Critique album | Xiu Xiu – Nina

Deux mois avant de lancer un vrai nouvel album de Xiu Xiu – Angel Guts: Red Classroom, prévu pour le 4 février – l’excentrique Jamie Stewart dépose chez les disquaires le résultat troublant de son portrait dada d’une sélection de chansons de Nina Simone. Bravo pour l’audace, mais l’effort s’avère à la fois trop déstabilisant pour l’écoute informelle et sans piste intéressante pour l’analyse.

D’une voix chevrotante et chuchotée qui n’est pas sans rappeler le travail récent de Scott Walker, Stewart retire toute mélodie et tout souffle des interprétations vocales de Nina. L’exercice de style est si évident qu’on ne peut douter de l’aspect intentionnel de cette approche, du contraste recherché par ce broyage extrême de l’original.

Mais quel est le fil conducteur ? Quelle est l’évocation de Simone, si ce n’est que l’idée de la douleur, bafouée plus qu’autre chose ?

Nina est au final une oeuvre avant-jazz sans queue ni tête qui ne trouve ni écho dans l’esprit agité de Nina Simone, ni dans l’excentricité reconnue de Xiu Xiu.

L’afro-funk free-jazz de See Line Woman et l’étrangeté subtile transmise à Pirate Jenny sont beaucoup plus dans la lignée de ce qu’on attendait de cet album. Et c’eut été beaucoup mieux ainsi.  Contentez-vous de télécharger ces deux extraits, et imaginez ce qu’aurait pu être le reste. La réalité est malheureusement moins emballante.