Orchestre Symphonique de Longueuil

Entrevue avec Alexandre Da Costa | Diriger l’OSDL depuis son violon

À l’occasion du concert Simplement Mozart, prévu par l’Orchestre symphonique de Longueuil pour le 2 avril prochain mais qui est reporté à une date ultérieure, Sors-tu est allé discuter avec le nouveau directeur artistique et musical de l’OSDL, Alexandre Da Costa. Du concert à la direction, en passant par les décisions prises pour donner un nouvel élan à son orchestre, rencontre avec un chef qui n’est pas effrayé par le changement.

De soliste à chef d’orchestre

« Lorsque j’ai voulu faire le saut dans la direction artistique d’un orchestre, je n’ai pas regardé partout sur la planète, j’ai regardé chez moi. Ça faisait des années que j’étais à l’étranger avec mon fils et ma femme, et lorsque mon fils a eu l’âge d’aller à l’école, j’ai cherché un type de projet qui va me donner ce dont j’ai envie dans ma carrière, mais qui est aussi compatible avec ma vie de famille. Ma réalité, c’est celle d’un père de famille, et c’est non négociable. » C’est donc par amour qu’Alexandre Da Costa est entré à l’OSDL, en tant que directeur artistique et musical. Après une carrière soliste internationale, le violoniste québécois a posé ses valises à Longueuil et il compte bien y rester.

Le directeur musical est d’ailleurs très fier de son ensemble : « Les musiciens de l’orchestre sont de grands professionnels. Il y a peu d’endroits où il y a beaucoup de musiciens de haut calibre comme au Québec. La qualité des musiciens est indiscutable, lorsqu’on va à un concert de l’orchestre on peut toujours s’attendre à un très haut niveau. Comme chef, c’est un grand plus : ça me donne la possibilité de programmer des choses vraiment demandantes pour l’orchestre. »

Alexandre Da Costa garde d’ailleurs en tête le récent concert Improvisation symphonique, avec le pianiste Gregory Charles. « On a fait un concert avec un programme très difficile, et l’orchestre en a proposé une version fabuleuse. »

 

« Diriger l’orchestre de mon violon »

La confiance du chef pour ses musiciens lui permet aussi de faire des choix osés de direction : « Le fait que les musiciens soient si bons me permet de pouvoir sans problème diriger l’orchestre de mon violon. » En effet, Alexandre Da Costa n’a pas troqué son violon pour sa baguette, il allie les deux avec brio : « Si je suis seulement avec une baguette et des partitions, il y a quelque chose qui me manque. Mon ADN sera toujours celui d’un violoniste qui dirige et non d’un chef qui joue du violon. »

Dans le concert Simplement Mozart, Da Costa a d’ailleurs prévu de diriger depuis son pupitre de violon soliste, comme ça se faisait autrefois : « Je ne réinvente pas la roue, ça se faisait beaucoup avant mais on a oublié de le remettre de l’avant. Mais Joshua Bell, Pinchas Zukerman… C’est naturellement qu’ils se sont retrouvés sur le podium après leur carrière soliste, pour avoir plus de choses à dire. Mais ce n’est pas pour ça qu’ils ne sont plus violonistes. »

Le concert Simplement Mozart, de la série des concerts Stradivarius, s’inscrit d’ailleurs dans cette pratique. « C’est comme ça qu’on faisait dans le temps de Mozart. Les chefs, ce sont Christian Fraun et moi, depuis nos places de solistes. C’est là qu’il y a le moins de perte d’information entre les musiciens et les solistes. »

Le concert, reporté à une date ultérieure, sera composé de deux œuvres monumentales de la musique classique : la « plus belle ou la plus connue des symphonies de Mozart », la 40e (en sol mineur, K 550) et la symphonie concertante pour violon et alto, en mi bémol majeur (K 364).

Pendant l’entrevue, Alexandre Da Costa se réjouissait de la présence de l’altiste soliste de l’Orchestre philharmonique de Vienne, un « ami de très longue date » avec qui il avait déjà joué la symphonie concertante en tout début de carrière. Le retour de la pièce promettait d’ailleurs un jeu différent : « On va avoir une complicité qui va être maturée, un jeu différent, probablement plus axé sur la musique et moins sur la virtuosité et le syndrome de l’héroïsme », souligne le violoniste en riant.

Transmettre la musique classique

S’il faudra s’armer de patience avant d’entendre à nouveau l’OSDL en concert, Alexandre Da Costa nous fait cependant de belles promesses : « Présenter la musique classique d’une autre manière, c’est toujours intéressant. L’angle que j’espère pouvoir établir à chaque concert, c’est faire un contact humain entre les musiciens et le public. On a décidé, depuis un moment, de faire une coupure entre les deux. Mais à l’époque d’un Schubert ou d’un Beethoven, il y avait une communication directe, bonne ou mauvaise, entre le public et les musiciens. Et il faut entretenir ça. »

Le maestro est un vecteur d’information et de transmission pour relier son monde professionnel et le public. « Je parle à chaque concert, presque entre chaque pièce. Je ne fais pas un cours d’université, mais j’établis un contact. Je veux aider le public à ressentir quelque chose. Je suis une courroie de transmission de la musique. »

Da Costa explique s’inspirer des chanteurs pop, beaucoup plus proches de leur public. « En classique, on n’a pas été entraînés à ça et c’est une erreur, il faudrait changer ça, que les jeunes musiciens soient habitués à établir cette connexion. C’est beau d’être conservateur et traditionaliste, mais encore faut-il être un musicien de son temps et évoluer. » Alexandre Da Costa a beaucoup de choses à apporter au monde de la musique classique, et il est à la bonne place pour le faire.


* Cet article a été produit en collaboration avec l’Orchestre Symphonique de Longueuil.

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