Martha Wainwright

Critique | Martha Wainwright au Théâtre Corona de Montréal

En ce lundi initiateur de froideur sur la métropole, quoi de mieux pour se réchauffer le coeur que le show de Martha Wainwright. Elle présentait notamment son dernier opus, Come home to Mama, sorti le 16 octobre dernier soit trois ans après son CD hommage à Piaf. Au Théâtre Corona étaient réunis des fans assidus, autant anglophones que francophones, pour apprécier ce que la dame avait probablement préparé spécialement pour son public montréalais.

Photo par Marc-André Mongrain

Après une première chanson solide aux accents plus rock que folk, I’m Sorry, elle exécute une présentation cocasse, « pic de guit » entre les dents, y allant d’une ironie comme quoi, au fond, elle ne sait pas jouer de guitare. Cet intermède donne le ton à la soirée ; une fille très simple, qui s’adresse à son public dans un français très apprécié avec lequel elle se permet des blagues… on peut appeler ça une fille bilingue !

On aime les nuances de la deuxième chanson, Can You Believe It, ainsi que l’honnêteté de l’interprétation, qui se traduit d’ailleurs à travers tout le spectacle. Malgré que Martha soit à l’aise à raconter, elle est quand même plus en voix quand vient le temps de chanter, comme en témoigne le blues à saveur Joplin Some people.

Martha Wainwright avoue que ça a beaucoup changé depuis le spectacle hommage à Édith Piaf, qui lui « donnait mal à la mâchoire », et que la plupart de ses chansons sont auto-biographiques. Sauf Radio Star, qui serait une réplique à son frère Rufus et une inspiration du film apocalyptique Melancholia (de Lars Von Trier). « Ça a rapport avec.. rien, finalement! » avoue-t-elle, déclenchant l’hilarité dans la salle. La chanson nous transporte ailleurs, en effet, et se démarque des autres, par ses sons plus électro bien dosés.

« Je me suis dit que comme vous ne connaissiez pas mes nouvelles chansons, j’en ferais des plus anciennes… mais peut-être vous connaissez pas les anciennes non plus. » Martha Wainwright ne se badre pas de son succès ; elle fait ce qu’elle veut, que ça plaise ou pas.

Photo par Marc-André Mongrain.

Sur scène, aux côtés de son mari Brad Albetta, elle est très enracinée, loin de l’extravagance du frère ou de la pression de ses géniteurs. Et le public est assidu, reconnaissant aux premiers accords Ball and Chain, issu de son album homonyme. Une pièce tirée de I Know You’re Married But I’ve Got Feelings Too finit de prouver que la fille a du coffre et l’étoffe du rock.

Et c’est là qu’elle fait plaisir à son assistance en interprétant Soudain une vallée, reprise très touchante de la regretté Édith, qui nous décroche la mâchoire, à nous cette fois! Après quoi, ce n’est qu’émotions, avec sa tante Anna McGarrigle qui prend place au piano pour Dans le silence et Bye bye Blackbird (un vieux standard jazz popularisé entre autres par Liza Minelli), deux chansons que l’on sent dédiées à la regrettée mère de Martha, Kate McGarrigle.

Elle a terminé le show avec les quatre derniers titres de Come home to Mama, dont Proserpina, une ode épique chargée et envoûtante.

Une belle soirée qu’a offerte Martha Wainwright, malgré les transitions parfois longues entre les chansons pour des raisons techniques, et la belle tend à trouver le bon diapason dans le tumulte des différentes vibrations. On la garde dans la mire.

Photos en vrac
(par Marc-André Mongrain)

Grille de chansons

1. I’m Sorry
2. Can You Believe It
3. Some People
4. Four Black Sheep
5. Radio Star
6. Leave Behind
7. Ball and Chain
8. Jesus and Mary
9. Soudain une vallée (reprise d’Edith Piaf)
10. Dans le silence (avec Anna McGarrigle)
11. Bye Bye Blackbird (avec Anna McGarrigle)
12. All Your Clothes
13. I Wanna Make An Arrest
14. Everything Wrong
15. Proserpina

Rappel
This Life
Stormy Weather

 

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