirée des préliminaires des Francouvertes, les artistes Bayta, Bryan André et Erika Hagen étaient au rendez-vous afin d’enflammer le Cabaret Lion d’Or. Cette soirée fut marquée par une intensité palpable, des confidences sincères et une déferlante d’émotions fortes, offrant une soirée musicale inoubliable aux spectateurs.

J’aime mon ex : Velours Velours

L’auteure-compositrice-interprète Gawbé devait être de la partie afin de représenter l’ex-invitée de la cinquième soirée. Malade, celle-ci a dû céder sa place à l’auteur-compositeur-interprète et ancien participant de la 27ᵉ édition des Francouvertes, Velours Velours. Guitare à la main, l’artiste s’est installé sur une chaise au centre de la scène afin d’offrir au public ses doux morceaux de son nouvel album Quand je pleure je suis content, paru en janvier dernier.

Entre chaque chanson, Velours Velours a ponctué sa prestation d’anecdotes, installant une atmosphère intime, où confidence, authenticité et vulnérabilité étaient honorées. L’artiste avait d’ailleurs pris le soin d’apporter une compilation des quelques commentaires reçus lors de son passage aux Francouvertes en 2023. Un moment hilarant qui a bien suscité les rires enveloppant le cabaret dans son entièreté.

Fidèle à son habitude, Velours Velours a offert une prestation à la fois touchante et évocatrice, renforçant ainsi sa connexion avec le public.

* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

L’artiste s’est confié sur son envie de jouer une chanson particulière, une vieille composition qu’il n’interprète habituellement jamais à la guitare. Avant de la livrer, il en a raconté l’histoire, digne d’un conte de Fred Pellerin. En 2020, « je venais juste d’arriver à Montréal pis à chaque fois que je venais au Lion d’Or, je montais Papineau jusqu’ici et il y avait une église et un néon bizarre devant qui flashait. Il y était écrit : Ton âme. Le salaire de ton péché, c’est l’enfer. Le paradis n’existe que pour les justes », explique-t-il, laissant la foule perplexe. C’est ainsi sur son chemin du retour, dans le métro, avec son iPad, que Velours Velours a écrit la chanson Les Fauves qui a clôturé en grand sa prestation à cette 29e édition.

* L’Église Le Chemin du paradis. Photo tirée de Google Maps.

Bayta

Bayta, alias Marie-Ève Harel-Michon, est ensuite entrée en scène, proposant une musique aux accents d’indie folk et de soft rock mélancolique. Installée devant son piano, accompagnée de son band, elle a entamé sa prestation en douceur avec le titre Venge-toi. Sa voix angélique s’est aussitôt mêlée à la poésie sensible, sincère et introspective de ses paroles, captant instantanément l’attention du public.

Dans la lignée de l’ambiance intimiste instaurée par Velours Velours, Bayta s’est livrée avec authenticité, exprimant sa gratitude de participer aux Francouvertes et expliquant l’origine de son nom d’artiste : Bayta est un hommage à un personnage hypersensible tiré du roman de science-fiction d’Isaac Asimov Fondation qui a énormément marqué l’artiste.

« Premièrement, c’est une hypersensible. Quand j’ai lu ça à 14 ans, ça m’a tellement fait du bien. Puis j’adore m’appeler comme ça parce que la sensibilité nourrit l’intelligence, donc take that Platon!  Et aussi, il y a autre chose dans la vie d’une femme que de plaire aux hommes », lance-t-elle fièrement sous une pluie d’applaudissements.

Bayta a ainsi offert une performance à la fois drôle, touchante, sincère et profondément intime. Au fil du spectacle, l’intensité n’a cessé de croître, portée par son aisance au piano et à la guitare, ainsi que par des vocalises puissantes et vibrantes, causant des frissons chez les spectateurs. La chanteuse et musicienne a interprété plusieurs titres de son album Roche humaine parue en 2022, ainsi que des simples marquants comme Univers et Fonds tranquilles, révélant toute la beauté et l’intimité de son art.

Seule face à son piano, ce moment brut et intime témoignait d’un profond courage, une sincérité qu’elle doit, comme elle l’a souligné, au soutien indéfectible de sa famille, de ses amis et de son groupe, qui lui permettent d’être aussi vraie, assumée et vulnérable à travers sa musique.

* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Bryan André

Dès son entrée sur scène, porté par une énergie débordante et une aisance naturelle, l’artiste innu originaire de Matimekush-Lac John Bryan André a enflammé le Lion d’Or avec son univers musical mêlant folk, country et rock, le tout sublimé par sa langue maternelle, l’innu-aimun. Accueilli chaleureusement par le public, une atmosphère de proximité presque fraternelle entre la foule et le groupe de musique régnait au sein de la salle de spectacle.

« Je suis content d’être ici avec vous ce soir et je pense que vous allez découvrir de la belle musique qui vient de chez nous. À tous les jours, faut dire aux gens qu’on aime qu’on les aime, sinon demain c’est trop tard », lance-t-il sur les aires du début de son morceau Eshakumitshishikua – À tous les jours où la foule fut instantanément conquise.

