crédit photo: Pascal Leduc
P'tit Belliveau

P’tit Belliveau au Club Soda | Bons baisers de Baie Sainte-Marie

P’tit Belliveau était à la conquête de son quatrième Club Soda en moins de deux ans ce vendredi. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’auteur-compositeur-interprète acadien a complètement enflammé la foule à travers son répertoire varié et décalé.

Lisa LeBlanc, Les Hay Babies, plus récemment le groupe Peanut Butter Sunday : on le sait, la musique acadienne fascine les Québécois depuis de multiples années.

Des gammes répétées chauffent le public, pendant que les musiciens préparent leur matériel sous des « P’tit Belliveau » scandés par la foule et un écran projetant des graphismes de l’artiste.

Les images disparaissent, pour laisser place à P’tit Belliveau, et sa bande, sous une cape et un masque, en « mode gobelin ».

« Montréaaaal », crie-t-il d’emblée, coloré d’un accent acadien prononcé qui lui procure tant son charme, avant d’entamer L’eau entre mes doigts accompagné de son traditionnel banjo et d’applaudissements du public.

Alors que le masque loufoque de P’tit Belliveau l’empêche de correctement chanter, celui-ci l’enlève pour laisser place à son visage, multiplié à l’écran, et enchaîne avec Cool When Yer Old, tiré de son premier album, Greatest Hits Vol.1 – oui oui, c’est bel et bien le nom de son premier album! –, comme la précédente.

Profitant d’une pause entre deux morceaux, Jonah Guimond annonce qu’il s’avère « depuis un peu plus d’un mois » être un artiste indépendant, et partage à quel point il est touché de voir autant de personnes présentes dans un concert qu’il a produit lui-même.

Il continue ce segment en mentionnant sa page Patreon (une plateforme de soutien participatif), et cite les individus qui l’ont appuyé financièrement depuis son instauration.

 

C’est la fête

Des mosh pits apparaissent dès les premières minutes du concert (P’tit Belliveau viendra se joindre au parterre plus tard durant l’un d’eux). Si la foule se révèle dynamique, voire brutale à divers moments, ce n’est pas la même brutalité qui guide les membres du public du Club Soda que celle que l’on pourrait discerner à des événements comme Metro Metro, par exemple.

Ces personnes essaient toutes sortes de danses, s’embrassent, sautent ensemble : bref, on a droit à un Club Soda heureux, enjoué.

P’tit Belliveau continue dans son univers décontracté et sérieux à la fois, avec des morceaux comme Moosehorn Lake, 12 pièces en toonies, une vieille « pour les OG » de ses propres mots, ou encore le très populaire Les bateaux dans la baie.

Alors que l’écran alterne entre des images de sa Nouvelle-Écosse natale, des têtes de mort, des ours qui dansent, entre autres, Jonah Guimond se dit fier de présenter sa « brand new toune », avant de poursuivre sur Ej m’en fus, parue au début de la semaine. « Vous êtes les deuxièmes à l’entendre », confie-t-il, non sans cacher une certaine satisfaction.

Un penchant métal est entendu durant la reprise d’O Marie, « un style musical [qu’il] aime pour vrai », déclarait-il dans les pages du Devoir, et une participation de la foule également, sur Mon drapeau Acadjonne viens d’Taiwan (« Si y’a une personne qui chante pas, moi je vais à la maison direct, c’est fini », plaisante-t-il – à peine? –).

Troquant son banjo pour une guitare électrique au cours d’un segment du concert, l’un des musiciens de P’tit Belliveau répète le geste, mais avec un violon, offrant un solo endiablé et ayant pour effet d’installer une fête collective parmi tous durant plusieurs minutes.

« Oh my god », lâche P’tit Belliveau après cette séquence.

Oh que oui.

 

Un rappel étonnant

Le touchant J’feel comme un alien, Demain et RRSP/Grosse pièce clôturent la performance, alors que l’artiste promet que toute bonne chose a une fin, à part l’amour qu’il a pour son public, en suggérant à ce dernier de dire « je t’aime aux personnes à votre gauche et à votre droite ».

La foule se doute de l’existence d’un rappel, mais peut-être pas de son contenu.

L’omniprésent FouKi fait son apparition pour rapper, aux côtés d’un P’tit Belliveau désormais torse nu, sa chanson St-Han Quinzou, de son plus récent album Zayon.

L’artiste acadien prend ensuite place derrière la batterie, et laisse le micro à l’un de ses musiciens pour qu’il y interprète la chanson à répondre L’arbre est dans ses feuilles, non sans avoir omis l’action de faire baisser et remonter d’un seul coup le public durant le crescendo du texte.

P’tit Belliveau termine en définitive son quatrième Club Soda vers 23h avec J’aimerais d’avoir un John Deere, ainsi que l’incontournable Income Tax.

Derrière l’image d’un musicien rayonnant se cache pourtant le masque d’un clown triste : si l’on s’en tient uniquement à la musique et non aux textes de P’tit Belliveau, l’aspect pourrait être omis, malgré une profondeur réelle dans sa création.

Si certains, « ces gens de la ville » quelquefois sourcilleux, le manquent, tant pis pour eux, simplement.

Deux pour le prix d’une

L’auteure-compositrice-interprète N Nao, de son vrai nom Naomie de Lorimier, s’est chargée du premier segment de la première partie, à l’aide de deux autres musiciens.

« On invite à bien vous baigner avec nous », émet-elle d’emblée, alors que son univers semble visiblement tourner autour de l’élément de l’eau (son dernier projet s’intitulant L’eau et les r​ê​ves).

Installant rapidement une ambiance planante et singulière, il apparaît clair que N Nao ne compose pas dans la conformité. Expérimentations électroniques (samples), poésie, source d’éclairage se baladant dans la foule même, onomatopées et cris sous autotune: un univers extrêmement déroutant, mais dans cette foule d’artistes québécois parfois trop homogène, il est aisé avouer qu’on retrouve un aspect de fraîcheur dans cette création.

Tel l’art abstrait, deux écoles ressortent : certains y voient du génie, d’autres un ramassis de minutes gaspillées, toutefois, la musique de N Nao a le mérite de ne laisser personne indifférent.

D’un côté personnel, l’opinion du « trop c’est comme pas assez » se détache. Quelques minutes, on se retrouve transporté, emballé dans cette douce musique, mais un concert/album entier sans ligne directrice concrète, ça en devient vite lassant – en partageant un court parallèle, il est certain que Pink Floyd n’aurait acquis la même reconnaissance si l’entièreté de The Piper at the Gates of Dawn se révélait dans la lignée d’Interstellar Overdrive, malgré l’aspect légendaire du morceau –.

Suivant la musicienne et clôturant cette première partie, le trio punk No Waves enchaîne avec une performance propre et énergique, quoiqu’un tantinet trop longue.


Sam Sussman, Angel Parra Vela et Cyril Harvin Musgni chantent tour à tour, se déchaînent sur scène, et proposent au bout du compte un segment radicalement opposé à celui qui les précédait, le tout devant des images de Super Mario 64 et d’un chat persan projetées.

Divers mosh pits sont à dénoter durant la quasi-entièreté de la performance (incluant un sur une chanson d’amour, pas si douce!), alors que le trio lance leurs instruments et baguettes en quittant la scène, ceux-ci qu’ils maîtrisent assez bien pour leur jeune âge, il est nécessaire de le reconnaître.

 

Photos en vrac

No Waves (première partie)

N Nao

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