Lana Del Rey

Critique et photos | Lana Del Rey au Centre Bell

Il y avait longtemps que les fans montréalais l’attendaient: Lana Del Rey a finalement effectué un arrêt dans la métropole lundi soir, au Centre Bell, rien de moins, pour la première fois depuis la sortie de son premier album en 2012. 


Le culte de la beauté

Pas moins de 11 400 fans étaient au rendez-vous. Une foule vendue d’avance qui voue un culte presqu’excessif à ce phénomène qu’est Lana Del Rey. On avait parfois le sentiment d’assister à une sorte de rassemblement sacré. Le culte entourant Del Rey est fascinant, extrêmement axé sur la beauté, disons même la superficialité. On la sent toujours très soucieuse de son image, de son apparence.

Et si cet aura intrigue, on comprend d’abord que son offre musicale est intéressante. Elle se démarque de la pop commerciale, de ce que l’on nous sert à répétition sur les ondes radio, mais son jeu scénique n’est pas à la hauteur de ses ambitions.Voix plutôt faible, parfois fausse ou à peine audible, supportée par des bandes pré-enregistrées (ou le chant de la foule) et manque de présence scénique générale sont ses principales lacunes. On a parfois (trop souvent même) l’impression d’assister à l’une de ses répétitions, alors qu’elle ne semble pas totalement investie dans ses chansons. Et l’émotion, Lana?

Pourtant, le talent est bien présent, enfoui quelque part au fond d’elle-même. On le réalise lors de son impeccable interprétation de Million Dollar Man, où l’on peut enfin communier avec la chanteuse, qui démontre l’étendue de la puissance de sa voix. Il faut dire que si la sono du Centre Bell n’était pas aussi exécrable, peut-être cela lui donnerait-elle une chance?

Photo par Pierre Bourgault

Photo par Pierre Bourgault

Ce qu’il y a d’étrange en fait, c’est que Del Rey a tant fait parler d’elle, autant positivement que négativement, et a une attitude si particulière, une manière de bouger si peu commune qu’elle semble souvent être une caricature d’elle-même. Elle est extrêmement maniérée et bien souvent, ça manque de naturel, de spontanéité.

Même ses interventions dans la foule semblent calculées. Interventions beaucoup trop longues et nombreuses d’ailleurs. Son spectacle étant déjà assez court (un peu moins d’1h30), elle semble vouloir étirer la sauce en prenant des bains de foules à signer des autographes et à prendre des selfies avec ses fans. De la part de tous les autres n’étant pas à l’avant de la salle: désolés de vous avoir dérangés. L’intention de départ semble bonne, simplement, cela devient lassant.

Des musiciens hors-pair

Mention honorable aux musiciens de Del Rey, qui pourraient faire le show à eux seuls. Grand contraste avec la star de la soirée, on les sent complètement empreints de leur musique. Les solos sont interprétés de manière magistrale. On adore la guitare sur West Coast, mais surtout, on se souviendra du jam épique ayant fermé la soirée, alors que Lana avait déjà quitté la scène, sans rappel, après National Anthem.

Côté grille de chansons, la belle a choisi de concentrer la plupart de ses succès en début de concert – hormis pour Video Games et National Anthem qui ont clôt la soirée – avec l’enchaînement Blue Jeans, West Coast et Born to Die, ce qui était un bon choix. Inutile de mentionner que la foule était comblée.

Un concert de plus qui aurait davantage convenu à une salle de plus petite envergure, peut-être un Métropolis ou deux, pour véritablement connecter avec l’artiste. Son décor d’ailleurs, plutôt tropical avec ses palmiers et son trône en osier, avait cet aspect chaleureux qui aurait parfaitement habillé une salle plus petite.

On attend maintenant son troisième album, Ultraviolence, qui paraîtra le mois prochain. Les nouvelles pièces sont prometteuses, c’est donc à suivre…

Grille de chansons

– Cruel World
– Cola
– Body Electric
– Blue Jeans
– West Coast
– Born to Die
– Carmen
– Young and Beautiful
– Summertime Sadness
– Million Dollar Man
– Without You
– Ride
– Video Games
– National Anthem

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