Critique album: Duchess Says – In a Fung Day T!

Les adeptes du quatuor furibond Duchess Says peuvent se réjouir: le groupe électro-punk-dans-ta-face montréalais vient de faire paraître un nouvel album à écouter à tue-tête. Dix doses de poudre à canon qui feront tout éclater en concert prochainement…

À certains égards, In a Fung Day T! n’est pas si différent du précédent, le premier album Anthologie des 3 perchoirs, si ce n’est que cette étrange fascination pour les perruches semble s’être dissipée.

Phil C., Ismaël et Simon Says attaquent toujours leurs riffs avec une rage adolescente qui décoiffe. Les synthés saturés font la loi et donnent lieu à des moments d’une inquiétante étrangeté au début de L’ordre des secteurs et Mayakovsky, tandis que la section rythmique martèle une cadence rarement reposante.

Quelque chose d’animal se dégage de cette musique incendiaire, dépravée, sauvage. La chanteuse gueularde Annie-Claude Deschênes y est sans doute pour beaucoup. Son attitude je-m’en-foutiste ajoute de l’ardeur à ce violent cocktail.

Sans surprise, elle chante et gueule comme une forcenée à plusieurs reprises, même si l’on sent que les limites du studio l’empêchent de péter les plombs comme on sait que le groupe peut le faire dans un bar à concerts. La production, signée Adrian Popovich et Joseph Donovan (The Dears, Sebastien Grainger de Death From Above 1979), n’est certainement pas à blâmer pour ces limites: les deux acolytes du Mountain City Studio montréalais ont su laisser ce qu’il faut de friture à l’ensemble des sons pour dégager cette saveur farouche que les adeptes apprécient tant. C’est juste que le délire généré par la bande en concert n’a d’égal… qu’un concert!

N’empêche, In a Fung Day T! regorge d’adrénaline. La démente Subtraction of Obedience ressemble à ce que le trio We Are Wolves pourrait donner s’il était complété par une chanteuse folle à lier, ou si Death From Above 1979 troquait la mari pour les amphétamines.

Même si Duchess Says ne dévie pas de façon drastique de la recette établie, il y a sur In a Fung Day T! quelques risques, quelques moments où la subtilité se met de la partie et le quatuor fait presque dans la finesse. Comme S.O.H., « l’agace » de l’album, qui se termine en fondu alors que l’intensité semble être sur le point d’atteindre son paroxysme. La suivante, et dernière de l’album, Yellow Pillow s’étire sur plus de 6 minutes sur un rythme plutôt modéré, une approche que l’on n’aurait pas cru possible sur 3 perchoirs.

D’autres titres sont plus ludiques, dont le premier extrait Time To Reiterate et l’étrangement accrocheuse Gainsbourg. L’ensemble de ces éléments donne lieu à 38 bonnes minutes de musique violente comme certains l’aiment.

* Duchess Says lancera son album In A Fung Day T! au Club Soda, à Montréal, ce soir (jeudi 13 octobre). La bande se rendra ensuite à Québec le 10 novembre prochain pour un concert à la salle Le Cercle.