Rétrospective 2010-2019

Rétrospective 2010-2019 | Nos 20 albums francophones canadiens préférés de la décennie!

La deuxième décennie des années 2000 tire à sa fin, et plutôt que de vous servir l’habituelle rétrospective des albums qui ont marqué notre équipe cette année, on a plutôt décidé d’y aller pour une rétrospective… de la décennie! Poursuivons avec le Top 10 des 20 albums francophones canadiens qui ont fait vibrer le coeur et les oreilles de notre équipe de rédaction.

5. Lydia KépinskiPremier Juin (2018)

« Poprock-indie-expérimental » ne définirait toujours pas suffisamment bien la musique de Lydia Képinski.  Les 8 chansons composant l’album Premier juin se distinguent très aisément et renferment chacune une histoire en soi, un style différent qui rend le tout si éclectique et charmant. Lydia Képinski s’est taillée une place auprès des enfants terribles de la musique québécoise (aux côtés d’artistes comme Hubert Lenoir et Klô Pelgag, qui se retrouvent d’ailleurs tous deux ci-bas…) en « voguant entre l’avant-garde et une sorte de nostalgie des années 80-90 » et « en proposant des spectacles impétueux et des paroles poétiques ». En écoutant Premier juin, force est d’admettre que Képinski maîtrise parfaitement les crescendos, rendant ses chansons, aux premières allures douces, curieusement provocatrices. Ceci transparait de manière flagrante sur Les balançoires et 360 jours. En espérant que ce premier album ne marquera que le début d’une longue et fructueuse carrière.

– Philippe Granger

4. Klô PelgagL’étoile thoracique (2016)

Klô Pelgag montre avant tout qu’elle fait de la musique pour elle, sans compromis. Ceci transparait par la singularité de ses paroles, pour lesquelles l’épithète « originales » serait un euphémisme. Encore jusqu’à l’été 2019 pensais-je que la chanson Samedi soir à la violence ne parlait pas d’alzheimer mais plutôt… d’un amour inconditionnel! Avec L’Étoile thoracique, Klô Pelgag s’amuse dans son univers, provoque l’auditeur par la diversité des instruments utilisées, par sa voix haute perchée mais aussi par le large éventail sémantique qu’elle explore. Pièce la plus éprouvante de l’opus, Apparition de la Sainte-Étoile thoracique se présente d’abord comme une longue variation de 10 minutes sur un même accord de piano, le tout teinté notamment d’extraits audio de la grand-mère de l’artiste. Une belle manière d’expliciter le passage du temps, et de prouver du même coup la magie et l’audace de Klô Pelgag.

– Philippe Granger

3. Hubert LenoirDarlène (2018)

Quel vent de fraîcheur que le premier album d’Hubert Lenoir! La scène musicale québécoise était en forme au début de 2018, mais force est d’admettre que la paon de Québec a su donner un méchant coup de pied au derrière d’à peu près tout le monde. Sur le coup, certaines mauvaises langues faisaient de longues histoire de son tatouage sur une fesse à La Voix ou de sa célébration, euh… excitante après avoir remporté un prix Félix. Mais au-delà des gros mots et des costumes flamboyants, il y a l’un des meilleurs auteurs-compositeurs-interprètes de sa génération. Dans 10 ans, on aura peut-être oublié son deep throat. Par contre, la trilogie Fille de personne restera la référence pour ouvrir un album en beauté. Darlène, c’est le son d’un artiste qui voit l’univers s’ouvrir à lui et qui décide de le frencher au complet.

-Estelle Grignon

2. Alaclair Ensemble4,99 (2010)

Aucun style de musique n’a subi une évolution aussi drastique lors de la décennie au Québec que le hip-hop. Dans les années 2000, le rap était souvent engagé, sérieux et, surtout, confiné à l’underground. C’est alors qu’est atterri, comme un ovni, le collectif Alaclair Ensemble. La plupart des membres avaient déjà beaucoup d’expérience sur la scène locale, mais lorsque KNLO, Eman, Robert Nelson, Maybe Watson, Claude Bégin se sont rassemblés, aidés du producteur Mash, le résultat était digne d’une autre planète.

Avec leur rap inventif, dansant, décalé et souvent franchement drôle, les membres d’Alaclair Ensemble ont jeté les bases d’une nouvelle avenue pour le hip-hop du Québec. À l’époque, on parlait de post-rigodon et de piu-piu pour décrire le style de musique. Aujourd’hui, le son et l’esprit de 4,99 a influencé tellement d’artistes de la scène qu’on a envie de parler de hip-hop, tout simplement, lorsque l’on revisite le projet neuf ans plus tard.

-Estelle Grignon

1. KarkwaLes chemins de verre (2010)

Karkwa a commencé sa carrière timidement au début des années 2000 et a terminé sur une note immense avec Les chemins de verre, dernier album de la formation culte. Si bien que le groupe est, à ce jour, le seul projet francophone à avoir remporté le prestigieux Prix Polaris, remis à l’album canadien de l’année. Sur cet album, Louis-Jean Cormier et sa bande multiplient les envolées musicales et lyriques. Même après dix ans, les détails se révèlent. Un petit feedback bien placé ici, un fragment de violon par-là, une harmonie vocale enfouie sous le mixage… Du feu de camp de Marie tu pleures aux expérimentations électroniques de La piqûre, de la délicate Dors dans mon sang au crescendo grandiose de 28 jours, l’album Les chemins de verre est parfait du début à la fin.

Si bien qu’il est difficile de trouver un véritable successeur à Karkwa. Certes, il y a eu d’autres projets qui ont valsé entre le folk et l’indie plannant. Mais jamais à la hauteur de ce qu’a fait Karkwa avec Les chemins de verre. L’album n’est vieux que de neuf ans et déjà, il mérite sa place au panthéon des grands albums de groupes québécois, entre deux disques d’Harmonium, probablement.

Estelle Grignon

Mentions honorables à :

  • Alaclair Ensemble – Les Frères Cueilleurs
  • Philippe Brach – Le Silence des troupeaux
  • Les Louanges – La nuit est une panthère
  • Dead Obies – Montréal $ud
  • Laurence-Anne – Première apparition
  • Le Kraken – De paille et d’or
  • Radio Radio – Belmundo Regal
  • Chocolat – Tss tss
  • Pierre Lapointe – Punkt
  • Oktoplut – Pansements
  • Avec pas d’casque – Astronomie
  • Galaxie – Tigre et Diesel

Écoutez notre playlist de nos albums franco-canadiens préférés de la décennie :

 

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