The Brooks

Entrevue avec The Brooks | Un son à maturité

La formation funk montréalaise The Brooks lance son second long jeu ce mardi soir au Théâtre Plaza et on nous propose un album plus mature, où musique, membres et même pochette sont à point. Sors-tu.ca a rencontré le bassiste Alexandre Lapointe pour tout savoir.

thebrooks-02Ils ont connu un bon succès avec leur premier opus Adult Entertainment, et ils arrivent maintenant avec l’album Pain & Bliss, qu’ils disent beaucoup plus personnel. C’est le petit nouveau du groupe qui écrit les textes, le groupe à la base se voulant instrumental. Le petit nouveau, c’est le très grand Alan Prater, celui qui était tromboniste pour The Jacksons et choriste pour Michael Jackson sur la tournée Thriller. « Alan a sa manière d’écrire. Sur le premier album, on avait un morceau qui s’appelait Bloody Hell qui était vraiment axé sur ce qui se passait dans le ghetto. Alan a vraiment un background impressionnant. Pour le nouvel album, ce qu’il a à dire est peut-être un peu moins politique. C’est plus axé sur la femme, sur l’échange mère-fils. Justement, il y a une chanson qui s’appelle Mama qui se veut un hommage à sa mère. »

L’album Pain & Bliss connait déjà une réponse favorable dans l’entourage du groupe. « Ce que j’ai aimé de la réponse de nos proches qui ont entendu l’album en production, c’est que ç’a maturé. Le fait d’écrire à huit maintenant, il y a plus de touches personnelles. Exemple, avec Dan Thouin et ses synthétiseurs, on développe un peu l’électro sans être électro non plus. »

Rêve d’enfant

pain-and-blissLa pochette elle-même fait toute la différence du premier album. Le premier avait un look beaucoup plus épuré, sérieux par l’utilisation de la photographie. À son opposé, Pain & Bliss est éclatant, aux allures plus world, plus coloré.

La pochette a été réalisée par Lemy, un artiste bien connu pour ses oeuvres sur disque. « C’est un rêve de garçon! On est des grands fans de Fela Kuti, le père du afro-beat. On a toujours trippé sur ses pochettes de vinyles. On s’est dit « pourquoi qu’on n’essaierait pas de contacter Lemy, celui qui faisait ça? » On n’a jamais eu de nouvelles. Donc on a continué nos recherches, on a demandé à John Londono qui avait fait notre première pochette, c’est un photographe d’ici. On avait monté un concept pour finalement recevoir un courriel de Lemy. On s’est rendu compte qu’on écrivait à la mauvaise adresse ! À partir de là, tout a déboulé super rapidement. »

Lemy s’est fait donné carte blanche pour la création. « Tout ce qu’il voulait voir, c’était des images du groupe. On lui a envoyé des teasers vidéo, même l’album au complet. Il nous écrivait : ‘Mes doigts me chatouillent, j’ai plein d’inspiration ! Il n’y a rien de numérique, c’est tout peint à la main pendant qu’il écoutait notre album. »

Ça donne un résultat éclaté et c’était en plein ce que recherchait la formation. »Il fallait le laisser aller. On lui a parlé de nos influences, donc ça, mélangé à ce qu’il entendait, c’est ce qui, selon moi, a donné les couleurs très éclatées. »

Toute qu’une brochette

D’abord un quatuor, The Brooks est aujourd’hui une groupe de huit musiciens accomplis. « Le band a commencé avec Marc Bell, le percussionniste, Maxime Bellavance (Beat Market), le drummer, Philippe Look, le guitariste, et moi à la basse. On est tous des chums de longue date. Marc est propriétaire d’un studio qui s’appelle les Troublemakers. Ils ont fait Jason Bajada, Bran Van 3000, même Lauryn Hill. On va toujours faire nos albums aux Troublemakers. Daniel Thouin s’est ensuite greffé au groupe. C’est un claviériste et musicien incroyable. Sebastien Grenier s’est joint à nous avec son saxophone. Puis, Hichem Khalfa à la trompette. Et finalement Alan Prater à la voix. »