Bryan André habitait la scène avec une aisance et un dynamisme remarquables, se laissant porter par son univers musical envoûtant. Avec sa musique entraînante, son rire contagieux et une gratitude palpable, il dégage une joie de vivre à l’état pur, tout comme son amour inébranlable pour la musique.

Au fil de la soirée, Bryan André s’est livré avec authenticité, partageant des confessions touchantes et ses réalisations artistiques, tout en mettant en lumière la richesse de sa langue maternelle. Dans un moment d’échange culturel fort, il a même enseigné un mot en innu-aimun à la foule soit « Tshishatshitin ». Le public répétait en chœur avec l’artiste chaque syllabe de celui-ci. À la suite de cet exercice de prononciation, le chanteur et musicien autochtone révélait la signification de ce mot en français, soit « je t’aime », déclenchant une vague d’émotion collective du public qui chantait en chœur ce mot au sein du morceau Tshishatshitin.

Sautillant, vibrant au rythme de ses mélodies, Bryan André a fait lever le party d’un coup au Lion d’Or. Pour son dernier morceau, Nui uiten – Je veux te dire, porté par l’énergie débordante de la salle, l’artiste autochtone s’est exclamé, « chez nous, on finit pas de même. On a jusqu’à 3 heures. Chez nous, les partys commencent à 3 heures. On se lève ! ». En un instant, le Lion d’Or tout entier est debout, célébrant avec ferveur la richesse de l’innu-aimun. À travers une performance théâtrale et vibrante de talent, Bryan André a conquis le public, ponctuant chaque morceau de solos de guitare impressionnants réalisés par son band.

* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Erika Hagen

L’artiste multidisciplinaire de musique rock folk garage a offert une prestation immersive, portée par un univers musical intime, brut, décomplexé, voire punk. Originaire de Québec, Hagen a enflammé le Lion d’Or avec son band. Énergique, assumée et confiante, la scène lui appartenait entièrement. Avec sa poésie percutante et son intensité saisissante, la foule était hypnotisée par Hagen, qui baignait tout simplement dans son élément.

L’artiste a interprété ses deux seuls simples publiés à ce jour, Pas les sous et Anita, ainsi que plusieurs morceaux encore inédits, qui ont instantanément conquis le public grâce à sa plume colorée et à l’intensité de sa musique. Sa prestation s’est construite comme un crescendo musical, portée par une énergie punk viscérale. Fidèle à la thématique confession de la soirée, Hagen a révélé avoir écrit son morceau St-François en hommage à un fantôme hantant un appartement de la basse-ville de Québec, un lieu où elle passait beaucoup de temps.

Elle a ensuite interprété une chanson qui lui tient particulièrement à cœur, un morceau dédié à la mémoire de sa grand-mère, Anita. L’artiste s’est confié sur le fait que lorsque sa grand-mère est décédée « J’ai vécu le deuil d’une partie d’elle que j’ai connue, mais aussi le deuil des parties d’elle que je n’ai pas eu le privilège de rencontrer. Et j’ai voulu répondre à ces failles-là de mémoire. En écrivant une chanson comme une hypothèse, une version possible de qui elle aurait pu être, c’est une manière de me rapprocher d’elle. D’entrer en amitié avec elle et de lui dire que je l’aime » chuchote-elle la voix fragile et cassante remplie d’amour et de vulnérabilité avant de fredonner le morceau, Anita et de chavirer d’un coup les cœurs du public.

La performance électrisante de Hagen s’est conclue avec le titre explosif et résolument rock, Pouvoirs magiques. L’artiste en a d’ailleurs profité pour annoncer la sortie de son tout premier album, également intitulé Pouvoirs magiques, prévu pour le 11 avril.

* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Verdict

Au terme de cette soirée haute en émotion, Bryan André a récolté la 4e place du palmarès des 9 premières positions. Il se trouve donc en excellente posture pour atteindre les demi-finales.

Erika Hagen s’est pour sa part emparé du 7e rang, alors que Bayta est d’emblée éliminée. Ces deux nouvelles entrées au top 9 poussent également Minou et Mélodie-Jade vers la sortie.

Avec 5 des 7 soirées de préliminaires déjà passées, il ne reste plus que 6 artistes à se présenter au cours des deux prochains soirs. C’est donc dire que le Top 3 est assuré de faire les demi-finales. Félicitations à Muhoza et sa troupe, Maude Sonier et Kat Pereira que l’on reverra au Lion d’or à la mi-avril.

Palmarès à l’issue du Soir 5 des préliminaires

  1. Muhoza et sa troupe
  2. Maude Sonier
  3. Kat Pereira
  4. Bryan André
  5. Naïma Frank
  6. Dogo Suicide
  7. Erika Hagen
  8. Oli Féra
  9. Delphine

Éliminés : Martin Guy, De Mal En Pire, Minou, Mélodie-Jade, Bayta et Alex LeBlanc.

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