Francouvertes

Francouvertes 2018 – Soir 6 | Les hauts et les bas de Laura Babin, Billy Love Band et Anthony Roussel

Alors que la soirée #5 avait réservé bien des surprises, on retournait un peu à la normale pour ce sixième soir de préliminaires aux Francouvertes. Pour l’occasion, le public a eu droit à un plateau un peu plus terre-à-terre, avec un résultat à l’image de ce à quoi on s’attendait.


L’ex de la semaine: David Marin

Plus de 10 ans après son passage aux Francouvertes, l’ex David Marin était de retour pour ouvrir les festivités. Comme l’avait fait Marie-Claudel la semaine dernière, le chanteur a profité de l’occasion pour casser trois pièces tirées de son prochain album, qui devrait paraître à l’automne.

Il a beau avouer se sentir «vraiment su’l gros nerf» en s’installant seul derrière son clavier, David Marin semblait bien à l’aise avec ses nouvelles pièces. Groovy à souhait, la première pièce était particulièrement intéressante. On a hâte de voir ce que ça va donner une fois sur disque.

Laura Babin

D’une sérénité incroyable, Laura Babin n’a pas du tout laissé transpirer son stress lors de sa performance, même si celle-ci a débuté avec un léger pépin technique. Bien au contraire, c’est avec calme et douceur qu’elle a fait entrer le cabaret du Lion d’Or dans son univers dès les premières notes de La Couleur.

Il faut dire qu’environ le tiers des artistes qui ont défilé sur cette même scène lors de cette 22e édition des Francouvertes versait comme elle dans une variation d’indie folk-rock. Contrairement aux autres toutefois, Laura Babin a su se distinguer avec un son beaucoup plus épuré. Au lieu de se fondre dans des textures abondantes et d’enrober sa musique de deuxièmes guitares, claviers et autres thérémines, elle s’est présentée sur scène en formule trio. Même que sa guitare s’est souvent reposée lors des couplets de ses pièces, laissant ainsi sa voix briller au-dessus des lignes de basses efficaces et des rythmes de batterie.

C’est donc sans artifices que Laura Babin s’est fiée à la force de ses compositions, et c’est tant mieux. Cela ne veut pas dire pour autant qu’elle a offert un spectacle austère, loin de là. Son interprétation de Sans sommeil, pièce qu’elle traîne depuis son premier EP sorti en mars 2014, était franchement plus étoffée et directe que dans sa version sur disque. On sent qu’il s’agit d’un projet qui arrive à maturité pour Laura Babin et qui peut la mener très loin.


Billy Love Band

Originaire de Gatineau, William Lamoureux devient le personnage de Billy Love une fois sur scène, entouré de talentueux musiciens venus de l’Ontario. Ceux-ci restent toutefois dans l’ombre durant toute la performance alors que Billy Love fait tout: il chante, il rappe, il joue du violon, il change de costume, il joue tous les solos, il fait des tours de passe-passe avec son archet… Bref, il en fait beaucoup, voire trop. C’est qu’on a parfois l’impression que toutes ces steppettes servent à mettre en valeur les talents de showman de Billy plutôt que de servir ses compositions.

C’est ainsi que sa performance commence avec un étalage de son savoir-faire, question de montrer qu’il sait jouer du violon de plusieurs manières différentes et qu’il peut se servir d’une pédale de loop. Il superpose donc plusieurs boucles de violon les unes après les autres,  jusqu’à ce que… rien du tout. Après en avoir accumulé assez, il laisse tout tomber et commande à son batteur de commencer la première «vraie» chanson. Le niveau de difficulté technique de cette introduction est impressionnant, certes, mais ça ne mène à rien, comme beaucoup de détours et de confettis que se permet le chanteur et violoniste.

Au final, le Billy Love Band aurait peut-être avantage à miser moins sur Billy Love et à laisser plus de place à un William Lamoureux authentique et à ses autres musiciens.

Anthony Roussel

On s’attendait à une performance efficace pour Anthony Roussel et c’est exactement ce qu’il a offert pour clôturer cette sixième soirée. Sans réinventer la roue, le chanteur de Québec a livré avec honnêteté et énergie les pièces de son plus récent album, La gymnastique de l’amour.

Certes, son style est peut-être un peu trop conservateur pour se démarquer dans un tel concours, avec un son rock très « steak-blé d’inde-patates ». Reste que les ingrédients de son pâté chinois sont de bonne qualité, surtout grâce à l’appui de ses musiciens chevronnés.

Sa voix rocailleuse sonnait un peu faux lors des deux premières pièces, comme si Anthony Roussel tentait de la pousser trop loin ou de jouer le rockeur déchiré au-delà du nécessaire. Heureusement, tout s’est replacé pour le reste de son tour de piste.

Dernière pièce de sa performance, Belle journée pour crever donnait envie de partir en road trip, malgré ses paroles peu joyeuses.

Au final, Anthony Roussel a fait honneur aux dizaines d’années de métier qu’il a derrière la cravate, même si on aurait aimé le voir prendre un peu plus de risques et aller dans des territoires moins explorés.

Verdict

C’était écrit dans le ciel que Laura Babin passerait au tour suivant: la logique a donc été respectée, elle qui s’assure d’une présence aux demi-finales avec une troisième position provisoire. Pour ce qui est du Billy Love Band et d’Anthony Roussel, ils rejoignent déjà les sept autres artistes qui sont tombés dans les abysses du palmarès. De ce nombre, on retrouve maintenant Mathieu Bérubé, qui s’accrochait jusqu’alors à la neuvième et dernière place donnant accès à la prochaine ronde.

  1. LaF
  2. zouz
  3. Laura Babin
  4. CRABE
  5. Lou-Adrianne Cassidy
  6. Mort Rose
  7. Jay Scøtt X Smitty Bacalley
  8. Gabriel Bouchard
  9. Barrdo

Lundi de Pâques oblige, la dernière étape des préliminaires aura lieu un mardi, soit le 3 avril prochain. Rayannah, Héliodrome et le duo composé de Sam Faye et D-Track tenteront de s’immiscer dans un palmarès déjà très solide.

Plus de 20 ans (!) après avoir remporté le concours-vitrine en 1997, le slameur Ivy s’occupera du numéro d’ouverture en tant qu’ex invité, lors d’une soirée particulièrement variée.

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