Je m'voyais déjà

Critique Spectacle: Je m’voyais déjà à Montréal

Mercredi 13 octobre 2010 – Olympia (Montréal)

Après avoir été présentée sur les planches françaises, la comédie musicale Je m’voyais déjà, qui met en vedette le répertoire de Charles Aznavour est maintenant arrivée au Québec. La première médiatique prenait place, hier, sur la scène de L’Olympia, avec l’intention de séduire les québécois. Mission accomplie? Hmm, pas certaine.

C’est sous l’initiative de Katia Aznavour, la fille du célèbre auteur-compositeur-interprète français, que ce « théâtre musical » – comme l’a décrit Pierre Marchand, producteur du spectacle – est né. Une très bonne idée en soi, qui aurait gagné à être mieux exploitée.


Chorus Line, façon québécoise

Photo par Élise Arsenault ©

Je m’voyais déjà raconte l’histoire de six jeunes comédiens (Frédérick De Grandpré, Sarah Dagenais Hakim, Jean-François Poulin, Martin Rouette, Hugo Lapierre et Élise Cormier), tout juste rejetés d’une audition. Ils décident donc de monter leur propre comédie musicale, sur l’œuvre de Charles Aznavour, avec l’aide de Francesca (Judith Bérard), membre du jury qui les a éliminés. Une histoire de type A Chorus Line.

La prestation repose sur les épaules des 7 comédiens à l’affiche, tous très talentueux, qui nous livrent très bien l’histoire, malgré ses défauts. Leur belle énergie et complicité transparaissent sur scène et contribuent à un jeu plus vrai. Bien souvent, on y croit.

Judith Bérard, qui a interprété un Mourir d’aimer d’une manière très touchante (malgré les blagues de présentation déplacées… on y reviendra plus tard), est magnifique et très juste dans son rôle de « chanteuse oubliée ».

La présence des musiciens sur la scène, formant un groupe de « base » composé d’une guitare, d’une basse, d’une batterie et d’un piano est intéressante, surtout que d’ordinaire, dans les productions de ce genre, on tend à les cacher sous la scène.

Là où le spectacle prend une tournure intéressante, c’est lorsqu’on amène et présente les chansons, en les remettant dans le contexte de leur création. On précise, par exemple, que La Bohème est extraite de Monsieur Carnaval, une comédie musicale écrite par Aznavour en 1965 ou bien qu’il est l’auteur de La plus belle pour aller danser, reprise au Québec par Michèle Richard. Des notes biographiques qui nous renseignent sur la vie et l’œuvre d’Aznavour d’une manière ludique. Ça, on aime.

Humour douteux

Par contre, le point majeur qui dérange dans toute la représentation, c’est la présence d’un humour non nécessaire calqué sur des événements de l’actualité. Un humour qui, plutôt que d’enrichir le spectacle, vient le contaminer avec des blagues qui sont parfois déplacées ou qui tombent à plat. D’autant plus que les événements cités – comme la Commission Bastarache par exemple – sont si récents et actuels qu’ils donnent l’impression que le spectacle a été parachevé à la dernière minute.

S’il y a quelque chose qui n’impressionne pas particulièrement, ce sont les décors, qui ne sont en fait que des projections de paysages tantôt parisiens, tantôt montréalais. On s’y perd et ça laisse une impression un peu pauvre.

Photo par Élise Arsenault ©

Enfin, même s’il fait plaisir de voir réunis tant de succès de Charles Aznavour sur scène et de les voir prendre vie, il reste que cette comédie musicale aurait intérêt à être plus universelle et moins, disons, « personnalisée ». Surtout sachant que le présent spectacle est inspiré du concept de Mamma Mia!, qui voyage très bien et ce, sans adaptation.

Aznavour non plus n’aurait pas besoin d’adaptation, étant un artiste internationalement reconnu. Il y aurait eu moyen de bâtir une histoire plus accessible au départ…sans Bixis et allusions au mauvais accent anglais de Pauline Marois.

Mais que peut-on dire lorsqu’on se mesure au charme et à l’intensité émotionnelle d’Aznavour? Il est difficile d’arriver à la cheville d’un tel monument de la chanson française…

Charles Aznavour commente après le spectacle

Suite à la présentation de la première médiatique de Je m’voyais déjà, Charles Aznavour (qui était présent pour la présentation du spectacle) est monté sur scène pour commenter.

« J’ai été ravi toute la soirée parce que j’ai eu l’impression de voir une autre pièce, écrite par d’autres », s’est-il exprimé.

Écoutez l’intégral du commentaire de Charles Aznavour, à chaud, suite à la présentation de la première médiatique de Je m’voyais déjà:

Vos commentaires