Fishbach

Fishbach lance Avec les yeux | Lyrisme et douceur plein la gueule

La chanteuse et musicienne française Fishbach (Flora de son prénom), sort aujourd’hui un deuxième album très attendu: Avec les yeux. Composé de manière intuitive, «quand l’envie prenait», cet album tout en lyrisme emprunte des sonorités disco des années 80. Fishbach nous fait plonger dans un univers de personnages et de mises en scène: c’est un album envoûtant plus que réussi pour cette femme de talent.

Ses textes, elle les décrit comme de l’autofiction. Elle y raconte « une histoire très personnelle en y mettant un décor ». Ainsi, elle éloigne un peu le public de sa vie privée, « sinon ça serait vraiment trop impudique et surtout tellement personnel que ça n’aurait pas de sens », explique-t-elle.

Jamais elle ne livrera la signification de ses paroles, assure-t-elle, elle préfère que l’on en tire nos propres conclusions. « C’est souvent plus intéressant et beaucoup plus drôle ».

« Je suis absolument secrète; Je vous assure, je n’ai pas besoin d’interprète. J’ai des chaussures», chante-t-elle sur Téléportation.

 

« Il y a une chose vraiment importante dans ce disque, c’était d’appuyer tous les sentiments qui sont les nôtres », rapporte-t-elle. Elle y mélange les envies d’être pleine de fougue ou d’euphorie et les moments où on plonge dans la tendresse et la douceur. Par les arrangements et la voix, elle emprunte à ces facettes humaines: « Je me suis permis tout ce panel de couleurs possibles qu’on a tous et toutes ».

Cette autofiction et cet amalgame de facettes résonnent d’autant plus lors qu’on visionne les vidéoclips de l’artiste. Sur le plan de l’identité visuelle, « je me suis amusée à être une femme puis une autre, parce que ce sont des exagérations de trucs qui existent déjà», raconte-t-elle. Ces aspects — qui, affirme-t-elle, sont en chacun de nous — sont appuyés par les personnages qu’elle incarne ainsi que des costumes.

Ses inspirations, pour son premier long jeu, À ta merci, venaient entre autres de la musique de jeux vidéo. Ces derniers temps, cette passion s’est un peu émoussée: les inspirations pour Avec les yeux sont principalement cinématographiques et musicales.

Surtout, raconte l’artiste, elle a vécu une histoire d’amour, adopté un chien, passé son permis (de conduire). C’est ce qu’elle nomme lorsqu’elle parle des évènements qui l’ont marquée: elle s’est laissée vivre. Fishbach ne voulait pas créer un album rapportant sa vie de musicienne, « parce que c’est vraiment chiant, en fait ».

« J’avais envie de lyrisme, j’avais envie de douceur. J’avais envie d’en foutre partout parce que c’est ce que j’aime bien quand je travaille. Après que ce soit reçu comme ça j’en suis foutrerien (sic)», affirme-t-elle, directe, mais légère.

Son album, elle l’a enregistré et composé pour elle-même. À partir du moment où il atteint nos oreilles, « c’est plus mon problème », dit-elle. Impossible d’être plus claire, à partir de maintenant, son album, c’est notre problème.

En vrai, je le prends comme ça parce que si j’ai trop d’attentes, je prends le risque d’être déçue. C’est comme la vie, tu vois : je prends les choses comme elles viennent, je crois, sans attendre grand-chose de plus. Je ne suis pas ambitieuse comme meuf. Je suis lyrique, mais pas ambitieuse.

 

Cette fameuse voix

Son instrument, c’est la voix. Elle la voit vraiment comme une guitare électrique à laquelle elle pourrait brancher des pédales et moduler le son.

Ce qu’elle aime, c’est qu’il s’agit d’un instrument « qui ne triche pas ». Tout se ressent à travers la voix, « quand on est au téléphone et que quelqu’un ne va pas bien on l’entend. C’est fou, non? »

Relation avec la scène

Partout où elle monte sur scène, Fishbach frappe les imaginaires. Elle a un rapport «assez sportif à la scène», elle y bouge, à son image. Elle voit cet exercice physique comme un entraînement collectif : « Les gens sont avec toi et s’ils ne sont pas là pour te porter, rien ne se passe». Sa relation avec la scène et le spectacle est profonde et unique.

* Fishbach à L’Astral, aux Francos de 2017. Photo par Thomas Mazerolles.

 

Il y a une forme d’expressionnisme latent dans ce qu’elle fait sur scène, qu’elle associe à celui de l’Allemagne des années 1920. « J’aime beaucoup appuyer les émotions et les mots par des gestes. Pas des chorégraphies, mais des mouvements du corps qui vont en dire long, des mouvements du visage», illustre-t-elle.

Après deux ans de pandémie, comment vivre cette relation avec la scène alors qu’on en a été privé?  Flora Fischbach raconte avoir récemment donné un concert pour France Inter, une radio française. « J’ai eu très très peur avant ce concert, et en fait, à partir du moment où j’ai remis les pieds sur la scène, j’ai complètement tout oublié. J’étais sans filet et j’ai trouvé ça beau. C’est comme retrouver un vieux copain à qui on n’aurait jamais trop dit au revoir et on reprend le dialogue là ou on l’avait laissé ».

L’artiste française donnera d’ailleurs un spectacle dans le cadre des Francos de Montréal, le 11 juin prochain, au Club Soda. Un retour à Montréal après 4 ans d’absence. « Là, je suis en train de le construire, ce spectacle, et c’est beau parce que c’est une façon de réinventer le disque. D’aller peut-être plus loin d’ailleurs, de prolonger les choses qu’on n’a pas pu faire en studio et puis les exprimer», s’excite la chanteuse.

 

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