crédit photo: Anne-Marie Boucher
Maxime Auguste

Extraordinaires Femmes – Lancement du EP Femmes de Maxime Auguste à l’Ursa

15 mars, crachin sur la ville, dans ce printemps qui tarde et nous nargue. Mais au Ursa, devant une salle conquise, Maxime Auguste, orfèvre de chansons tendres et de bonheurs d’occasion, a chauffé la salle de ses dix jolies pièces dont plusieurs nouveautés qui s’égrènent dans le EP Femmes, lancé ce jour-là. En première partie, Jeanne Côté, originaire de Petite-Vallée mais amarrée à Montréal depuis plus de dix ans, a pris la relève d’une Liliane Pellerin malheureusement terrassée par un  virus ce jour-là.  Et c’est avec joie qu’elle a accepté la proposition de dernière minute, par amitié pour Maxime Auguste, mais également pour le piano droit du Ursa, un piano avec lequel elle a eu la joie dense de lancer son premier EP en 2019.

Jeanne Côté a donc offert en ouverture une prestation de six jolies chansons, entamant la soirée avec la délicate pluie de notes de J’suis là, réchauffée par sa voix chaude et claire, légère et puissante à la fois. Des textes complexes et simples à la fois, ciselés avec intelligence. Une seconde pièce au piano seul, Vent d’ouest, a ensuite cédé le pas à des pièces plus habillées (Ouragans, Suite pour personne) soutenues par des tracks de batterie savamment orchestrées par Arthur Bourdon Durocher, son complice de longue date à la batterie, également réalisateur du EP de Maxime Auguste. Les chansons, en tension entre l’anse gaspésienne et le canal de Lachine, offrent des images fortes, des échos émotionnels profonds, une poésie forte et sauvage, avec la présence magnétique de Côté pour enrober le tout. En dernière offrande, elle a proposé au public de chanter avec elle sur la très jolie Y peut mouiller, et avec elle, nous trainions nos squelettes jusqu’au canal de Lachine et courrions comme des chiens fous, ne faisant qu’un.

* Photo par Anne-Marie Boucher.

La salle était touchée au cœur, et bien réchauffée pour accueillir Maxime Auguste et son ensemble composé des habiles Émilie Cornu au clavier, Bertrand Margelidon aux trompettes et flugelhorn, Philippe Caron Turbide à la basse et Gabriel Labrie à la batterie. Le grand Maxime, barbe longue, œil précis, voix chaude et posée avec aplomb, a ouvert avec la balade Katiniq, un hommage à une infirmière croisée sur la route, femme forte faisant des aller-retours entre le nord et le sud pour prendre soin des autres. Cette première pièce, issu du EP Femmes et souhaitant mettre en lumière la singularité et la subjectivité des femmes ordinaires, a laissé la place à d’autres pièces des anciens albums, dont Sophie, qui évoque la nostalgie d’une aventure d’une nuit. «Dis-moi comment j’aurais pu t’oublier», chante-t-il.

Maxime Auguste, qui n’en est pas à son premier tour de chant, a su accompagner son public entre les pièces, l’éclairant de quelques histoires et déclenchant des rires amusés. Les nouvelles chansons, écrites avec adresse, touchantes et ancrées dans un quotidien illuminé par la tendresse, laissent à toucher des univers pourtant riches et complexes. Celle qu’il voyaitrécit d’une transition d’une femme trans laissant derrière elle un monde d’hommes dans lequel elle ne pouvait plus vivre, touche par son acuité, tandis que la chanson Jeannette, balade country écrite pour sa mère, atteint sa cible en offrant une chanson intime et universelle à la fois. Auguste chante le Bar de Courcelle et la rue Ste-Marie, le Havre-aux-Maisons et le Camping soleil, un Québec populaire et familier. Au travers des anciennes chansons, dont les très belles À l’ombre de Turcot et Escale nocturne, l’auteur-compositeur-interprète a dévoilé en dernière offrande la pièce  Fleur de fenouil, composée à partir d’un monologue délicat de Marc Favreau, écrit il y a plus de 40 pour sa compagne. Cette dernière pièce, promesse d’un prochain album à sortir, a laissé le public conquis et affamé d’entendre la suite.

* Photo par Raphaël Delahaye.

Maxime Auguste, dans l’intimité chaleureuse du Ursa, a offert un très beau concert à un public qui en aurait repris au-delà du premier rappel. L’arrangement des pièces était riche et dépouillé à la fois, soutenu par la trompette délicate et en pleine maîtrise d’un Bertrand Margelidon (qu’on connaît de son projet Marsö), les claviers et la voix d’Émilie Cornu, le soutien rythmique et le groove des Labrie et Caron Turbide. On resonge aux voix, portées par l’ensemble du groupe, dont des chœurs appuyés lors d’Escale nocturne. À la poésie désarmante. L’apparence de simplicité nouant des univers délicats. Un lancement réussi pour Maxime Auguste et sa troupe, et l’envie prend d’entendre très bientôt toute la fantaisie de Favreau tricotée par ses mélodies.

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