Dream Theater

Dream Theater à Montréal | Voyage dans un autre univers

Le métal progressif ne connait que très peu de limites. Par définition, ce sous-genre brise lesdites limites qui peuvent parfois peser sur d’autres styles. Le groupe Dream Theater a une fois de plus illustré sa légitimité en tant que pionnier du prog lors de son passage à Montréal. La formation américaine fait présentement la promotion de leur nouvel album, qui est original par sa structure, son concept et sa longueur. Le temps d’un concert, les musiciens ont transporté le public du Centre Bell à un monde fictif et fantastique, où la musique est au cœur des batailles.

Pour pouvoir apprécier pleinement la présente tournée de Dream Theater, une connaissance minimale de leur dernier album est souhaitable. Sorti en janvier, l’album concept The Astonishing est rempli d’audace. Il s’agit d’un rock-opéra d’une durée approchant de 2 heures 10 minutes. Lors de l’écoute, on entre dans un monde futuriste et dystopique, une société où la musique n’est produite que de manière électronique. La présence d’un jeune homme possédant le don de la musique chamboule cet univers. L’histoire est séparée en deux actes et s’inspire ainsi de la structure traditionnelle de l’opéra. C’est ce modèle que le groupe a également favorisé pour leurs représentations live.

Le concert était, en fait, l’album live. Ni plus, ni moins. Le groupe a joué la totalité des chansons du nouveau CD, en respectant l’ordre et la présence de l’acte, qui s’est transformée en pause de 20 minutes. Dream Theater est entré sur scène à l’heure, et a entamé la pièce Descent of the Nomacs, pour clore avec la dernière, Astonishing. La performance était doublée d’une présentation visuelle sur 6 tranches d’écran placées derrière les musiciens. Les spectateurs pouvaient ainsi voir les différents personnages et suivre les aventures de l’empereur, de la princesse ainsi que du groupe de rebelles. Les images offraient une belle complémentarité à la musique et permettaient au public de s’immerger dans le monde fictif de The Astonishing.

La saga racontée par l’album passe pour une large gamme d’émotions, et celles-ci sont magnifiquement représentées par la musique. Certaines chansons étaient plus calmes, d’autres avaient plus de mordant. Les fans ont eu droit à de rapides solos de guitare et à des envolées musicales au piano. Tous ont pu témoigner du talent incontestable des musiciens par l’intensité de certains morceaux, la diversité des rythmes et l’aspect technique présent sur chaque note. Si certains doutaient encore du génie musical du groupe, les pièces de The Astonishing sont une série de preuves solides qui devraient les convaincre. Musicalement, Dream Theater était splendide.

Parce que le concert était calqué sur l’album, en plus d’être accompagné d’une présentation visuelle, il n’y avait pas de place à l’improvisation ou à la spontanéité. Tout était calculé au quart de tour. Les musiciens n’ont que très peu interagi avec leur public, ce qui a rendu la performance un peu froide. De plus, des chaises avaient été installées sur le parterre. Les gens qui y étaient se sont levés lorsque les premières notes ont résonné, mais ils sont tout de même restés relativement statiques tout au long de la prestation – présence des chaises oblige. L’ambiance aurait certainement gagné en énergie si les spectateurs avaient eu l’opportunité de bouger à leur aise. Toutes les pièces ne s’y prêtaient pas, mais le dynamisme d’un mosh pit manquait.

Une excellente performance technique et musicale de la part de Dream Theater, donc. Ces génies du prog ont toutefois semblé jouer sous une bulle de verre, plongés dans l’univers qu’ils ont créé.

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