crédit photo: Victor Diaz Lamich
Herbie Hancock

Festival de jazz de Montréal 2023 | Herbie Hancock à la salle Wilfrid-Pelletier : All that jazz

Le légendaire jazzman de Chicago a rassemblé à la Place des Arts, ce lundi, ce qui semblait être à peu près tous les mélomanes de la ville. Et bien que la soirée en fut surtout une de nostalgie, Hancock a tellement été longtemps en avance sur son temps qu’on aurait pu croire à la performance d’un jeune groupe. 83 ans et encore tout son mordant, le bonhomme.

Peut-être que ce qui le garde si jeune, c’est d’autant se tenir avec de jeunes talent. Parce qu’en plus d’avoir un bien jeune batteur dans son quintette, l’artiste avait aussi pris la peine d’inviter les très Gen Z DOMi & JD Beck à assurer la première partie.

Gageons qu’une partie de la foule s’est empressé d’aller ajouter le duo à ses favoris en sortant de la salle, parce qu’ils étaient encore une fois très impressionnants (voir notre critique précédente sur leur show de l’an passé) et de fidèles représentants de l’héritage Hancock.

* Point bonus, DOMi arrive sur scène en roulant sur les talons de ses Heelys lumineux.

La veille du spectacle, Herbie a aussi offert une séance de discussion devant public au Théâtre Beanfield (anciennement Corona), pendant laquelle il a rencontré et conseillé deux jeunes pianistes de la Petite Bourgogne. Cette envie de redonner et de mentorer semble prendre beaucoup de place dans la vie du jazzman, et notre guess est qu’il inspire autant les jeunes qu’il rencontre qu’il se laisse inspirer par eux.

* Photo par Victor Diaz Lamich.

Mais bref, le concert.

Le premier constat, c’est que bien qu’on soit tous confortablement assis et calmes, c’est pas reposant, un spectacle d’Herbie Hancock. En fait, le jazz fusion, en général, c’est pas reposant.

Les notes sont livrées à la mitraillette, les accords sont pour la grande majorité dissonants et volontairement tordus. C’est ce qui fait le charme de la chose, on le comprend bien, mais joué à ce niveau, s’en est pratiquement étourdissant.

En gros, Herbie c’est un peu le boss de la fin du jazz.

Et comme tout boss de la fin, son arsenal d’armes est impressionnant. Au-delà du piano à queue et des 3 keyboards qui l’entourent, il sort, en fin de spectacle, une couple de lapins de son chapeau. Nommément un vocoder, avec lequel il se lance dans une longue improvisation qui se termine par l’aveu chanté qu’il est « just making stuff up at this point ».

Plus hot encore: son éternel keytar. Instrument qui, dans les mains d’ABSOLUMENT N’IMPORTE QUI D’AUTRE serait risible et zéro crédible, mais qui, sous les doigts experts du monsieur, sonne comme l’instrument le plus sérieux du monde.

Qui a besoin d’un Steinway, quand tu peux manier le keytar de cette façon et avoir, en plus, l’air de Mario Rock?

Mettons Mario Rock en complet sur-mesure.

Mettons Mario Rock avec le talent d’un génie et le meilleur backing band du monde.

Mettons pas Mario Rock, dans le fond.

* Photo par Victor Diaz Lamich.

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