crédit photo: Cassandra Lacroix
Aliocha

Aliocha Schneider au Studio TD | À la merci d’un charme indéniable et de quelques interrogations

Deux mots viennent à l’esprit lorsque l’on pense à l’auteur-compositeur-interprète et acteur franco-québécois Aliocha Schneider : talent et charme. Cependant, lors de sa performance au Studio TD jeudi, un troisième mot s’invite : perplexité. Accompagné de deux musiciens, il n’a pas tout à fait réussi à recréer sur scène l’atmosphère de ses albums, celle que les spectateurs attendaient depuis son dernier véritable concert à Montréal en 2017. Malgré tout, les vives réactions du public témoignent de la popularité d’Aliocha Schneider et surtout, de son magnétisme universel.

Deux univers

Dix. C’est le nombre de jours qu’Aliocha et ses musiciens ont eu pour préparer le spectacle. On a beau être entouré des meilleurs musiciens en ville, dix jours, c’est malheureusement rarement assez de temps pour permettre une cohésion au sein d’un groupe. Et puis, plus que du temps, ça prend des influences similaires, ou du moins complémentaires pour y arriver.

À l’amorce du spectacle, l’hésitation est palpable chez les deux musiciens accompagnateurs, alors qu’Aliocha perd quelque peu le contrôle de quelques lignes vocales dans la chanson Suspendus (et c’est normal s’il s’entendait aussi peu qu’on ne l’entendait). Le volume de la voix est faible, les back vocals dans un style rock incompatible au nouvel univers d’Aliocha et le jeu du batteur comme si c’était du gros pop de stade, avec une tendance quasi rock classique. On a l’impression que les musiciens évoluent dans une dimension différente de celle du chanteur et guitariste… Cela porte à se questionner en ce début de spectacle.

Heureusement, Aliocha, lui, sait absolument où il est et qui il est, et si parfois certaines notes lui échappent, sa confiance et sa qualité d’interprète nous permettent d’oublier bien des choses, incluant la vie en dehors du studio TD en ce 29 novembre.

Tomber sous le charme

Les chansons de son dernier album, en français pour la première fois, défilent en début de spectacle : L’autre, Hey Mama, Avant elle. Aliocha demande avec humour un verre de vin, suscitant quelques sourires au passage. On lui emmène bel et bien un verre de vin blanc, alors qu’il raconte l’histoire embarrassante d’un amour de jeunesse avec une certaine Sarah, de laquelle il est tombé amoureux entre 10 et 18 ans. Il parle bien, Aliocha. Il a le charme nécessaire pour charmer la foule, qui semble tomber amoureuse à chaque mot qu’il prononce, un peu comme Aliocha avec Sarah. Nous étions tous.tes jaloux.ses de Sarah à ce moment-là.

La nervosité étant tombée, la performance de la chanson est nettement réussie. On perçoit une sorte de vérité dans le regard de l’auteur-compositeur. Le jeu des musiciens (dont je n’ai malheureusement pas pu bien entendre les noms) est aussi bien mieux adapté, écrivais-je juste avant un solo de batterie sans aucune retenue au milieu de la pièce. Mais bon, Aliocha semble être happé par l’enthousiasme, et par ricochet, nous le sommes aussi pour la deuxième partie du spectacle, marquée par de superbes interprétations de Julia et d’Ensemble.

Le spectacle se conclut avec une reprise de Rêver mieux de Daniel Bélanger, une chanson qui, selon les dires du chanteur, représente l’une des raisons majeures pour lesquelles il exerce aujourd’hui le métier de musicien (entre autres aventures). Il revient en solo sur scène avec sa très populaire Flash in the Pan pour troisième et dernier rappel. Cette chanson délicate au songwriting incroyable marque un point final à la soirée, qui malgré ses inconsistances, prouve la popularité croissante d’Aliocha Schneider, tout en consolidant sa réputation en tant qu’interprète brillant capable de subjuguer son public avec un charme naturel et un regard sincère.

 

Grand Eugéne en première partie

Grand Eugène, porté par l’écriture de Jeremy Lachance et la voix de Melyssa Lemieux, se profile comme un projet musical évoquant la douceur et la jeunesse éternelle. Un décollage indie-pop absolument réussi pour cette soirée du 29 novembre. Les chansons magnifiques, alliées à une présence scénique forte et à une amitié que l’on devine, construisent un monde bien à elles au centre de la scène TD autour duquel le public orbite en apesanteur.

Bien que la performance ait été relativement courte, elle suscite un accueil chaleureux du public de la salle TD pleine, initialement attiré par l’acte principal et le seul annoncé, celui d’Aliocha Schneider. Une belle carte de visite pour ce nouveau groupe (mais aux musicien.nes d’expérience) qui fait tranquillement mais assurément sa place dans le paysage musical francophone.

D’ailleurs, Grand Eugène vient tout juste de sortir les démos de leurs chansons Moments et Celle-là. Coup de foudre pour cette version de Moments, qui inclut plus de paroles que la version officielle. Ça vaut définitivement le détour!


Photos en vrac (Aliocha)

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