Le bagage d’Alan Prater est assez impressionnant, lui qui a côtoyé les plus grands. « Être dans une van avec Alan, c’est spécial. Quand t’as un huit heures de route à jaser et qu’il te parle de Quincy Jones ou Stevie Wonder ou Michael Jackson ou The Jacksons, pour nous c’est plus grand que nature. »

Chacun a sa petite vie de famille, chacun a ses projets en parallèle, mais chacun garde le band The Brooks comme une priorité. « Brooks va toujours passer en premier. C’est arrivé que, chacun, on se faisait proposer des projets qu’on devait refuser par ce que ça entrait en conflit avec un show ou un enregistrement qui était déjà cédulé. Notre priorité est vraiment le band. »

On pourrait penser que d’écrire à huit sur un album amènerait son lot de conflits. Alexandre Lapointe n’est pas d’accord, même s’il avoue qu’il ne voudrait pas le faire autrement. « On est tous des mélomanes, à la base. Je pense que quand t’es mélomane et que tu connais bien la musique, t’es capable de filtrer ce qui est de la musique bien faite et ce qui est moins bien fait. Nos influences se rejoignent beaucoup. »

Quelles sont-elles, ces dites influences? « Herby Hancock, Parliament, Funkadelic. C’est sûr qu’encore là, bien qu’on sache s’influencer, on cherche pas à reproduire, bien qu’on ne puisse plus rien réinventer en musique. On a un morceau sur l’album qui se veut un genre d’hommage qui s’appelle Funk Life. C’est un peu comme une ode à ces bands-là. »

Lancement au Plaza

Bien qu’ils soient huit têtes à penser les arrangements, des fois, The Brooks a besoin d’aide de tierces parties pour combler les besoins, comme des cordes ou des voix féminines. « On a eu des belles collaborations sur l’album. On a demandé au quatuor 4 Ailes de venir faire un tour sur le nouvel album, elles qui avaient participé au premier. Sinon, Kim Richardson et Marie-Christine Depestre qui sont venu faire des voix. C’est du monde de la famille! »

Pour le lancement au Théâtre Plaza, toute la famille justement sera présente. « Tout le monde va être là au lancement mardi. On est vraiment contents. En plus, on a la chance d’avoir au son Ben Favreau qui a travaillé pour Half Moon Run. Il a même embarqué son équipe d’Half Moon Run pour faire le son et les éclairages. »

 

Résidence presque permanente

Pour les fins connaisseurs et amateurs de The Brooks, il est su que la formation se produit tous les mercredis soirs au Dièse Onze. Il faut savoir que le spectacle de lancement et les soirées au célèbre bar jazz sont deux entités bien distinctes.

Ça fait maintenant trois ans que The Brooks est en résidence au Dièse Onze. Ce qui à la base était un contrat de trois mois est devenu une résidence quasi-permanente. « Cette place-là, c’est comme une place de répétition pour nous. On peut essayer du nouveau matériel. C’est comme du monde qui s’entraîne. Ce n’est pas de jams, par exemple. On fait soit nos chansons, soit des reprises, mais surtout on essaye autre chose. Refaire la même chose pendant trois ans, le monde se serait tanné. On se permet de sortir des terrains battus. […] Ça fait bientôt trois ans qu’on est là et on ne veut pas arrêter. »

Avec la sortie d’album débouchera évidemment une tournée. Les Brooks espèrent toutefois pouvoir explorer un autre coin de pays. « On adore passer par Québec, au FEQ, faire les Coups de Grâce de St-Prime ou le FME en Abitibi, mais on a aussi une mentalité un peu plus américaine. On est curieux de se dire « Conduire huit heures en Abitibi ou six heures à New York? » Pourquoi pas l’essayer. » Quoi qu’il en soit, on leur souhaite et on suivra ça de près assurément.

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